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L'argent des Américains

Lundi 11 Août 2014 - 10:45

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L’euphorie de l’historique sommet États-Unis/Afrique de Washington passée, les chancelleries des pays concernés sont peut-être, à présent, dans un moment de recension des engagements pris par les uns et les autres. L’on retiendra, néanmoins, que pour la première fois, les États-Unis qui - on a souvent tendance à l’oublier - favorisèrent en partie la décolonisation de l’Afrique, dévoilent aujourd’hui leur intention de créer de la richesse sur le continent noir.

Pour ce faire, la première puissance mondiale a ciblé des secteurs entiers de l’économie dans lesquels son expertise pourrait aider à relever le niveau de vie des populations, donner plus d’opportunités d’affaires à la jeunesse africaine : énergie, banque, aviation, construction, etc., autant de domaines où le retard pris par l’Afrique depuis un demi-siècle d’indépendances est considérable.

En proposant une enveloppe de 33 milliards de dollars dans ce programme d’investissement, les États-Unis ne comptent peut-être pas en rester là. Et même si la trouvaille est chinoise, le « gagnant-gagnant » sera sans doute la règle dans cette coopération. À l’évidence, l’Afrique va servir de champ de concurrence, et même de bataille entre l’Amérique, l’Europe et l’Asie, toutes avides de richesses du sous-sol et de pôles d’influence en Afrique. Les peuples de ce quartier du monde-ci devront en conséquence se préparer aux changements qui suivront.

À propos du nouveau deal entre les États-Unis et l’Afrique, il est une expression populaire bien africaine qui, sans être péjorative, renseigne à peu près sur les anxiétés que l’on a de s’accointer un peu trop avec la « grande » Amérique. On dit : «  attention, vous avez mangé l’argent des Américains, préparez vous à répondre ». Sera-ce sous cet angle que s’exécutera le partenariat qui venait d’être conclu par les Africains avec le pays de l’Oncle Sam ? On espère que non.

Ce qui est certain, ce genre d’expression avait lieu du moment que l’Amérique restait distante de l’Afrique. Il est important de souligner qu’au terme de leur sommet, les dirigeants américains et africains se sont promis de se voir plus souvent, d’échanger davantage et, donc, de mieux se connaître. À partir de ce moment, le lien entre les deux continents sera débarrassé de tout préjugé, les États-Unis deviendront un partenaire averti des réalités des autres ; ces derniers cesseront de nourrir des craintes pour « l’argent des Américains ».

Avouons, malgré tout, que cela prendra quelque temps ; que l’Amérique ne niera jamais ses valeurs de pays démocratique, soucieux de l’épanouissement de ses citoyens, de la préservation de ses intérêts économiques et de l’élargissement de son influence dans le monde. Et l’Afrique fait désormais partie de ce monde- là.
 

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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