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La pénurie de pièces de monnaie ? Parlons-en !

Lundi 18 Novembre 2013 - 0:15

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La rareté constante de pièces de monnaie dans nos villes et villages ne cesse d’occasionner certains comportements chez certains vendeurs de pharmacie, boulangers, transporteurs en commun et bien d’autres commerçants. Et chaque matin, travailleurs et élèves ont de la peine à monter dans un bus pour se rendre à l’école ou au lieu de travail. « 500, 1 000, 2 000 FCFA, pas de monnaie » : c’est l’exigence radicale des contrôleurs des bus face aux usagers.

En rapport avec ce phénomène, deux premières questions nous viennent à l’esprit, à savoir : Ces pièces de monnaie ne seraient-elles pas émises dans le circuit monétaire ? S’il vous plaît, où vont alors ces pièces ? Sans hésitation aucune, le constat est que la thésaurisation, c’est-à-dire le fait de garder la monnaie chez soi et non à la banque, a pris des proportions inquiétantes chez certains citoyens. Autre explication plausible, car les petits artisans informels l’avouent, ces pièces, qui sont en métaux précieux, comme l’or, l’argent, le bronze et autres, sont utilisées pour faire des bijoux.

Et pourtant, lorsqu’on aborde des économistes, financiers et tous ceux qui sont proches de la problématique monétaire, ils affirment que de pareilles situations ne devraient pas arriver, car les pièces de monnaie ne sont mises en circulation qu’après échange contre une quantité équivalente d’unités de compte plus généralement représentées par des billets. En réalité, tant qu’existera le petit commerce, celui des détaillants, il existera des pièces de monnaie pour faciliter les échanges commerciaux. Pour se rendre compte que ces pièces sont bel et bien « gardées » dans les maisons des gens, il suffit de regarder dans les ateliers de menuiserie et de soudure pour voir qu’on y fabrique des caisses cubiques percées d’orifices à la dimension de ces pièces. Ces caisses sont vendues dans les marchés et permettent à ceux qui les achètent de thésauriser sans difficulté.

Un autre fait à relever, en rapport avec la circulation de ces pièces, est que les petites pièces, à savoir 5 FCFA, 10 FCFA et 25 FCFA, sont parfois refusées par les commerçants qui prétendent qu’elles ne sont plus utilisées, erreur socioéconomique grave qui occasionne parfois disputes et querelles. « La pièce de monnaie, toujours elle ! Soit elle ne se fait pas voir, soit elle mène à la discussion », déclarait un acheteur face à un vendeur qui refusait de les prendre, laissant le client ahuri.

Un autre fait à signaler : cette pénurie de pièces de monnaie fait jubiler les chauffeurs de taxi. Le prix de la course étant fixé à 700 FCFA, il suffit de lui tendre le billet de 1000 FCFA pour qu’il vous dise : « Je n’ai pas de pièces pour vous rendre la monnaie. » Et il le dit même s’il en a, cela pour encaisser les 1 000 FCFA. C’est aussi au niveau des pharmacies que la chose est criante, car certains vendeurs brillent d’une sévérité inqualifiable. Ils refusent de vendre des produits à celui qui manque de pièces de monnaie. C’est pourquoi, certaines personnes se trouvant dans le besoin abandonnent la différence au profit des vendeurs qui se frottent les mains, car si dans la journée plus d’une vingtaine de personnes laissent leur monnaie, quel est le profit du vendeur ?

Abordé sur la question, un fonctionnaire habitant la ville de Pointe-Noire déclarait : « Que les banques prennent l’initiative de payer un mois de salaire aux travailleurs avec des pièces de monnaie, car les gens en ont marre ! » Entre la thésaurisation et la fabrication de bijoux par des artisans informels, une raison pourrait expliquer cette pénurie de pièces de monnaie, puisque ces pièces sont émises. Certaines personnes accusent les jeux de hasard, comme le jackpot ou le baby-foot qui ont pour élément central la pièce de monnaie. Est-ce que les propriétaires de ces jeux prennent la peine de réinjecter ces pièces dans le circuit monétaire ? C’est aussi là une raison qui explique la fuite des pièces de monnaie.

Cette triste réalité appelle à la recherche d’une solution, car il n’est pas admissible qu’un produit pharmaceutique soit refusé à une personne qui en a besoin ou qui a un malade à l’hôpital par manque de pièces de monnaie. Et qu’un élève n’arrive pas à monter dans un bus pour arriver à temps à l’école à cause du manque de pièces !

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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