Jean Christophe Okandza : « Notre stratégie aujourd’hui est celle de la croissance, de l’emploi et de la réduction de la pauvreté »

Vendredi 24 Octobre 2014 - 13:30

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Le Congo a élaboré des documents de stratégie pour éliminer la pauvreté. Au sortir de la célébration de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, dont les activités ont été tenues à Ouesso, dans le département de la Sangha, le Directeur général du Plan et du Développement, Jean Christophe Okandza s'est entretenu avec Les Dépêches de Brazzaville. Comment à travers le Plan national de développement sortir les populations congolaises de la précarité ? Telle est la trame de cet entretien exclusif.

Les Dépêches de Brazzaville : Il y a 11 ans que le Congo célèbre la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Quelles sont les réelles motivations derrière cette journée internationale ?

Jean Christophe Okandza : L’initiative est internationale. Notre pays le Congo est un pays sous-développé. Nous avons encore un nombre élevé de pauvres. Nous célébrons donc cette Journée avec les Nations unies. Depuis que le président Denis Sassou N’Guesso a lancé le processus de municipalisation accélérée en 2004, nous avons épousé l’idée d’arrimer la célébration de cette journée dans le chef-lieu du département qui abrite la fête nationale. Cette année, nous sommes à Ouesso parce que la fête nationale sera célébrée ici à Ouesso, dans le département de la Sangha.

Vous évoquez la célébration tournante de cette journée. Cependant les préoccupations des populations sont-elles les mêmes ? À court terme qu’envisage le gouvernement ?

À court et à moyen terme les solutions sont les mêmes sur la pauvreté. Le président de la République revient longuement sur la préoccupation qui s’exprime notamment par l’emploi et le revenu. C’est pour cela qu'en 2002, avec la Nouvelle Espérance, il a stabilisé la paix dans le pays et, dès 2003, renoué avec la communauté financière internationale. Ce qui permit au Congo d’atteindre le point de décision en 2006. La correction des imperfections sur les données statistiques a été réalisée par deux enquêtes : l’enquête économique auprès des ménages (ECOM) et l’enquête de démographie et de santé (EDS Congo). Depuis 2008, le gouvernement a conclu un programme avec les institutions internationales financières et élaboré le document de Stratégie de réduction de la pauvreté 2008-2010. La Nouvelle Espérance nous a conduits à un niveau d’espoir avec l’atteinte du point d’achèvement en janvier 2010. Ce qui nous a permis d’avoir un certain avantage substantiel en la réduction de la dette qui étranglait le développement de notre pays. Résolu de passer de l’espoir à la prospérité, le Chemin d’Avenir nous a conduits à la 2ème génération du DSRP manifesté dans le Plan National de Développement (PND), document qui opérationnalise le Chemin d’Avenir. Deux fondamentaux agrémentent la nouvelle stratégie de développement qui, au-delà de la simple réduction de la pauvreté prônée en 2008-2010, y ajoute la croissance et l’emploi. La stratégie est désormais celle de la croissance, de l’emploi et la réduction de la pauvreté.

Une croissance soutenue par le pétrole seul…

La croissance peut être aléatoire, du fait qu’elle soit entrainée par les mouvements pétroliers. La Nouvelle Espérance opérationnalisée par le Plan National de Développement se focalise sur la modernisation et l’industrialisation de l’économie congolaise. De ce fait, la diversification de l’économie congolaise paraît incontournable. Cette diversification entretenue par les grappes changera, je le pense, la configuration de la croissance congolaise et crééra la diversification de nombreux emplois. Ce qui apportera la différence souhaitée entre la 1ère et la 2ème stratégies.

À quel niveau se situe la pauvreté aujourd’hui au Congo ?

En 2005, à la faveur de la réalisation de l’ECOM 1 et de l’EDS Congo 1, le niveau de pauvreté était de 50,7%. Cependant, la réponse de la même enquête en 2011, ECOM 2 et EDS Congo 2, situe ce niveau de pauvreté à 46,5%. Il sied cependant de remarquer que la pauvreté s’est plus dégradée au niveau rural qu’urbain. En milieu rural, elle a atteint 74% ».

Qu’est ce qui justifie cette aggravation de la pauvreté au niveau rural ?

La municipalisation accélérée que le président de la République a entamée a donné un autre élan au niveau de l’urbanisation. Et finalement s’est créé un autre problème. Les ruraux qui étaient dans les villages sont obligés de sortir pour venir dans ces villes nouvellement créées. C’est pour cela que notre problème aujourd’hui est de terminer cette séquence d’urbanisation que nous achèverons avec la Bouenza en 2016 pour créer prochainement des conditions d’accompagnement économique de cette urbanisation. Il s’agit de créer des emplois pour que les revenus soient augmentés et baisser le niveau de pauvreté au Congo.

Le thème de cette année voudrait associer les populations pauvres à la prise des mesures nécessaires de réduction de la pauvreté. Comment procéderiez-vous ?

Le schéma est très simple. Nous avons élaboré sept grappes dans le PND. C’est en déroulant ces sept grappes que nous assurons la politique de diversification de l’économie congolaise. Le contact avec les populations est permanent. Par exemple dans la Sangha où il y a la forêt, des terres et des sites touristiques. Bois et forêts, agriculture et agroalimentaire, tourisme et hôtelleries que nous pouvons dérouler pour assurer une meilleure diversification dans le département.

Et pour finir…

Continuer l’événement. D’année en année nous essayons d’améliorer notre répertoire. Ce que hier en 2013 nous avons fait à Sibiti, nous l'avons certainement fait mieux à Ouesso et demain à Madingou nous améliorerons ce que nous avons fait ici. Nous traduisons ainsi la politique du président de la République : celle d’amener le Congo à l’émergence d’ici à 2025. 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Jean Christophe Okandza