Italie : la crise frappe encore plus durement les immigrés

Vendredi 19 Juillet 2013 - 19:30

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Selon un rapport récent, plus de 14% des immigrés en situation régulière en Italie sont désormais au chômage du fait de la crise économique

Il ne faisait guère de doute que la crise économique et financière déclenchée en 2008 aurait des répercussions sur la population des immigrés. Généralement employés dans les métiers non qualifiés les plus humbles, les immigrés payent un lourd tribut à une situation qui, de la Grèce au Portugal en passant par l’Espagne, voit des économies naguère florissantes baisser drapeau devant la rigueur. Les signes les plus visibles du marasme sont à lire dans la baisse des flux de transfert d’argent des immigrés vers leurs pays d’origine, un secteur pourtant particulièrement dynamique l’an dernier.

Un rapport publié la semaine dernière par le ministère italien du Travail indique qu’actuellement quelques 385 000 étrangers sont sans emploi dans la Péninsule, alors qu’ils étaient 220 000 en 2008 au début de la crise déclenchée aux États-Unis par la crise des subprimes. Alors que la moyenne nationale italienne du chômage se situe à 12%, chez les immigrés elle a explosé à 14,1% cette année.  « La situation s'aggrave avec la crise, qui se traduit par une augmentation du nombre de demandeurs d'emplois et une baisse du nombre d'emplois disponibles », souligne Antonio Marzano, président d’un organisme d’études de données statistiques.

Le rapport a été présenté au beau milieu de la polémique autour de remarques racistes du vice-président du Sénat, Roberto Calderoli, qui a comparé à un orang-outang la ministre de l'Intégration, Cécile Kyenge, première ministre noire en Italie. Pourtant il est relevé le rôle essentiel de l’immigration dans la relative bonne tenue de l’économie et, surtout, de la démographie italiennes. Le rapport montre que les immigrés qui ont un travail occupent des emplois mal payés et peu qualifiés.

Ils représentaient 34% des travailleurs peu qualifiés en 2012, contre 29% en 2008, et sont aussi de plus en plus surqualifiés pour la fonction qu'ils occupent. En outre, les écarts de salaire entre les Italiens et les étrangers se creusent davantage. À qualification égale, un immigré continue de gagner 868 euros (environ 569 000 FCFA) contre 1 304 euros (854 000 F CFA) pour les Italiens en moyenne. Le ministre du Travail, Enrico Giovannini, estime que « les travailleurs immigrés sont désavantagés en partie aussi parce qu'en Italie la moitié des emplois se trouvent par des connaissances personnelles ou des contacts ».

Lucien Mpama