Interview. Fidèle Babala : « Félix Tshisekedi a pris une décision courageuse »

Jeudi 17 Décembre 2020 - 17:35

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Réagissant dans un entretien accordé au Courrier  de Kinshasa sur le discours du président de la République devant le congrès, Fidèle Babala, haut cadre du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba a, de manière ouverte, donné la position de son parti sur la situation politique congolaise.

Le Courrier de Kinshasa (LCK) : Fidèle Babala, vous avez certainement suivi le discours du président de la République. Quelles sont vos impressions ?

Fidèle Babala (FB) : Je crois qu’il y a eu alternance en 2019 à la suite des élections tenues en 2018. De tous les discours que Félix Tshisekedi a eu à tenir, celui du 6 décembre est le premier dans lequel on le retrouve dans une posture de chef de l’Etat. Tout simplement parce que le pays était pris en otage par un groupe d’individus par le biais d’un fameux deal dont nul ne maîtrise les tenants et les aboutissant.  Donc, il fallait une décision courageuse pour libérer le pays. Je crois que c’est chose faite. Et ce qui se passe à l’Assemblée nationale est un signal fort.

LCK : En quoi ce qui se passe à l’Assemblée nationale serait un signal fort alors que ce n’était qu’un ras-le-bol exprimé par des députés face aux membres du bureau ?

FB : Il faut savoir lire les lignes de l’histoire et se mettre aussi dans le sens de l’histoire. Ce qui s’est passé à la chambre basse du Parlement n’est pas une requalification de la majorité, comme d’aucuns peuvent le penser. Mais c’est plus un indice pour dire que la majorité est fiable. La majorité serait solide, leur bureau n’allait pas tomber. Je vous rappelle que d’après les indications de la dernière élection, le camp du Front commun pour le Congo (FCC) avait obtenu plus d’élus au sein de l’hémicycle. Cette pétition est venue non pour démontrer que les gens ont redecouvert la conscience collective qu’ils avaient hier mais plutôt le sens du courage pour se défaire des ordres et du dictat de la fameuse autorité morale.

LCK : Depuis 2015, les Congolais étaient habitués à ne passer que des fins d’années rouges. Ce bras de fer engagé entre les deux partenaires n'est-il pas un retour à la case de départ ?

FB : C’est difficile de revenir à la case de départ quand on est au fond du trou. La seule alternative possible est de se mettre à chercher un moyen pour remonter à la surface. Je crois que ce qui se passe actuellement est un motif d’espoir pour le pays dans le sens où on est tombé trop bas. On a banalisé un bon nombre de choses, même la violence récurrente qu’il y a dans l’Est, on a tendance à la banaliser alors qu’il s’agit de la vie de la nation. On ne peut pas accepter cela. Nous devons mettre fin à cette violence devenue endémique dans l’est du pays.

LCK :  Après le discours tant attendu du président de la République,  quelle est la position actuelle du MLC ?

FB : Je vais vous faire redescendre puis que vous êtes suspendus en l’air et que les lois de la pesanteur ne vous le permettent pas. Ce sont des préoccupations que tout le monde partage quand on parle de la paix dans l’Est, de la gouvernance, de la démocratie. Bref ce sont des constats que toute personne normalement constituée et moyennement intelligente en termes de bon père de famille doit pouvoir percevoir. Ce n’est parce que nous sommes le MLC que quand une chose est bonne, on doit le nier.  Non, nous partageons cela et nous le partageons si bien que nous disons : ce sont des obstructions au développement de notre pays. Si vous avez bien lu le communiqué, c’est le terme qui transparaît au dernier paragraphe pour dire que nous souscrivons aux préoccupations soulevées par le chef de l’Etat.

LCK : Est-ce une manière de dire que vous adhérer à l’Union sacrée ?

FB : Mais qui a défini l’Union sacrée ? Qui en a défini les termes ? Idéologiquement peut être ? Quelle est l’idéologie qui est portée par l’Union sacrée ? Je vous dis que nous sommes des libéraux. En ce qui nous concerne, je ne suis pas le porte-parole des autres partis politiques, mais il y a un minimum qui doit nous fédérer tous. Nous sommes nantis d’un cerveau qui fonctionne et nous devons nous réunir pour le Congo.

LCK : Jean Pierre Bemba pressenti Informateur ?

FB : C’est vous qui le dites. Je ne répondrai à la question. Je n’ai pas une boule de crystal.

LCK :  A ce qu’il parait que sa garde a été renforcée, des militants du MLC ont été aperçus aux côtés de ceux de l’Union pour la démocratie et le progrès social au niveau de l’Assemblée nationale. Une marche de soutien aux consultations du chef de l’Etat qui était organisée par le MLC/Mbandaka a été empêchée, ajoutée à cela le communiqué signé par lui-même. Ne sont-ils pas des éléments qui présagent un tel acte ?

FB : J’aimerais restituer l’histoire du renforcement de la garde dans son état réel. Je ne sais par quelle magie ce message qui est censé être secret-défense s’est retrouvé dans les réseaux sociaux. D’abord, quand vous le lisez bien, ce message était destiné au responsable de la logistique ; il n’était pas question de renforcer en nombre puisqu’il a déjà une garde à Gemena en tant qu’ancien vice-président de la République. Je ne vous donnerai pas le nombre. Le message demande qu’on donne quatorze  Kalachnikov et des munitions qui vont avec. C’est pour Gemena et non pour Kinshasa.

 

LCK : Qu’en est-il de la coalition Lamuka, puisque le MLC semble faire cavalier seul ?

FB : Je ne suis pas de Lamuka : c’est Jean-Pierre Bemba qui est membre. moi, je suis du MLC et je ne peux parler que de mon parti.

Christopher Khonde

Légendes et crédits photo : 

Fidèle Babala/DR

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