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La jeunesse dans la Constitution congolaise du 6 novembre

Samedi 28 Novembre 2015 - 12:15

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La jeunesse, avenir de demain, a-t-on souvent entendu dire ici et là, lorsque l’opportunité s’offre aux décideurs publics ou privés de s’adresser à la couche juvénile considérée, à juste titre, comme la plus active de la population dans tous les pays. Au Congo, la Constitution du 6 novembre 2015 lui fait de la place, en fixant à 18 ans (article 132) l’âge requis pour être candidat aux élections à l’Assemblée nationale, et à 30 ans révolus (article 66), celui donnant droit aux citoyens congolais de se porter candidat à l’élection présidentielle.

Comme pour ce qui concerne la parité entre l’homme et la femme garantie par l’article 17 du même texte fondamental, les discours développés en faveur du référendum constitutionnel du 25 octobre, et notamment du changement de la Constitution du 20 janvier, rappelaient l’impérieuse nécessité d’associer plus encore les jeunes aux questions de développement. Un appel à participation qui passe, ajoutait-on, par la responsabilisation de ces derniers dans toutes les sphères de décision. Vox populi, vox Dei, pourrait-on dire car le législateur n’est pas resté sourd aux préoccupations des défenseurs de la jeunesse.

Au fond, la question posée est pluridimensionnelle. De l’éducation familiale de base à celle forgée par la société dans laquelle vivent les jeunes, les responsabilités sont étalées sur trois niveaux : la famille, la société, donc l’Etat, et les jeunes eux-mêmes. Mais quels que soient les cas de figure, on se trouve très souvent en présence d’une problématique où la famille, après avoir rempli avec succès ou non son rôle procréateur, et sans renier sa responsabilité civile, lègue sa progéniture à la société. Cette dernière a le devoir de prendre sa jeunesse en charge, tandis que chacun des êtres qui composent cette jeunesse est en droit d’exiger ce traitement citoyen en songeant au rôle positif qu’il doit jouer pour son propre épanouissement et pour celui de la société dont il fait partie.

Des personnes qui s’intéressent tant soi peu à l’histoire du Congo savent que de tout temps, les jeunes ont toujours pris une part active dans les changements que le pays a connus. Il suffit de remonter le parcours du Congo des cinquante-cinq dernières années pour remarquer que le mot jeunesse est revenu à plusieurs reprises dans la dénomination des mouvements socio-politiques qui ont guidé l’action des jeunes :  Jeunesse du Mouvement national de la Révolution, Union générale des élèves et étudiants du Congo, Union de la jeunesse socialiste congolaise, voilà autant d’entités qui ont successivement structuré les batailles juvéniles jusqu’à très récemment. Du reste, les nombreux partis fondés après la renaissance du pluralisme politique au Congo, en 1991, s’étoffent chacun d’une organisation de jeunesse. De ce point de vue, dire dans le contexte du Congo que les jeunes sont des laissés- pour- compte parait relever d’une certaine méprise.

Par contre, et c’est là que la question devient intéressante, les défis auxquels les jeunes font face aujourd’hui sont d’une ampleur bien plus importante qu’il y a cinquante-cinq ans. Le plus pesant pour les parents et pour les pouvoirs publics est bien évidemment le défi du chômage. Comment offrir de l’emploi à l’armée  des 18-30 ans, de plus en plus nombreux, de plus en plus exigeants, de plus en plus disposés à prendre la rue pour exprimer leur mécontentement ou variablement, leurs revendications ?

À cette énigme s’ajoute une autre liée à la formation des jeunes. Comment offrir à la jeunesse congolaise une formation qualifiante qui en ferait un creuset de bras valides prêts à servir dans l’agriculture, l’élevage, la menuiserie, la soudure, la couture, le bâtiment ? Et comment distinguer et soutenir ceux d’entre eux qui seraient aptes à prendre la relève dans l’enseignement, les régies financières, les TIC, les mines, la presse, la santé, la culture, la force publique, la grande administration et investir les secteurs diversifiés de l’économie nationale pour y créer toutes sortes de petites et moyennes entreprises, petites et moyennes industries ?

Qu’on le veuille ou non, la responsabilité de l’Etat, régulateur des rapports au sein de la société dont il a la charge est entière. Les jeunes eux-mêmes ne sont pas en reste, parce que de leur implication dans l’ensemble du processus, de la qualité de leur intervention dépendra la considération que la Nation leur fera. Et il n’y a pas lieu pour eux de désespérer.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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