Judo : Teddy Riner rêve de combattre à Brazzaville avant les jeux olympiques de Tokyo

Lundi 3 Juin 2019 - 20:22

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Le champion le plus titré de l’histoire de la discipline, l’icône des tatamis invaincu depuis douze ans, a livré plus de deux cents combats. En 2007, à l’âge de 18 ans, il remportait déjà son premier titre mondial. Et depuis, la machine est lancée avec au passage dix titres de champion du monde et trois médailles olympiques (deux en or et une en bronze) dans son armoire à trophée.

Le prodige, qui dit s’être lancé dans le judo pour canaliser son énergie, n’a perdu que deux fois en championnat international depuis le début de sa carrière. Aujourd’hui, Teddy Riner n’a plus qu’un seul objectif en tête : conquérir une troisième médaille d’or aux jeux olympiques de Tokyo, l’an prochain, et égaler ainsi le record du Japonais Tadahiro Nomura, le seul judoka de l’Histoire à avoir accompli cet exploit. Si Teddy Riner, qui a eu 30 ans cette année, est focalisé sur « Tokyo 2020 », il n’en oublie pas non plus qu’à son âge, la fin de carrière est proche. Alors, il souhaite avant de quitter les tatamis et se lancer dans une autre carrière, apporter son expérience, et faire profiter à l’Afrique, tout ce qu’il a appris dans le sport au niveau mondial.

Teddy Riner, le cœur à l’Afrique

Quand vous discutez avec ce colosse de deux mètres, vous vous rendez compte que vous avez à faire à la fois à une force de la nature et à une personne à la fois attachante et intelligente. Teddy Riner, né de parents Guadeloupéens, est attaché à son histoire. Il sait d’où il vient et reconnaît l’importance de ses racines africaines. Au moment où la France entière le célèbre grâce à ses exploits sur les tatamis, il n’aimerait pas finir sa brillante carrière sportive sans avoir fait quelque chose de significatif pour le continent de ses ancêtres. Certes, il a pesé de tout son poids pour que le Maroc figure désormais en bonne place parmi les nations qui abritent les compétitions internationales de judo. La preuve, son dixième titre mondial a été obtenu à Marrakech, en novembre 2017, et cela a été une grande fierté pour lui de le gagner sur le sol africain. Mais qu’on ne se voile pas la face, le Maroc est bien entendu un pays africain, mais c’est avant tout dans l’imagerie des Africains, un pays du « Maghreb ». Pour Teddy Riner, organiser une compétition et combattre dans un pays africain au « sud du Sahara » serait un merveilleux accomplissement pour sa carrière. Car jamais un pays africain au sud du Sahara n’a organisé une compétition internationale de judo validée par l’instance internationale de la discipline.

Brazzaville en ligne de mire avant les jeux olympiques 2020

On a retrouvé Teddy Riner à Paris, dans les salons d’un chic hôtel près des Champs Elysées. Un mois après son séjour éclair à Brazzaville où il a été reçu en audience par le président de la République, le champion est plus que jamais déterminé à matérialiser le projet qu’il a soumis au chef de l’Etat et dont il a reçu l’aval. Ce projet serait d’organiser, sous la tutelle de la Fédération internationale de judo, une compétition de niveau mondial qui verrait les plus grands champions de ce sport venir combattre à Brazzaville.

« Depuis que je suis sorti de ma rencontre avec le chef de l’Etat, je n’ai pas arrêté de bosser », nous confie-t-il. Il nous présente les ébauches de contrat et autres documents qu’il compte transmettre au président de la République pour faire avancer le projet. Au passage, il nous avoue être venu au Congo avec des a priori et en être reparti avec des convictions. « Mais vous avez des infrastructures magnifiques. Il faut les mettre en valeur !», s’enthousiasme-t-il. Le champion du monde est persuadé que Brazzaville peut facilement abriter une grande compétition internationale avant les jeux olympiques. « Imaginez un peu tous les grands judokas du monde venir en préparation à Brazzaville avant les J.O. Mais Brazzaville deviendra la capitale du judo africain ! », ajoute-t-il.

Malgré son emploi du temps chargé et sa préparation au prochain championnat du monde de judo qui se tiendra au mois d’août, Teddy Riner assure consacrer une bonne partie de son temps à travailler désormais sur ce projet qu’il tient vraiment à cœur. « Ça me fait mal qu’on juge toujours l’Afrique de façon négative, regrette-t-il. Là, nous avons l’occasion de montrer à la face du monde qu’en Afrique, on peut aussi faire de grandes et belles choses. Alors je me suis à 100% investi pour que ce projet aboutisse et surtout qu’il soit une grande réussite », espère-t-il. Il n’oublie pas de remercier une nouvelle fois le chef de l’Etat congolais, qui non seulement l’a reçu en audience, mais à tout de suite adhéré à son projet.

On ne voit pas le temps passer tellement le projet passionne l’athlète. Mais le champion a un emploi du temps très chargé et doit partir honorer d’autres engagements. Il espère que la prochaine fois qu’il nous rencontrera, ce sera pour nous donner une information exclusive. Dans sa tête, il s’imagine déjà courir tôt le matin dans les rues de Brazzaville, poursuivi par une foule de badauds scandant : « Teddy boma yé », à l’image d’un Mohamed Ali dans les rues de Kinshasa, lors de son célèbre combat contre George Foreman, en 1974. Ce serait un souvenir impérissable qui l’accompagnerait pour le reste de sa vie.

 

Boris Kharl Ebaka

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