Journée internationale des volontaires : le volontariat des jeunes en RDC passé au crible

Lundi 11 Décembre 2017 - 13:00

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Le sujet était au centre du séminaire national organisé les 8 et 9 décembre, au Campus numérique francophone de Kinshasa (CNF) autour de soixante-dix délégués de quelques provinces du pays.

Le Pr. Jean-Paul Yawidi parlant au côté d’Elodie Bamowongo (extrême droite)Les travaux devront servir à « donner des orientations sur un modèle de fonctionnement du concept de volontariat des jeunes en RDC », disait Alain Makuta à l’ouverture au Courrier de Kinshasa. Le coordonn ateur national du Corps des jeunes volontaires (CJV) a soutenu que le séminaire tenu autour de la célébration de la journée internationale des volontaires serait nourri de réflexions avec les soixante-dix participants. « À travers nos cogitations avec les délégués des provinces et de Kinshasa, nous comptons faire des propositions pour un cadre institutionnel pouvant orienter les actions dans le cadre des concertations des actions des volontaires à travers tout le pays », a-t-il précisé.

Dans les détours de cette rencontre de portée nationale, il a été abordé des sujets liés aux réalités et contextes de vie des Congolais. En effet, considérant que « le volontariat est un concept permettant le développement de la personnalité des jeunes, la découverte de soi, les échanges culturels et en même temps une opportunité d’emploi », Alain Makuta a pensé qu’il y a un préalable obligatoire avant de s’y lancer de manière efficiente. « Avant toute chose, nous devons d’abord transformer l’homme. Le Congolais a besoin de l’être, les jeunes en particulier », a-t-il dit au Courrier de Kinshasa.

Cette affirmation a trouvé un large écho dans l’intervention du Pr Jean-Paul Yawidi qui l’a bien entérinée à travers un argumentaire fondé sur son Procès de la société congolaise. S’appuyant sur son ouvrage ainsi intitulé, il a, de manière critique et objective, évoqué le grand problème du Congolais qui, à son avis, tient au fait « qu’il n’a pas connu un bon développement de sa personnalité ». Le scientifique a dès lors souligné : « il se pose en lui un problème de maturité et d’irresponsabilité ». Ceci l’a mené à un exposé instructif face à son jeune auditoire qu’il s’est plu à mettre en face des réalités du vécu et des agirs congolais partant d’anecdotes. Au travers de ces dernières, il a fait paraître l’essence de la maturité et de la responsabilité ainsi que leurs contraires, à savoir l’immaturité et l’irresponsabilité.

En conclusion, Jean-Paul Yawidi a soutenu : « Maîtriser ces concepts va nous permettre de lire en nous-mêmes les problèmes qui nous assaillent, de nous en libérer et de nous engager dans le processus du développement de ce pays ». Il nous a expliqué de la sorte la démarche ainsi suggérée à l’assistance : « Ce groupe de volontaires pense participer nécessairement au développement du pays. Je les mets en face de la réalité et leur propose de faire une introspection, de regarder leur intérieur au lieu de chercher à accuser les autres. Car, lorsque nous accusons les autres, nous nous démobilisons mais lorsque nous voyons le mal en nous, nous nous levons et nous engageons pour accomplir ce que nous dit notre hymne, “Debout Congolais !“ ». Les volontaires ont manifesté un vif intérêt pour l’exposé du professeur qu’ils ont, par la suite, criblé de questions.Norbert Kabeyang, Alain Makuta et Arthur Omar Kayumba (debout)

Des partages d’expériences

Par ailleurs, la question d’opportunités d’emplois et les partages d’expériences s’étaient aussi invitée au centre des communications du jour. Les interventions successives du chef de division nationale jeunesse de la Croix-Rouge, Norbert Kabeyang, et du président national du parlement des jeunes, Arthur Omar Kayumba, s’inscrivaient dans ce registre. Tout autant que le mot de circonstance d’Elodie Bamowongo tenu en sus aussi instructif qu’encourageant.

Ayant établi le distinguo entre le bénévolat et le volontariat, la responsable du CNF de Kinshasa a, du reste, souligné que ces deux mots pris souvent à tort pour des synonymes, « représentent deux formes d’engagement individuel au service de la société qui diffèrent pourtant largement en ce qui concerne leur statut ». Précisant que « le bénévolat n’est encadré par aucun statut juridique », Elodie Bamowongo a renchéri que le bénévole « s’engage librement pour mener une action non rémunérée en direction d’autrui, en dehors de son temps professionnel et familial ». Mais de poursuivre, quoiqu'aussi désintéressé, le volontariat, a contrario, «  donne lieu, lui, à un engagement contractuel et exclusif ». Savoir dès lors que « le volontaire, engagé à temps plein et pour une durée définie, peut être indemnisé et bénéficie le plus souvent d’une couverture sociale ». Et d’enchaîner sur le fait qu’il existe « des programmes des structures internationales qui favorisent ce type d’engagement en RDC, mais qu’au niveau national, l’on n’en est pas encore à une vraie structuration ». Aussi, elle se dit favorable à la mise sur pied d’un cadre légal qui le définisse, quitte à « se fixer déjà sur la terminologie, l’essence même du volontariat » ou du moins à en « poser de bonnes bases ».

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le Pr Jean-Paul Yawidi parlant au côté d’Elodie Bamowongo (extrême droite) Photo 2 : Norbert Kabeyang, Alain Makuta et Arthur Omar Kayumba (debout)

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