Itie : les radios communautaires du Sud-Kivu créent une plate-forme

À la suite de leurs confrères de certaines provinces du pays, notamment le Kongo central et le Katanga, que les délégués des radios communautaires du Sud-Kivu, membres du Réseau des radios et télévisions de l’est du Congo (Rateco/Sud-Kivu), ont pris des engagements et émis des recommandations en vue de faciliter le travail des professionnels des médias dans la dissémination des rapports Itie. C’était à l’issue de l’atelier de renforcement des capacités sur l’Initiative de la transparence dans les industries extractives(Itie) organisé du 08 au 11 septembre à Bukavu, chef-lieu de leur province.

Les participants à ces assises ont, en effet, constaté que la province du Sud-Kivu est dotée d’immenses potentialités en ressources naturelles, notamment minières, qui sont exploitées principalement de manière artisanale, alors que la population de ladite province ne jouit pas des retombées de cette exploitation, qui affectent négativement sa vie quotidienne. Ils ont également souligné que des cités et villages de la province du Sud-Kivu (Twangiza, Misisi, Lugushwa, Mukungwe, Kamituga, Shabunda/centre, Kazozola, Bungembe, Baliga, etc.) sont négativement affectés par les activités des industries extractives (pollution de l’eau et de l’air, délocalisation…) sans que les autorités nationales et provinciales ne prennent des mesures pour protéger la population, alors que ces dernières protègent plus les intérêts des exploitants et entreprises telles que Banro et Casa Mineral au détriment des populations.

Ces délégués des radios communautaires ont aussi noté qu’il n’y a pas, au niveau provincial, de mécanisme pour faire participer les communautés locales au débat sur la gestion des revenus générés par l’exploitation minière et que les populations du Sud-Kivu ne sont pas informées sur l’Itie, seul mécanisme capable de faciliter leur participation à la gouvernance des industries extractives. Ils faut, cependant, déploré que sur l'ensemble des journalistes participants à cet atelier, seuls trois avaient déjà entendu parler de cette initiative.

Pour les participants à ces travaux, ce manque d’informations sur l’Itie tant pour les populations que pour les journalistes des radios communautaires du Sud-Kivu ne contribuait pas à la promotion de la transparence et de la redevabilité dans le secteur extractif de cette province. Mais certains professionnels des  médias et acteurs de la société civile, qui dénoncent le manque de transparence dans le secteur extractif minier, sont victimes de menace de la part des autorités locales ou des services de sécurité. C’est donc pour renforcer la transparence et  la redevabilité dans cette province qu’ils ont appelé à la vulgarisation de l’Itie à la base. Ce qui permettrait aux communautés, ont-ils pensé, de s’impliquer dans les débats publics sur ce processus.

Pour atteindre les objectifs fixés, les participants à ces assises ont notamment pris l’engagement de créer une synergie qui regroupe tous les journalistes formés et engagés dans le processus Itie, de vulgariser le processus Itie à travers la production et la diffusion  des émissions radiophoniques participatives, de restituer la formation reçue auprès de la base et dans leurs organes respectifs et de soutenir les plaidoyers des organisations de la société civile sur la transparence et la redevabilité dans le secteur extractif. Les délégués des radios communautaires ont également décidé de produire et diffuser des émissions en rapport avec les sept thèmes sélectionnés pendant l’atelier, de produire et diffuser d’ici le 30 septembre une  émission selon les thèmes retenus, de faire participer les communautés locales dans les émissions radiophoniques à réaliser, de produire et diffuser des émissions spécifiques sur l’Itie et d’être disponible pour  travailler avec les partenaires engagés dans l’Itie.

Ils ont, par ailleurs, recommandé au comité exécutif de l’Itie/RDC de veiller au respect de la norme Itie par la RDC, en garantissant la sécurité des journalistes des radios communautaires qui animent des émissions sur l’Itie et ou sur les ressources naturelles et de mettre en place des mécanismes  innovateurs pour la vulgarisation de l’Itie au niveau des communautés locales.

Changement des comportements des autorités

Selon les participants à ces travaux, l’atteinte des objectifs passe également par le changement des comportements des autorités tant du pays que de la province, notamment envers les professionnels des médias qui travaillent dans ce secteur des industries extractives ou des ressources naturelles. C’est dans cette optique qu’ils ont exhorté les gouverneurs de provinces et les responsables des services de sécurité à s’abstenir de toute menace à l’égard des medias et des acteurs de la société civile qui dénoncent l’absence de transparence dans la gestion du secteur minier au Sud-Kivu.

Ils sont, par contre, sollicité de la Coalition Publiez Ce que Vous Payez de multiplier des ateliers de formation des journalistes membres de CRCSKI sur les questions liées à la gouvernance des industries extractives; de l’éthique et la déontologie des journalistes congolais; la législation congolaise relative aux secteurs miniers; la Responsabilité sociétale des entreprises , la lecture et la compréhension d’un rapport Itie ainsi que la conception et réalisation d’une émission relative à l’Itie. Cette structure est également appelée à mettre régulièrement les rapports Itie à la disposition des radios communautaires pour la dissémination auprès des communautés locales, à appuyer le Rateco avec les moyens matériels et financiers pour améliorer le travail des radios communautaires. Alors qu’au Rateco/Sud-Kivu, ils ont sollicité le renforcement du partenariat avec la Coalition Publiez Ce Que Vous Payez et avec les autres partenaires impliqués dans la mise en œuvre de l’Itie et à garantir la sécurité des journalistes membres du Rateco/Sud-Kivu engagés dans le processus Itie.