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La surenchère se porte bien !

Samedi 20 Décembre 2014 - 11:30

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Ira-t-on au dialogue national, préconisé par la classe politique congolaise, dans une athmosphère de peur généralisée ? Les politiques eux-mêmes, pourraient-ils, en montant en épingle tant de suspicions entre eux, parvenir au consensus qu’ils recherchent à corps perdu depuis un long moment ? Veut-on réellement d’une concertation nationale dont l’objectif serait de « donner la priorité au Congo » comme on le claironne souvent chez nous en temps d’incertitude ?

Cette série de questions pour revenir un temps sur la communication rendue publique, le 15 décembre à Brazzaville, par le « Collectif des partis de l’opposition congolaise signataires de la déclaration du 17 août sur les élections législatives de 2012 ». Cette déclaration ouvrait l’échange entre les leaders du Collectif et la presse à l’occasion de la rentrée politique de ce groupement de l’opposition, dite radicale, resté silencieux depuis un moment. Longue de 10 feuillets, elle témoignait sans doute de l’importance des points inscrits à son actualité.

Au demeurant, pour qui a suivi les précédentes sorties des dirigeants de cette opposition, il n’y avait pas beaucoup de nouveauté dans leur préliminaire. Les questions portant sur les « atteintes aux droits de l’homme et aux libertés démocratiques », aux « menaces et intimidations », à « la Constitution du 20 janvier 2002 », au « dialogue politique » ont toujours été au cœur des retrouvailles des formations politiques de cette obédience. À y regarder de près, on peut dire qu’il y avait à boire et à manger, non pour fermer les yeux sur ce qui est écrit, mais pour voir que la marge de dénonciations approche souvent de la grosse surenchère politique.

Prenons le passage sur « les menaces et autres mesures d’intimidation » sur lequel l’opposition, dans sa déclaration du 15 décembre, a pensé offrir à l’opinion plus de révélations. D’après ce discours, le Congo serait aujourd’hui une base de repli de toutes les forces négatives recrutées à grands frais par le pouvoir en place pour, répètent les signataires de cette déclaration, « se maintenir ». Devrait-on penser que de son côté l’opposition a aussi mobilisé ses propres hommes pour donner le change à une éventuelle  bataille finale ou veut-elle simplement être rassurée par les autorités que ce qu’elle décrit relève du fantasme ?

Néanmoins, ces déclarations sont de nature à créer le doute parmi les paisibles citoyens. Comme si, pour mieux se faire entendre, l’opposition avait intérêt à exploiter la peur ou à l’entretenir afin qu’entre eux les Congolais cultivent la haine des autres. Imaginer que l’on serait aujourd’hui entouré de mercenaires ukrainiens, serbes, kosovars, syriens, marocains, iraniens, hezbollah libanais, de milices MLC de Jean Pierre Bemba, d’ex-DSP et ex-FAZ de Mobutu, de compagnons de Faustin Munene, d’Hutus Interhamwé, d’ex-soldats de Savimbi, introduit dans la Cité une dose de psychose dont on ne saurait deviner le prestige qu'en tirent les signataires de la déclaration.

Si c’est dans cet esprit de superstition avérée que sera convoqué le dialogue national, il y a fort à craindre que les acteurs concernés ne se penchent réellement sur les problèmes du Congo qu’ils entendent résoudre à cette occasion. Mais, peut-être est-ce une façon pour l’opposition radicale de mettre la pression pour espérer arracher la parité dans les instances d’organisation de cette réunion ? Elle emprunte de cette façon un chemin qui risque fort malheureusement de miner la confiance au sommet des partis politiques et faire dire au peuple qu’au fond, c’est bien pour leurs propres intérêts que les hommes qui aspirent à le diriger se déchirent.
 

Gankama N'Siah

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