La Lékoumou face à sa trilogie : VIH, malnutrition et pauvreté

Jeudi 24 Juillet 2014 - 15:14

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Avec 115.000 habitants, pour une superficie avoisinant 2.900 km2, le département de la Lékoumou qui accueillera la fête nationale de l’indépendance le 15 août prochain, a sur le plan sanitaire, sa spécificité sinon ses maux. Dans cet entretien, le directeur départemental de la santé, le docteur Jean Raoul Chocolat, revient sur ce sujet

Réparti en deux Circonscriptions socio-sanitaires (CSS), notamment celle de Sibiti qui couvre les districts administratifs de Sibiti, Komono et Mayéyé, et la CSS de Zanaga qui couvre les districts de Bambama et de Zanaga, le département de la Lékoumou présente, selon le docteur Jean Raoul Chocolat, trois problèmes importants. Il s’agit notamment de la grande prévalence du VIH, de la malnutrition chronique et de la pauvreté.

« Nous avons la grande prévalence du VIH (4,8%) ; 42,6 % des enfants de la Lékoumou présentent les symptômes de malnutrition chronique ; et selon l’enquête congolaise des ménages, le département a la plus grande prévalence de la pauvreté. C’est donc cette trilogie qui nous caractérise. Nous avons aussi une autre spécificité en ce qui concerne la population, puisque nous avons près de 20% de la population autochtone. Donc nous sommes obligés de lever des barrières financières pour l’offre des soins de santé. D’où nous offrons presque tout gratuitement pour que les populations trouvent l’accès aux soins », a-t-il expliqué.

D’après lui, le taux de prévalence du VIH/sida est actuellement en baisse par rapport à 2003 où il était à 9%, avant de chuter en 2011 à 4,6%. Évoquant les dernières enquêtes, le responsable de la santé au niveau de la Lékoumou a indiqué que le taux était en train de diminuer à environ 3%. Il y a un grand travail de sensibilisation qui a été fait, a-t-il rappelé, ajoutant que près de 50.000 habitants avaient été concernés par les campagnes de sensibilisation et de mobilisation contre le VIH/sida. Ceci grâce au conseil départemental qui a mis des moyens importants pour assurer cette opération. « Nous avons aussi organisé avec le conseil départemental de la Lékoumou, une campagne de sensibilisation contre la malnutrition en exhortant la population à diversifier les cultures, à ne pas rester dans l’oisiveté. Nous constatons avec l’amélioration de l’état des routes, la population est en train de tout vendre, toutes les productions sont en voie d’être acheminées vers Pointe-Noire alors que sur place, il n’y a presque plus rien à manger. Nous exhortons la population à consommer ce qu’elle produit pour vendre le surplus. Il faut que l’agriculture soit mécanisée, c’est un aspect très important de lutte contre la malnutrition chronique », a poursuivi Jean Raoul Chocolat.

Zoom sur la CSS et l’hôpital de base de Sibiti

Accueillant environ 75% de la population, la CSS de Sibiti installée dans l’enceinte de l’hôpital de base du chef-lieu du département est d’une importance capitale. L’hôpital de base quant à lui est la seule structure de référence qui fonctionne au niveau de la Lékoumou. Il présente également de nombreux problèmes, notamment ceux liés aux structures. « Nous avons fait des plaidoyers auprès du ministère de la Santé qui a décidé de prendre en charge ce problème de réhabilitation. C’est pour cela que vous avez constaté que tout l’hôpital est en plein réhabilitation, nous avons obtenu la réhabilitation des bâtiments de laboratoire avec l’équipement grâce au Programme national de lutte contre le sida. Actuellement nous sommes en train d’attendre la finition des travaux des bâtiments du triage avec tous les services spécialisés et notamment la stomatologie, l’ORL, et l’ophtalmologie », a expliqué le chirurgien.

En effet, parmi les travaux qui sont en train d’être exécutés, il y a la réhabilitation des bâtiments de la maternité et de la chirurgie qui seront équipés en blocs opératoires incorporés afin de ne plus transporter les malades d’un bloc à un autre. La fin des travaux est annoncée avant le 15 août prochain. L’hôpital de base est aussi confronté au déficit du personnel. Sur les 120 agents qui y travaillent, 70 sont des fonctionnaires et les autres sont des bénévoles. Enfin, une autre difficulté concerne par ailleurs le sous-équipement de cette structure.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

photo 1 : Le docteur Jean Raoul Chocolat. photo 2 : L’hôpital de base de Sibiti en pleine réhabilitation. crédit photo Adiac