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L’art contemporain du Dak’art

Lundi 5 Mai 2014 - 2:17

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Il n’est plus à démontrer aujourd’hui que le Dak’Art est un important événement d’art contemporain en Afrique. En consacrant exclusivement sa sélection aux artistes vivant sur et hors du continent africain, l’État sénégalais, principal instigateur depuis 1989, a de quoi être fier.

Pour mémoire, si la première édition, la première biennale d’art contemporain initiée par le président L. S. Senghor, était consacrée aux lettres en 1990, l’an 1992 sera dédié à l’art contemporain avant que cette grande rencontre ne se tourne définitivement vers la création africaine contemporaine à partir de 1996. La plus ancienne biennale d’Afrique déroulera sa prochaine édition du 9 mai au 8 juin 2014 à Dakar et réunira une pléiade d’artistes et de professionnels des arts visuels de l’Afrique et du monde.

Il faut savoir que les Sénégalais se sont fixé comme objectifs à travers le Dak’art l’élargissement des panoplies des possibilités de promotion pour les artistes africains, très souvent faiblement représentés dans les grands événements artistiques internationaux, mais aussi pour le continent africain l’opportunité d’élaborer son propre discours esthète et de « participer à la conceptualisation d’instruments théoriques d’analyse et d’appréciation de propositions artistiques ». Le Dak’Art, à l’instar du Fespam de Brazzaville, s’est toujours tenu les années paires, sauf en 1994.

Pour sa onzième année, c’est un programme innovant qui nous invite à découvrir sur cinq sites à Dakar et dans de nombreuses villes du Sénégal, sur le thème des métiers de l’art, une exposition internationale de 61 artistes africains et de la diaspora, des expositions d’artistes invités, trois expositions hommages (Dimé, Diop, Diakhaté), la sculpture africaine, l’art vert sur le campus, et plus de 200 expositions en off. Les commissaires du Dak’Art 2014 sont Élise Atangana, Abdelkader Damani et Smooth Ugochukwu Nzewi qui, en sus d’un programme alléchant et débordant, ont prévu des animations dans la ville, des films sur l’art contemporain, des défilés de mode et des concerts.

C’est une biennale qui respire un parfum d’autonomie. Il faut se souvenir que lors de la conférence de presse en juillet 2013, qui annonçait la tenue de la onzième biennale, les anciens secrétaires généraux de la biennale avaient pu s’exprimer sur un point crucial qui concerne le statut de la biennale. Unanimement, ils la souhaitent autonome, prônant une formule médiane public-privé, et ouverte aux autres continents. Par ailleurs, ils se sont dits convaincus que le meilleur statut qu’on pouvait espérer était celui d’une fondation, car cela répondrait aux exigences de partenaires qui exigent souvent des garanties quant à l’utilisation des fonds mis à disposition. Ils ont également formulé le vœu que le statut de fondation pour la biennale entre en vigueur d’ici 2016.

Si Dak’Art 2012 s’est distinguée par l’exposition internationale au musée Théodore-Monod d’art africain qui accueillait 42 artistes de 21 pays africains et une de l’île de la Réunion, Dak’Art 2014 innovera, comme en témoigne le partenariat culturel important avec la délégation Wallonie-Bruxelles qui soutient une quinzaine d’événements à Dakar et Saint-Louis, dont le plus important est Le Bois sacré, axé sur le travail de 26 artistes béninois, ainsi que cinq autres événements : une exposition permanente à la place du Souvenir africain, l’exposition Y’Artecre Faso présentant une cinquantaine d’œuvres et huit artistes plasticiens burkinabés, une table ronde, un hommage à Adolphe Sax, l’inventeur du saxophone, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance.

Part belle sera également faite à la Francophonie, car trois lauréats de la septième édition des Jeux de la Francophonie de Nice 2013 ont été invités par l’OIF à y participer. Il s’agit d’Amélie Ducommun (France), médaillée d’argent en peinture, d’Élisa Larvego (Suisse), médaillée d’or en photographie, et de Pascal Hachem (Liban), médaillé d’or en sculpture. N’est-ce pas que le Dak’Art semble encore nous réserver d’heureux moments ?

Ferréol-Constant-Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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