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Le Congo : un îlot de paix à préserver

Samedi 4 Juillet 2015 - 15:04

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Un regard introspectif sur l'évolution du monde nous renseigne qu'il y a plus d'une décennie,  l’Afrique centrale était perçue comme un foyer de tensions où la quasi-totalité des pays étaient traversés par de nombreuses crises armées ou des guerres civiles. La paix était si rare et perçue comme un luxe. Aujourd'hui encore, après une période de relative accalmie, les tensions commencent à remonter remettant la sous-région en ébullition. À terme, une situation explosive, si l'on n'y prend garde.

En effet, toute la zone, en partant de la RDC jusqu'au Tchad, en passant par la RCA, est transformée en poche incubatrice des groupes rebelles et autres terroristes avec pour objectif de replonger la sous-région dans le chaos. Déjà, les escarmouches sont régulièrement signalées en République démocratique du Congo. Ici, une rébellion ougandaise dénommée ADF-Nalu (Forces démocratiques alliées) attaque et pille les localités de la province du Nord-Kivu. Des violences qui, selon la Croix-Rouge ougandaise, poussent des milliers de Congolais à chercher refuge en Ouganda. Cette énième rébellion est une menace de plus avec des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui combat l’armée congolaise, depuis plusieurs années. Une véritable "poudrière", s’alarment les experts militaires occidentaux.

La situation de trouble permanent dans ce vaste pays remonte à la chute du président Mobutu Sese Seko en 1997, destitué par l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Laurent Désiré Kabila. La stabilité partiellement rétablie en RDC ne garantit pas encore la paix sur l’ensemble du territoire. On y apprend, tous les jours, des massacres de populations civiles à l’Est et au Nord du pays. La Force onusienne, la Monusco, avec plus de 7 milles hommes, basée sur place n’a toujours pas pu aider l’armée gouvernementale à venir à bout de ces rébellions qui, comme l'hydre, naissent chaque fois que les premières sont anéanties.

En RCA cependant, les groupes de miliciens anti-balaka et Séléka, respectivement proches des anciens présidents François Bozizé pour les premiers et Michel Djotodia pour les seconds, ne perdent rien de leur capacité de nuisance. Quoique résiduelles actuellement, ces bandes armées sortent de temps en temps du bois pour cracher le feu sur Bangui, la capitale du pays, ou sur Birao dans le septentrion. Et l'on craint désormais que la réduction des effectifs de la force française Sangaris ne serve de prétexte à ces groupes pour ressortir les machettes et replonger le pays dans des violences. Même si les efforts déployés par le président congolais Denis Sassou N'Guesso, médiateur dans cette crise avec l’appui de la communauté internationale, augurent désormais d’un début de normalité, quoiqu'encore précaire, dans le pays.

En effet, le 11 mars dernier, les rebelles anti-balaka et séléka n'ont pas hésité à perturber la clôture du forum de Bangui sur la réconciliation et la paix. Quelques semaines plus tard, ces mêmes rebelles ont voulu empêcher le retour, à Bangui, de la présidente de transition centrafricaine, Catherine Samba Pandza, au terme d'un voyage à Paris où elle répondait à l'invitation du président français François Hollande.

Comme si cela ne suffisait pas, la secte islamique Boko-Haram, qui écume le nord du Nigeria depuis de longues années, a étendu ses tentacules jusqu’au Cameroun, un pays qui était jusque-là à l’abri des actions terroristes. Ainsi, depuis environ un an, ce pays est exposé aux harcèlements quotidiens des hordes de malfrats venus du Nigeria, qui sèment la mort et la désolation.

L’autre pays de l’Afrique centrale dont les populations peuvent nourrir de sérieuses inquiétudes, c’est le Tchad. Son intervention aux côtés du Cameroun pour stopper les visées expansionnistes de la secte islamique Boko-Haram a ouvert la porte aux assauts meurtriers, et souvent répétés, de ces terroristes. Comme le témoigne le double attentat qui a frappé N’Djamena (Tchad), le 12 juin dernier.

En effet, ce dont les Occidentaux et les Africains, donc les Congolais, devraient se souvenir, c’est que l'expérimentation d’une démocratie absolument occidentale en Afrique a montré ses limites, ici et ailleurs. Sur ce fait, les exemples sont légion. L'imposition d'une démocratie à l'occidentale a brûlé la Libye, mis à sac l’Égypte, la Syrie, l’Irak et, maintenant, le Yémen.

Devant ce tableau peu reluisant en Afrique centrale, le Congo, par le calme qui y règne actuellement, apparaît,  pour le moment, comme un véritable îlot de paix qu’il convient de préserver. Les guerres civiles successives, de 1993 à 2000, avaient laissé beaucoup de séquelles avec un tissu social et économique complètement lézardé. Résultat : un pays au bord du gouffre. Aujourd'hui, on peut observer que l'ensemble du territoire congolais est traversé par un courant de paix, marqué par une stabilité institutionnelle qui force l’admiration. Notamment celle des investisseurs.

Les différents partenaires au développement devraient œuvrer pour préserver cet état de tranquillité. Ce n’est un secret pour personne, l’équilibre de la sous-région risque de basculer dans le chaos si par malheur, le Congo venait à replonger dans des violences comme c’était le cas pendant les deux dernières décennies.

Valentin Oko

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Édition Quotidienne (DB)

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