Italie : « Vu compra, terme raciste ? Quelle hypocrisie ! »

Samedi 16 Août 2014 - 11:36

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Le ministre italien de l’Intérieur se défend de tout racisme contre les vendeurs à la sauvette. 

« Une tempête dans un verre d’hypocrisie » : c’est ainsi que s’est défendu le ministre italien de l’Intérieur jeudi devant les attaques d’une partie de la presse et de la classe politique indignée par son emploi de l’expression « hordes de Vu-compra », pour désigner les vendeurs ambulants. Angelino Alfano ne s’est pas formellement excusé ; il a plutôt contre-attaqué, renvoyant la balle dans le camp de ses contempteurs.

« Il n’y a aucune connotation raciste dans l’expression ‘Vu-compra », a dit le ministre.  « J’ai entendu des éditoriaux à la saveur nauséabonde et hypocrite. Nous défendons le savoir-faire italien, le ‘Made Italy’ contre la contrefaçon parce que si nous ne le faisons pas, cela équivaudrait à punir les entrepreneurs italiens qui payent leurs taxes ». Et puis alors, a-t-il demandé, « comment faudrait-il appeler les revendeurs, des ‘vendeurs irréguliers sur les plages’ ? C’est une expression qui n’a de sens que pour les hypocrites » !

Des élus de gauche ont aussitôt voulu rappeler au ministre que les paroles peuvent aussi être des armes. « D’un ministre de l’Intérieur, nous nous attendions à beaucoup plus de prudence et d’attention », a par exemple souligné Edoardo Patriarca, député membre du Parti démocratique (PD), le parti de la majorité de gauche. « Le populisme ne mène nulle part. Le phénomène des revendeurs ambulants doit être combattu à partir des industries clandestines de contrefaçon, pas en insultant les pauvres hères de revendeurs », a-t-il dit.

La police financière italienne a annoncé mercredi avoir démantelé dans la région de Naples « un véritable complexe industriel de fabrication de fausses marques de luxe, comprenant un atelier, un magasin et 120.000 articles de luxe imités à la perfection ». Ce sont de tels ateliers qui fournissent les revendeurs clandestins, souvent des Sénégalais, auxquels la police fait les plages et sur les places touristiques comme autour de la Place Saint-Pierre de Rome.

Lucien Mpama