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La Déclaration de principes sur la tolérance

Dimanche 2 Novembre 2014 - 11:45

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C'est à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'UNESCO que les États membres de cette organisation ont adopté une déclaration de principe sur la tolérance. Depuis  novembre 1995, chaque 16 novembre, la communauté internationale célèbre la Journée internationale de la tolérance avec des activités qui s'adressent à la fois aux établissements d'enseignement et au grand public. Dans le document final du Sommet mondial de 2005, les chefs d'États et de Gouvernements s'engageaient à élargir partout le bien-être humain, la liberté et le progrès, et à encourager la tolérance, le respect, le dialogue et la coopération entre les différentes cultures, civilisations et populations.

«Les préjugés ont-ils la dent dure ? Oui, sans doute. Le goût des autres nous heurte souvent et nous n'avons peut-être pas assez le goût pour les autres. Il ne s'agit pas bien sûr de prôner une sorte de bienveillance générale et de consensus mou autour d'un pseudo-humanisme nourri de bonne conscience. La comédie humaine serait trop triste sans les colères des uns contre les autres. Mais ce qui domine aujourd'hui, malgré un discours officiel pétri de "tolérance" et de "liberté", c'est souvent la haine de l'autre même si elle n'ose pas dire son nom et se camoufle derrière les mots d'ordre à la mode.»

Qu'est-ce que la tolérance ?

«Le 16 novembre 1995, date du cinquantième anniversaire de l'Organisation, les États membres de l'UNESCO ont adopté une Déclaration de principes sur la tolérance. Ils y affirment notamment que la tolérance n'est ni complaisance ni indifférence. C'est le respect et l'appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d'expression et de nos manières d'exprimer notre qualité d'êtres humains. La tolérance est la reconnaissance des droits universels de la personne humaine et des libertés fondamentales d'autrui. Les peuples se caractérisent naturellement par leur diversité ; seule la tolérance peut assurer la survie de communautés mixtes dans chaque région du globe. Il faut encourager l'éducation à la tolérance car elle a pour but d’éradiquer les influences qui poussent à la peur et à l'exclusion de l'autre, et d’aider les jeunes à développer leur capacité d'exercer un jugement autonome. L'indulgence est une disposition à la bonté, à la clémence ; une facilité à pardonner. L'indulgence va plus loin que la tolérance, mais il est clair que les deux font un bout de chemin ensemble.

Le terme de tolérance, pris en son sens propre, est inadéquat à la grande idée qu’on prétend lui faire exprimer le respect d’autrui et de sa liberté demande plus et autre chose. Dans l'idée de tolérance, il y a l'idée de délai. On tolère facilement une situation ou une personne que l'on est sûr de pouvoir éviter ou neutraliser, à son gré ou prochainement. On tolère par politesse, par ruse, par calcul ou tout bêtement par lassitude. Mais, au fond, on attend de n'avoir plus à tolérer. Si l'on veut sortir de cette conception et de cette pratique de la tolérance, il faut passer à l'idée de respect. Si , au lieu de tolérer l'autre, c'est-à-dire le différent et même l'opposant, je m'efforce de le comprendre et de le respecter, je fais preuve de force et de confiance. Confiance dans la raison et dans le bien.

◾ Attitude de quelqu'un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes des siennes propres ;

◾ Latitude laissée à quelqu'un d'aller dans certains cas contre une loi, un règlement : Une tolérance orthographique ;

◾ Attitude de quelqu'un qui fait preuve d'indulgence à l'égard de ceux à qui il a affaire ;

◾ Aptitude de quelqu'un à supporter les effets d'un agent extérieur, en particulier agressif ou nuisible : nous n'avons pas le même niveau de tolérance au bruit ;

En médecine : 

1. Absence de réaction immunitaire à certains antigènes, résultant d'un état de paralysie immunitaire constitutif ou induit par un premier contact avec l'antigène.

2.Propriété que possède l'organisme de supporter des doses d'une substance donnée sans manifester de signes d'intoxication.

◾ En matière de monnaies, la tolérance est un écart maximal admis entre les poids et titres réels et les poids et titres légaux.

◾ Sur le plan de la religion, cela renvoie au respect de la liberté de conscience et à l'ouverture d'esprit à l'égard de ceux qui professent une religion ou des doctrines religieuses différentes. 

◾ Sur le plan technique, il s'agit de l'intervalle défini par rapport à une dimension théorique, à l'intérieur duquel doit se trouver la valeur mesurée pour que cette dernière puisse être considérée comme correcte.

