La forte croissance africaine profite peu aux populations

08-10-2013 13:59

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Les perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne sont jugées positives malgré la chute des prix des matières premières et la fragilité de l’économie mondiale qui risquent d’affecter le continent

Le sujet a été au centre d’une visioconférence entre les économistes de la Banque mondiale (BM) de la région Afrique et les journalistes de la région concernée. La discussion, qui a duré une heure, a tourné autour des progrès économiques enregistrés récemment et des défis auxquels l’Afrique doit faire face.

Les deux orateurs, Punam Chuhan-Pole et Francisco Ferreira, ont appuyé leurs arguments sur la nouvelle édition d’Africa's Pulse, une analyse des enjeux façonnant les perspectives économiques de l’Afrique publiée deux fois par an par la BM. Ils ont souligné la nette progression de la croissance économique estimée à 4,9% pour 2013. La croissance du produit intérieur brut en Afrique se poursuivra pour s’établir à 5,3% en 2014 et 5,5% en 2015, selon Africa’s Pulse.

Le document note que la pauvreté et les inégalités demeurent « à un niveau inacceptable, tout comme l’est la lenteur des progrès accomplis en vue de leur réduction ». Aujourd’hui, près d’un Africain sur deux vit dans la pauvreté extrême. Ce taux devrait baisser pour se situer entre 16 et 30% d’ici 2030 et la majorité des pauvres du monde vivront en Afrique.

« L’Afrique a connu cette dernière décennie une croissance plus importante que la plupart des autres régions, mais l’impact de cette croissance sur la pauvreté est bien moindre que ce nous aurions souhaité, a déclaré Francisco Ferreira. La croissance de l’Afrique n’a pas été un facteur de réduction de la pauvreté aussi puissant qu’il aurait pu l’être en raison des niveaux élevés d’inégalités. Une croissance équitable est possible, mais elle nécessite une diminution des inégalités tant au niveau des revenus que des opportunités. »

Africa’s Pulse indique que les exportations de l’Afrique subsaharienne sont demeurées limitées à quelques matières premières (pétrole, métaux, minéraux) et ont atteint 144 milliards de dollars en 2012.

« Mais leur forte dépendance envers une seule ou un nombre limité de matières premières rend les pays d’Afrique riches en ressources vulnérables aux importantes fluctuations du prix de ces matières premières », a renchéri Punam Chuhan-Pole, coauteur de l’étude.

À mesure que le continent jouera un rôle croissant dans la lutte mondiale contre la pauvreté, les pays de la région devront investir dans l’amélioration de leurs capacités en statistiques, afin d’être en mesure d’assurer un meilleur suivi de leurs estimations de la pauvreté et des comptes nationaux, mais aussi d’y apporter des réponses, note l’étude.

Nancy France Loutoumba