Jifa : progrès et défis

Lundi 3 Août 2020 - 13:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le continent noir a fêté, le 31 juillet, la Journée internationale de la femme africaine (Jifa). Des inégalités s'effacent lentement en restant ancrées dans la société.

Alors que l’Afrique se libère à peine de l’emprise de la colonisation, des femmes venues de tout le continent se réunissent le 31 juillet 1962, à Dar es-Salam, en Tanzanie, pour créer ce qui deviendra l’Organisation panafricaine des femmes, dont l'objectif était de contribuer à leur émancipation. De ce rassemblement naîtra la Jifa.

Rwanda : 61% des députés sont des femmes

En 2020, les Africaines sont logiquement mieux représentées en politique, notamment dans les parlements nationaux. La Namibie, l'Afrique du Sud et le Sénégal sont dans les premières places du classement mondial - plus de 43% des députés sont des femmes, contre 39% en France. Le champion dans le monde depuis 20 ans est le Rwanda avec ( 61% à l’assemblée), mais personne n'en parle. Ce qui traduit à la fois une volonté politique, et le reflet d’une réalité sociale. Les deux tiers de la population était de sexe féminin après le génocide en 1994. Des contrastes continuent sur le continent. En bas de l’échelle, figurent le Nigéria, le Soudan, l’Érythrée, le Bénin ou encore la Gambie où moins d’un député sur dix est une femme. C' est aussi le cas en portefeuille ministériel. Au Maroc, le gouvernement compte par exemple vingt hommes pour quatre femmes.

Lois progressistes, mentalité patriarcale

Les lois ne font pas tout face à des inégalités de genre parfois enracinées dans les mentalités. C'est le cas en Côte d’Ivoire, où la constitution consacre l'égalité entre homme et femme, mais la société reste profondément patriarcale. Les lacunes sont frappantes dans les domaines de la santé, du mariage des mineurs et des violences domestiques. D’après un rapport de l’ONU en 2017, 125 millions de femmes africaines ont été mariées avant l'âge de 18 ans. Une sur trois est concernée par les violences de genre.

La polygamie critiquée mais toujours pratiquée

En Afrique du Sud, le taux de violences contre les femmes est, selon Amnesty International, cinq fois plus élevé que la moyenne mondiale. Le président Ramaphosa en a fait une cause nationale. Au Sénégal, les autorités religieuses sunnites considèrent la polygamie comme une "injustice" pour les femmes, mais la pratique reste légale et courante (un foyer sur trois).
Pour le secrétaire général de l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS), Georges Rebelo Pinto Chikoti,  la Journée panafricaine de la femme reconnaît les efforts de toutes les femmes du continent africain et de la diaspora, qui contribuent à la création d'un monde meilleur, en particulier pendant cette pandémie mondiale sans précédent de la Covid-19. 

"En ce jour, nous reconnaissons le rôle essentiel que les femmes continuent de jouer dans notre vie quotidienne et nos moyens de subsistance, en particulier alors que nous aspirons à atteindre l'Objectif de développement durable (ODD) 5'', a-t-il déclaré. Ajoutant: '' Il est donc impératif de renforcer activement la voix, les contributions et la visibilité des femmes dans l'élaboration de nos futurs programmes de coopération au développement avec nos partenaires de développement qui visent à réduire la pauvreté, à promouvoir l'esprit d'entreprise et le développement durable".
Il a réaffirmé le soutien des engagements pris par les chefs d'Etat et de gouvernement, au 9e Sommet de l'OACPS , tenu à Nairobi, au Kenya, dans la Nairobi Nguvu Ya Pamoja.

Noël Ndong

Notification: 

Non