Comment contrer l'intolérance ?

1.La lutte contre l'intolérance nécessite des lois

Tout État a la responsabilité de renforcer la législation relative aux droits de l'homme, d'interdire et de punir les crimes motivés par la haine ainsi que la discrimination à l'encontre des minorités, qu'ils soient commis par des représentants de l'État, des organisations privées ou des individus. L'État doit garantir un accès équitable aux tribunaux et aux organismes de défense des droits de l'homme ou de médiation afin que les citoyens ne fassent pas justice eux-mêmes et ne recourent pas à la violence pour régler leurs différends.

2. La lutte contre l'intolérance nécessite l'éducation.

Les lois sont nécessaires mais insuffisantes quand il s'agit de contrecarrer l'intolérance dans les attitudes individuelles. L'intolérance a souvent pour causes I'ignorance et la peur : peur de l'inconnu, de l'Autre, des autres cultures, nations, religions. L'intolérance est aussi intimement liée à un sentiment exagéré de sa propre valeur, d'orgueil, qui peut être personnel, national ou religieux. Ces notions sont enseignées et apprises dès le plus jeune âge. C'est pourquoi l'accent doit être mis sur le fait qu'il faut éduquer plus et mieux. Il faut faire plus d'efforts pour enseigner aux enfants la tolérance et les droits de l'homme, les sensibiliser à des modes de vie différents des leurs. Il faut encourager les enfants à la maison comme à l'école à se montrer ouverts, curieux et réceptifs.

Le Prix UNESCO-Madanjeet Singh pour la promotion de la tolérance et de la non-violence. Madanjeet Singh : artiste, écrivain et diplomate indien, Ambassadeur de bonne volonté auprès de l’UNESCO. Le Prix existe depuis 1995 : Année des Nations unies pour la tolérance et 125e anniversaire de la naissance de Mahatma Gandhi. Le Prix récompense des activités significatives pour la promotion de la tolérance dans le domaine scientifique, artistique, culturel ou de la communication. 

3. La lutte contre l'intolérance nécessite l'accès à l'information.

L'intolérance est extrêmement dangereuse quand elle est exploitée pour servir les ambitions politiques et territoriales d'un individu ou groupe d'individus. Les incitateurs à la haine commencent souvent par identifier le seuil de tolérance de l'opinion avant de développer des arguments fallacieux, de jouer avec les statistiques et de manipuler le public en s'appuyant sur de fausses informations et des préjugés. Le moyen le plus efficace de limiter I'influence de ces propagateurs de haine est de mettre en oeuvre des mesures qui favorisent et encouragent la liberté de la presse et son pluralisme, afin que les lecteurs puissent faire la distinction entre les faits et les opinions.

4. La lutte contre l'intolérance nécessite la prise de conscience individuelle.

L'intolérance d'une société est la somme de l'intolérance de ses membres. Le sectarisme, les stéréotypes, la stigmatisation, les insultes et les plaisanteries racistes sont autant d'exemples de manifestations individuelles d'intolérance auxquelles nombre de personnes sont quotidiennement soumises. L'intolérance engendre l'intolérance. Elle incite ses victimes à chercher vengeance. Afin de combattre l'intolérance, nous devons prendre conscience du lien qui existe entre nos comportements et le cercle vicieux de la méfiance et de la violence dans la société. Chacun de nous devrait commencer par se demander : « Suis-je tolérant(e) ? Est-ce que j'ai des idées stéréotypés sur les gens ? Est-ce que je rejette ceux qui sont différents de moi ? Est-ce que je « leur fais porter la responsabilité de mes difficultés ? ».

5. La lutte contre l'intolérance nécessite des solutions locales.

Beaucoup d'entre nous savent que les problèmes de demain vont de plus en plus se mondialiser, mais peu réalisent que la solution des problèmes mondiaux est locale voire individuelle. Confrontés à l'escalade de l'intolérance autour de nous, nous ne devons pas attendre des gouvernements ou des institutions qu'ils agissent seuls. Nous sommes tous partie intégrante de la solution. Nous ne devrions pas nous sentir impuissants car nous possédons en fait une capacité énorme de pouvoir. L'action non-violente est un moyen d'exercer ce pouvoir, le pouvoir du peuple. Les outils de l'action non-violente - former un groupe pour s'attaquer à un problème, organiser un réseau local, manifester sa solidarité avec des victimes de l'intolérance, discréditer une propagande haineuse - sont à la disposition de tous ceux qui veulent mettre un terme à l'intolérance, la violence et à la haine.

 

 

Férréol Constant Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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