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L’Afrique en quête d’elle-même

Samedi 30 Janvier 2016 - 12:55

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Ne nous faisons pas d’illusion, les décennies à venir seront pour l’Afrique en général, le Bassin du Congo en particulier les plus difficiles de leur longue, très longue Histoire.  Confrontés aux multiples défis que génèrent l’accroissement et donc le rajeunissement constant de leurs populations, mais aussi à la déstabilisation que provoque dans différentes régions du continent la montée des extrémismes religieux et ethniques, ses gouvernants auront le plus grand mal à gérer sereinement le quotidien. Nouveau paradoxe du temps où nous vivons c’est alors même que cette partie du monde s’impose comme la plus prometteuse, la plus féconde, la plus vivante que son avenir menace de se fissurer au point de laisser craindre le pire.

S’il en va ainsi c’est que, d’une part, les nations africaines n’ont pas obtenu des puissances extérieures qui les avaient asservies plusieurs siècles durant les réparations de toute nature qu’elles étaient en droit d’exiger ; c’est que, d’autre part, leurs gouvernants n’ont pas été capables d’imposer la réforme de la gouvernance mondiale que le poids humain de l’Afrique justifie. Trop faibles ou trop timides face aux puissances qui se sont octroyé l’essentiel du pouvoir dans les institutions internationales au sortir de la seconde guerre mondiale les Africains ne sont pas en mesure d’influer sur la conduite des affaires humaines. Ils subissent au lieu d’agir, de décider, de commander comme ils pourraient le faire s’ils s’organisaient face aux grandes puissances.

Cette situation apparait d’autant plus paradoxale que dans de nombreux domaines le continent s’affirme de jour en jour comme la terre de tous les possibles au plan individuel. Que ce soit dans le domaine de la musique, de la littérature, de l’art, de la mode, du cinéma, du sport, de la danse ou du spectacle les Africaines et les Africains tiennent de plus en plus le haut du pavé. Et seules par conséquent la politique, la finance, la diplomatie restent à l’écart, pour l’instant du moins, du grand bond qui projette en avant le continent.

Le pouvoir et  l’argent, réel ou virtuel,  étant plus que jamais au cœur des rapports de force entre les peuples c’est bien sur ces deux pivots de l’émergence que devrait se concentrer désormais l’action des cinquante-sept Etats qui se partagent le continent. Avec, au cœur de cette stratégie, une réflexion approfondie sur la place que l’Union africaine doit prendre dans la gouvernance mondiale, la prévention et la gestion des crises si elle veut résoudre les mille et un problèmes auxquels elle se trouve confrontée.

L’idée d’une remise à plat de l’organisation afin de l’adapter aux réalités du temps présent n’est manifestement pas encore ancrée dans les esprits, on l’a constaté une nouvelle fois lors du Sommet qui s’est tenu vendredi et samedi à Addis-Abeba. Mais il est probable que l’aggravation des tensions en divers points du continent, tout particulièrement dans l’immense Bassin du Congo, provoquera très vite un changement d’attitude au cœur même de la communauté africaine.

Il n’est donc pas trop tôt pour réfléchir au processus interne qui permettrait à l’Afrique de se doter d’institutions communautaires adaptées aux réalités du temps présent et aux ambitions légitimes des peuples du continent. Qui permettrait aussi à l’Union Africaine d’être présente de façon permanente et active dans les plus hautes institutions de la gouvernance mondiale.

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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