Italie : le président Giorgio Napolitano a démissionné

Jeudi 15 Janvier 2015 - 18:16

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C’est toute l’Italie, l’Europe et le Vatican qui ont unanimement salué le sens aigu de l’Etat qui a caractérisé le président italien sortant.

Personnalité peu exposée à la gloire des médias et cantonnée dans le rôle de gardien de la constitution, le président en Italie démontre la nature essentielle de sa fonction pendant les crises politiques. Et l’Italie, en la matière, n’est pas la dernière venue dans un pays où des gouvernements n’ont par exemple duré que le temps de les annoncer. Giorgio Napolitano, communiste, a été appelé à cette fonction en 2006. Et faute de consensus au sein de la gauche, sa classe politique d’appartenance, en 2013,  avait accepté de redonner deux années de sa vie à la nation pour que les politiques parviennent à s’entendre.

Le résultat est une entente, impensable il y a seulement quelques années, pour un gouvernement où cohabitent hommes et femmes de gauche (la majorité), de centre-droit (aile Berlusconi), de dissidents de droite (du ministre de l’Intérieur Alfano), d’indépendants et de membres de la société civile. Un bric-à-brac qui a pourtant fini par produire plus de résultats dans les réformes que les analystes ne l’auraient parié ! La fougue et le volontarisme du jeune Premier ministre Matteo Renzi (40 ans à son entrée en fonction en février de l’an dernier) ont mené cet attelage au point qu’à 89 ans, Giorgio Napolitano, estime devoir enfin se retirer.

Il a donc présenté sa démission au président du Sénat mercredi. La course à sa succession est désormais lancée. D’ailleurs l’assemblée des « grands électeurs »,  députés, sénateurs et 58 représentants régionaux chargés de désigner le prochain chef de l'Etat, a été convoquée pour le 29 janvier. Une majorité des deux tiers des 1.009 « grands électeurs » est requise lors des trois premiers tours, puis la majorité simple à partir du 4ème tour pour élire le président en Italie.

Le Parti démocrate (PD) du chef du gouvernement Matteo Renzi, dispose d'un minimum de 415 sénateurs et députés, auxquels s'ajoutent plusieurs dizaines d'alliés. Mais en 2013, plus d'une centaine de membres du PD avaient refusé de voter pour leur ancien chef Romano Prodi, suscitant la surprise dans le pays et l’amertume de celui-ci au point qu’aujourd’hui il refuse ne serait-ce que de figurer parmi présidentiables.

Théoriquement, un accord avec l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi sur une personnalité soutenue par le PD est toujours possible. Mais un tel scénario, relevant de l’idéal, n’a que peu de chance de tenir la route, une partie du PD considérant l’encombrant allié Berlusconi comme « un mal nécessaire » mais  pas du tout un incontournable obstacle. L’homme qui annonce vouloir reprendre en main son parti Maisons des Libertés ou une nouvelle formation politique en mars est malgré tout considéré comme sur le déclin.

Parmi les noms qui circulent comme successeurs possibles de M. Giorgio Napolitano arrive bien loin devant d’autres figures M. Romano Prodi qui refuse de s’engager. Mais il y a aussi l'ancien chef du gouvernement Giuliano Amato, l'ancien maire de Rome Walter Veltroni, les ministres Pier Carlo Padoan (Economie) ou Roberta Pinotti (Défense). Est également citée l'ancienne commissaire européenne Emma Bonino qui a dit ne pas être en mesure de tenir le rôle car souffrant d’un cancer du poumon. Aucun de ces noms ne fait l’unanimité dans l’opinion.

La figure de M. Napolitano s’est imposée tout au long de ces 18 dernières années comme président de la sage Italie. Il est devenu l’interlocuteur des grands leaders. Athée, il a pourtant su nouer une relation de complicité avec le pape François, le Souverain étant presque considéré comme l’autre grand dirigeant de l’Italie. D’ailleurs, celui-ci a réagi dès l’annonce de cette démission en adressant, depuis le Sri Lanka où il se trouvait mercredi, un télégramme soulignant la « personnalité éclairée et sage » d’un homme qui a « contribué à renforcer dans la population les idéaux de solidarité, d'unité et de concorde ».

Lucien Mpama