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Laïcité et liberté d’opinion

Lundi 10 Novembre 2014 - 9:30

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Il y a, c’est incontestable, d'abondantes création et production de l’œuvre culturelle et artistique au sein de la communauté religieuse du Congo qui est, elle-même, riche et diverse. Par tout moyen légitime, chaque confession essaie de ratisser large afin de  séduire, coopter, enrôler à travers prêches, louanges et écrits, il va sans dire que les médias demeurent des supports de premier choix pour les stratégies d’approches.

Cependant dans un État proclamé laïc,  comme le Congo, l’on continue de se poser la sempiternelle question de la diffusion des œuvres religieuses à travers les médias d’État, au regard des difficultés éprouvées dans la diffusion et même la production pour certains, de chroniques et de tranches de musiques dites religieuses.

La laïcité, nous le savons, est un principe qui distingue le pouvoir politique des organisations religieuses. L’État devant rester neutre, garantit par là même, la liberté de culte qui lui aussi doit respecter l’ordre public. La laïcité  affirme parallèlement la liberté de conscience et ne place aucune opinion au-dessus des autres. Religion, athéisme, agnosticisme ou libre-pensée, c’est ce qui se qualifie d’égalité républicaine. Ce qui implique qu’aucune faveur ne doit être concédée pour l’un ou l’autre mode de pensée. Mais, il faut l’avouer, la notion de laïcité telle qu'elle est comprise dans nos sociétés, n'est pas dénuée d'ambiguïté.

L’on a trop souvent tendance à confondre laïcité avec la laïcisation. Or la laïcité ne consiste nullement à combattre les religions mais plutôt à empêcher leur extrême influence dans l’exercice du pouvoir politique et administratif. Il est vrai que nous nous retrouvons aujourd’hui confrontés à des doctrines radicales d'origines diverses et non liées au catholicisme traditionnel (idéologies totalitaires, phénomènes sectaires, fondamentalisme religieux …), mais les idées spirituelles et philosophiques doivent tout de même être rangées dans le domaine exclusif de la conscience individuelle et la liberté d'opinion.

Il faut comprendre la crainte des annonceurs d’État hésitant de passer des chroniques et musiques religieuses, tout en leur rappelant que le cadre juridique ne les contraint nullement à une quelconque réserve et insister sur la notion de neutralité qui probablement n’est pas correctement assimilée.

La laïcité dont ils se prévalent pour s’auto censurer n’est pas non plus une arme de guerre contre les religions, mais elle est censée au contraire permettre le libre exercice.  Elle interdit, entre autres, par la « séparation », toute philosophie officielle antireligieuse… au même titre qu’elle interdit toute instrumentalisation des croyances par le pouvoir politique. L’expression religieuse doit librement s’exprimer à la seule condition qu’elle ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.

Est-il encore nécessaire de rappeler  que  « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions » ?

En définitive, il semble essentiel que tous les médias, au premier rang desquels ceux d’État, mettent l’accent sur la pédagogie des droits de l’homme. Pour favoriser les démarches d’une citoyenneté active et responsable, il faut exprimer pleinement la laïcité, sinon rien ne permet de supposer et prouver qu’on est libre. 

Ferréol Constant Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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