Justice : l’affaire du Boeing 727 de CAL abattu à Kindu exhumée

Mercredi 5 Septembre 2018 - 20:15

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Le ministre Alexis Thambwe Mwamba a été entendu pendant quatre heures par les enquêteurs belges, le 4 septembre, au sujet de l'avion civil de l'ex-Compagnie aérienne congolaise (CAL), abattu en octobre 1998 aux environs de la ville de Kindu (province de Maniema) par la rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD).

Le ministre de la Justice se trouve, depuis plusieurs semaines déjà, dans le collimateur de la justice belge qui a ouvert à son encontre une information judiciaire au sujet de lavion civil Boeing 727 de l'ex- CAL, abattu en plein vol le 10 octobre 1998. Au moment des faits, Alexis Tambwe Mwamba était porte-parole du mouvement rebelle RCD. Celui-ci brassait les mécontents de l'ancien régime Mobutu et les dissidents de l'ex-rébellion de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération opposés à l’époque à Laurent-Désiré Kabila, leur ex-chef devenu président de la République. En octobre 1998, la guerre entre cette rébellion soutenue par le Rwanda et les troupes gouvernementales faisait rage et tous les coups étaient permis pour fragiliser l’adversaire et prendre le contrôle des opérations.  

C’est dans ce contexte belliciste qu’un Boeing 727 de la CAL fut abattu par un tir de missile avec cinquante personnes à bord (quarante-trois civils, essentiellement des femmes et des enfants, et sept membres de l'équipage) alors que les combats se concentraient autour de la ville de Kindu. Premier à revendiquer par la voie des ondes cet attentat pour le compte du RCD, Alexis Thambwe Mwamba. Il n’avait sans doute pas mesuré la portée de ses propos ni des conséquences qui en résulteraient, encore moins l’effet dévastateur que cela avait provoqué dans le chef des victimes. « Nous avons abattu un avion civil », s’était-il plu d’annoncer sur RFI au lendemain du forfait non sans tenter de le justifier en lui trouvant un prétexte. « Nous avions des informations précises que les renforts venant de Kinshasa arrivaient à Kindu par un avion civil », avait-il déclaré.   

Les familles des victimes et les ONG parties civiles porteront l'affaire devant la justice belge qui s’en était aussitôt saisie du dossier. La plainte fut jugée recevable par  l’avocat belge, Alexis Deswaef, qui a ouvert une enquête visant à établir la culpabilité, avérée ou non, d’Alexis Thambwe Mwamba. Après un long silence, le dossier vient d’être exhumé à la faveur de l’audition du 4 septembre de cet ex-cadre du RCD. Une audition de quatre heures qui n’aurait rien laissé filtrer, si ce n’est que les enquêteurs se sont surtout intéressés au passé de l’actuel ministre de la Justice et à son rôle réel lors de son passage par cette rébellion. « Les autres aspects du dossier, financier et sur un faux en écriture, auraient été rapidement passés en revue », à en croire le communiqué diffusé par Laurent Kennes, l’avocat belge du ministre Thambwe Mwamba. Ce dernier aurait plaidé non coupable en insistant sur le fait qu’il n’avait aucun rôle décisionnel dans cette rébellion et qu’il avait appris l’attaque contre cet avion bien après qu’elle s'était produite.

Ne disposant à l'époque ni d'une autorité ni d'une compétence militaire au sein du RCD, il y a lieu de se demander si l’incriminé avait réellement le pouvoir nécessaire d'ordonner un tel attentat terroriste. C’est à ce niveau, pensent maints analystes, que la justice devra creuser pour établir la vérité dont une grande partie est à aller chercher auprès de ceux qui ont géré cette rébellion et qui en incarnaient véritablement l’âme. L’instruction poursuit son cours en attendant que le parquet fédéral belge se prononce sur la compétence effective de la Belgique sur ce dossier.

Alain Diasso

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