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La vague qui submergera l'Europe …

Samedi 2 Avril 2016 - 16:45

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Mieux vaut regarder la vérité en face que de détourner les yeux afin de ne pas la voir : l'Europe, la Vieille Europe, la Grande Europe, qui se posait volontiers en modèle pour le reste du monde, entre dans une crise que rien ne dit qu'elle se relèvera avant longtemps.

A sa porte se prépare, en effet, un « tsunami » humain qui fera apparaître très vite comme secondaire la crise dite des "migrants" venus du Proche et du Moyen-Orient. Provoqué par le chaos dans lequel l'intervention aussi hasardeuse que mal conduite de certains de ses membres les plus influents a plongé la Libye, cet afflux de centaines de milliers d'hommes et de femmes venus du Maghreb, du Sahel, du Sahara, de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale dans l'espoir d'échapper aux exactions que commettent partout les « fous d’Allah » submergera bientôt tout le sud de l'Europe. La Sicile, la Sardaigne, la Corse, les Baléares et avec elles l'Espagne, la France, l'Italie, verront se produire, multiplié par dix, par cent, l'afflux de réfugiés qui a plongé les derniers mois les îles de la Mer Egée, la Grèce, la Macédoine, la Bulgarie, la Hongrie dans une sorte de chaos aux dimensions imprévisibles.

Les dirigeants européens ayant montré leur incapacité à s'entendre pour gérer la crise des migrants venus de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, de multiples réseaux de passeurs se mettent en place sous leurs yeux en toute impunité. Ils sont d'autant plus actifs et dangereux que les distances à parcourir pour  acheminer les migrants vers les côtes du sud de  l'Europe sont beaucoup plus faibles que celles de la partie orientale de la Méditerranée et que, par conséquent, les forces navales déployées s'avèreront très vite incapables d'interrompre le flot continu des embarcations surchargées qui se lanceront à corps perdu dans l'aventure.

Si le danger s’accroit au fil des jours, c’est parce que depuis l'assassinat de Mouammar Kadhafi l'immense territoire de la Libye est devenu une zone de non-droit où prolifèrent toutes sortes de trafics - êtres humains, armes, drogues et autres - qui procurent aux Islamistes radicaux les financements nécessaires pour  leurs actions criminelles. Et l'on sait de source sûre que ceux-ci mettent actuellement en place les dispositifs qui leur permettront demain d'intensifier leurs entreprises. En clair, cela signifie que les attentats contre les grandes cités européennes vont se multiplier dans le proche avenir en même temps que l’Europe du Sud sera submergée par une vague humaine à laquelle rien ne pourra s’opposer.

Si l'Union européenne, à l’instar des Etats-Unis ou de la Russie, était une communauté cohérente, organisée, structurée, capable donc de réagir vite et bien aux attaques dont certains de ses membres sont l'objet, elle aurait peut-être la capacité de se protéger contre la terrible menace qui se profile à l'horizon. Mais, la crise grecque l'a démontré de façon accablante, elle n'a pas d'institutions capables de relever le terrible défi qui lui est lancé ; gérée par une technocratie tout puissante basée à Bruxelles, dont la perception du monde extérieur est quelque peu abstraite, elle se trouve paralysée de l’intérieur. Et, ce qui est plus grave, elle semble se diviser chaque jour un peu plus  sur les questions essentielles, vitales, au moment même où elle devrait coordonner ses forces pour combattre le mal qui la guette.

De deux choses l'une donc : ou bien les Européens mettent en sourdine leurs différends multiséculaires qui sont en train de ressurgir quoi qu'ils disent et se décident enfin à confier leur destin à un Exécutif homogène, ou bien ils poursuivent sur la voie chaotique dans laquelle ils se sont engagés en portant à vingt-huit membres leur communauté d’Etats. Dans le premier cas ils ont encore une chance de se tirer du très mauvais pas dans lequel ils se sont  engagés. Dans le second cas ils plongeront dans une crise interne dont leur Union sortira à coup sûr brisée.

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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