Interview. Bélinda Ayessa : « Le résultat que nous avons entre les mains est l’aboutissement d’un travail qui s’est poursuivi même après le colloque »

Samedi 7 Septembre 2019 - 12:45

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Les 2 et 3 octobre 2018, s’est tenu à Brazzaville le colloque scientifique international « Vie et existence dans le royaume Kongo ». Plus de sept mois après cette rencontre scientifique co-organisée par l’université Marien-Ngouabi et le Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, les actes de ce colloque viennent d’être publiés aux éditions Cheikh Anta Diop. Pour en savoir plus sur cet ouvrage, Les Dépêches de Brazzaville ont donné la parole à Bélinda Ayessa, marraine du colloque.

 

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Vous venez de faire publier les actes du colloque sur le royaume Kongo tenu au Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza en octobre dernier. Que pouvez-vous en dire ?

Bélinda Ayessa (B.A.) : Je tiens tout d’abord à exprimer ici ma profonde gratitude au chef de l’Etat, M. Denis Sassou N'Guesso, pour le soutien qu’il a toujours apporté à l’action culturelle de notre pays. Sans son implication personnelle, ce colloque n’aurait pas pu avoir lieu. En second lieu, je voudrais remercier le comité scientifique de ce colloque composé d’éminents professeurs de l’Université Marien- Ngouabi qui n’ont ménagé aucun effort dans l’organisation et la tenue de cette grande rencontre. La présence des délégations venues de la République démocratique du Congo, de l’Angola et du Gabon, ainsi que celle des membres du corps diplomatique a donné à l’événement un rayonnement remarquable.

Cet ouvrage publié est la suite logique qu’il convenait de donner aux assises dont vous parlez. L’enjeu de ce colloque, déterminé par la spécificité du thème, « Vie et existence dans le royaume Kongo », visait à ouvrir la réflexion sur un sujet qu’il fallait traiter avec rigueur et compétence. Voilà pourquoi nous y avons mis les moyens nécessaires et avons sollicité la contribution d’universitaires et autres hommes de culture. Avoir choisi de les publier aux Editions Cheikh Anta Diop est, là aussi, un symbole quand on sait ce que représente ce savant sénégalais dans l’historiographie africaine.

L.D.B. : Après tous ces mois, on aurait pu penser que le colloque passé, tout était fini.

B.A. : Le résultat que nous avons entre les mains est l’aboutissement d’un travail qui s’est poursuivi même après le colloque. C’est la promesse que j’avais faite. Une fois les rideaux du colloque tombés, le travail de préparation des actes allait de soi, en se disant bien que  « le silence qui suit Mozart, c’est encore de la musique ». Il est d’usage que les échos de tels échanges ne se perdent pas dans les fluctuations du temps qui passe. La fin du colloque ouvrait une autre étape, celle de la diffusion et de la promotion de tout ce qui a été dit et qui doit atteindre un public plus large. Grâce à la coordination scientifique de cet ouvrage menée par les Prs Charles Zacharie Bowao, Abraham Constant Ndinga Mbo et Dominique Ngoie-Ngalla, que je remercie sincèrement, nous avons un ouvrage de haute facture.

L.D.B. : Un point important, ici, c’est que l’ouvrage est publié en deux langues, le français et l’anglais. Quelle ambition !

B.A. : Cette ambition est à la mesure du sujet abordé. C’est, pour nous, une manière de viser une zone d’expression plus grande et, peut-être, de nous ouvrir aux possibilités qu’offre la société contemporaine dans le renforcement des échanges entre cultures, entre institutions.

L.D.B. : Ce livre, que vous avez eu l’honneur de préfacer, est très volumineux, près de six cents pages. C’est un travail intense ; et le résultat est impressionnant.

B.A. : Il s’agit des « actes », c’est-à-dire de ce qui a été fait durant ce colloque. Nous avons pu y suivre près d’une cinquantaine d’interventions réparties en quatre thèmes, embrassant quasiment tous les aspects de la vie dans le royaume Kongo. Comme je l’ai souligné dans la préface, le sujet est abordé selon des approches philosophiques, anthropologiques, sociologiques et politiques. Le ton est, d’ailleurs, donné par la magistrale conférence inaugurale prononcée par le Pr Théophile Obenga sur « L’anatomie du pouvoir au royaume Kongo ». C’est à la lumière de cette conférence que l’on comprend mieux les problématiques des contributions contenues dans l’ouvrage.

L.D.B. : Peut-on dire que c’est un pari gagné ? Vous avez lié l’acte à la parole !

B.A. : Il n’y avait pas de pari en tant que tel. Mais il aurait été dommage de laisser la richesse et la variété de ces interventions sans aucune trace pour la postérité. C’est vrai que pour y parvenir, il nous a fallu garder la même détermination et le même enthousiasme que durant l’étape préparatoire de ce colloque. Vous connaissez bien les exigences du travail d’édition et, maintenant, celles de la diffusion et de la promotion.

L.D.B. : Cette grande expérience d’échange d’idées laisse-t-elle augurer d’une autre dans l’avenir ?

B.A. : Certainement. Des projets existent. Nous sommes en train de peaufiner leurs conceptions et, naturellement, le public sera informé en temps opportun.

L.D.B. : Personne ne pouvait imaginer, il y a encore quelques années, que le Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza aurait eu un tel déploiement dans l’espace culturel de notre pays.

B.A. : Effectivement, dans le passé, il y eut quelques sceptiques, pour dire le moins. Puis vint le temps du regard curieux. Aujourd’hui, le Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza se situe à un niveau de fonctionnement dont la visibilité reconnue en indique aussi la place dans l’espace culturel du Congo, et même au-delà. Pour y arriver, il n’a pas seulement fallu convaincre dans le débat médiatique. Le travail qui a consisté à donner un contenu réel, avec une plage d’activités diverses et variées, tout en respectant la dimension mémorielle en relation avec la figure de Pierre Savorgnan de Brazza : voilà la marche que nous avons suivie depuis plus de dix ans. Nous sommes heureux d’en recueillir quelques fruits aujourd’hui.

L.D.B. : En somme, vous continuez de tracer le sillon ?

B.A. : Les perspectives qu’offrira le second module du Mémorial actuellement en phase d’achèvement ouvrent justement des possibilités de créativité et de redynamisation de nos activités. Plus que jamais, nous devons maintenir le cap, dans la patience et la détermination qui sont, à mon avis, les meilleurs appuis de ce qui se fait avec passion.

Propos recueillis par Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Bélinda Ayessa, directrice générale du Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, marraine du colloque scientifique sur le royaume Kongo Photo 2 : La couverture de l’ouvrage

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