Justice : Gérard Mulumba, dit Gecoco, bloqué à Kinshasa

Mercredi 20 Juin 2018 - 17:45

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Le député et cadre de l’Union pour la démoccratie et le progrès social, détenu depuis sept mois à la prison de Makala, a moins de chance d'être évacué à l’étranger pour suivre les soins nécessités par son état de santé, le code pénitentiaire congolais n'autorisant pas la sortie du pays aux prisonniers, selon le ministre de la Justice. 

L’opposant Gecoco Mulumba, condamné à dix-huit mois de prison pour offense au chef de l’Etat, a été hospitalisé à la clinique Ngaliema. Son état de santé, selon sa famille et des images publiés sur les réseaux sociaux, nécessite des soins appropriés à l’étranger. Mais il avait été décidé de le faire retourner en prison, après le refus de son évacuation. C’est sur une civière qu’il avait été ramené, le 1er juin, dans sa cellule de la prison centrale de Makala et ses proches continuent à affirmer que son état de santé est de plus en plus inquiétant.

 Répondant aux questions de Radio Okapi sur le cas de cet opposant emprisonné, le ministre congolais de la Justice et garde des sceaux, Alexis Thambwe Muamba, a clairement dit que « le code pénitentiaire congolais n’autorise nulle part l’évacuation à l’étranger des prisonniers pour se faire soigner », ajoutant que ce document prévoit simplement que « les prisonniers doivent être nourris et soignés ». Parlant précisément des soins de santé, il a souligné que « le code précise exactement que le détenu qui a besoin des soins médicaux est envoyé dans une formation médicale au niveau du pays, aux soins de la République ». Et le ministre d'affirmer: « C’est ce que nous avons fait pour M. Gecoco Mulumba. C’est moi qui ai ordonné qu’on le sorte de la prison de Makala pour l’amener à Ngaliema ».

Selon ses médecins, l’état de santé de Gecoco nécessite des soins appropriés à l’étranger mais les autorités sont restées sourdes à toutes les sollicitations de la famille pour une liberté conditionnelle ou provisoire afin de permettre son évacuation. Pour son frère qui vit à l’étranger, cela ressemble à « une condamnation à mort ».
Déjà peu avant son procès, la justice avait décidé d’une liberté provisoire en sa faveur mais l’ordonnance du parquet avait été ignorée. En ce temps, le ministre Alexis Thambwe Mwamba avait déclaré, devant la presse, n’avoir jamais été saisi de cette décision.

Le cas Moïse Katumbi ne fait pas école

Interrogé sur le cas Moïse Katumbi qui avait reçu une autorisation du procureur général de la République pour aller se faire soigner à l’étranger alors qu'il venait d’être condamné dans un litige immobilier, Alexis Thambwe Mwamba pense que ce cas « faisait partie du passé » ne peut jamais être pris pour une jurisprudence. Il a avoué qu’à la suite des cas comme ceux de Moïse Katumbi, s'il y a aujourd'hui une décision à prendre qui va à l’encontre du code, l'assurance doit être donnée à 100% que cela est fondé. « Je voudrais aussi qu’il y ait, à ce moment-là, un principe qui fasse que chacun des vingt-six mille prisonniers de la République puisse être transféré à l’étranger. Et je vous dis, ce n’est pas le seul cas », a-t-il martelé.

Le ministre a, par ailleurs, dénoncé un battage médiatique autour du cas du député malade. Pour Alexis Thambwe Muamba, en effet, Gecoco Mulumba n’était pas le seul prisonnier malade dans les institutions pénitentiaires du pays mais, curieusement, a-t-il relevé, c’est le seul cas pour lequel l’opinion accorde plus d'attention. « Pourquoi ce cas est-il un cas unique sur les vingt-six mille prisonniers ? », s'est-il interrogé, estimant appliquer simplement les lois de la République. Il a également regretté que dans le passé, certaines personnes aient même fait venir des avions médicalisés pour leur évacuation vers l’étranger alors qu’elles n’étaient pas malades.

Alexis Thambwe Muamba a fait savoir que « ce battage médiatique » pour le cas du prisonnier Gecoco Mulumba était contre-productif. « Il est contre la personne que vous soutenez. Laissez le dossier suivre son cours normal. Nous l’examinons de manière normale. Nous sommes des humains ; moi, je n’ai aucun intérêt à trouver un prisonnier qui meurt. Je ne veux pas qu’il y ait un seul prisonnier qui meurt. Ça, c’est clair », a-t-il conclu.

 

 

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Gérard Mulumba, dit Gecoco, dans son lit de malade Photo des tiers

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