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Le Festival mondial des Arts nègres

Vendredi 24 Avril 2015 - 17:03

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Du 1er au 24 avril 1966 a eu lieu à Dakar au Sénégal, le 1er festival mondial des Arts nègres. Un événement important dans les annales culturelles du monde. Les artistes nègres de toutes les nations du monde se sont donné rendez-vous dans la capitale sénégalaise pour mettre en exergue la contribution culturelle de l’art nègre dans la civilisation universelle.

« Un des objectifs principaux du festival mondial des arts nègres était de faire connaître les meilleurs artistes nègres. Destiné à être biennal, le festival poursuivait quatre buts :

- faire connaître la contribution de la négritude à la civilisation universelle, pour reprendre l’expression du président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, initiateur de ce festival ;

-  permettre aux artistes noirs d’outre-Atlantique d’effectuer périodiquement un retour aux sources ;

- faire ressortir toutes les contributions de la négritude aux grands courants universels des pensées et de nombreuses formes d’art ;

- apporter aux artistes africains l’occasion de rencontrer des éditeurs, des producteurs de cinéma, des membres de l’élite internationale afin de leur permettre de faire connaître leur talent ».

En ce qui concerne le Congo, il restera de ce festival mondial de 1966, la remarquable participation de l’orchestre Bantous de la capitale,  conduit par son chef, Jean-Serge Essous, composé de : Édo Ganga, Célestin Kouka, Pamelo et Kosmos (chant) ; Gerry Gérard Biyela (guitare solo) ; Samba Mascott (guitare d’accompagnement) ; Passi Mermans (mi-solo) ; Alphonse Taloulou (guitare basse) ; Pandi et Micorasson (tumbas).

Le célèbre orchestre congolais a eu le privilège et le grand honneur d’animer la clôture du festival présidé par le président Léopold Sédar Senghor.

Après le festival, les Bantous se rendent à Abidjan (Côte d’Ivoire) à l’occasion du 6ème sillon (6ème anniversaire de l’indépendance). Ils y font un véritable tabac. Célestin Kouka, en particulier, avec son interprétation de la Tantina de Burgos, une œuvre d’Henri Genès. Au cours d’une émission de télévision, Yao, un artiste ivoirien, et ses enfants interprètent la chanson qui vient de remporter le prix de la meilleure chanson de l’indépendance. Instantanément, les Bantous, qui participent  à la même émission, reprennent l’air de ladite chanson dans une version chachacha. Les téléspectateurs présents sur le plateau de la télévision, sont conquis.

C’est à cette étape d’Abidjan que Jean-Serge Essous abandonne ses amis et se rend en France. Il enregistre avec Joseph Kabasele et Manu Dibango dans un groupe dénommé African Team. Il intègre, par la suite, le Ryco Jazz de Kounkou Freddy Mars. Avec ce groupe, il sillonne les Caraïbes et connaît un incroyable succès.

Nino Malapet qui avait déjà assuré la direction d’un orchestre, le Rock ‘a Mambo, est désigné chef d’orchestre, dans l’avion qui ramène les Bantous à Brazzaville. C’est au cours de ce séjour ouest-africain que Kouka Célestin crée sa célèbre chanson « Rosalie Diop ». Cette chanson vient de faire l’objet d’une réédition, grâce à la contribution de la Mairie de Brazzaville, ville de musique du réseau des villes créatives Unesco, à l’occasion de l’anniversaire de Kouka Célestin qui a fêté, au mois de février dernier, ses 80 ans.

Ce disque du jubilé se présente sous la forme d’un double cd de 16 titres, le premier  comprend ses œuvres de la période du Trio Cépakos, interprétées par Alain Deshake, un prometteur jeune chanteur, accompagné d’un groupe éclectique de musiciens ; le second contient ses chansons, exécutées avec  l’orchestre Bantous de 1962 à 1972. En outre,  sur ce second cd figure Georgina, titre réalisé avec l’orchestre Ok Jazz, dont il est l’un des fondateurs et reprise par Édo Ganga et Michel Boyibanda, accompagnés par la Compagnie Beaudley.

Quant au Festival des Arts nègres, il aura fallu attendre près de trente trois ans après le festival de Lagos en 1977, pour une nouvelle édition. Du 10 au 31 décembre 2010, la 3ème édition du Festival mondial des Arts nègres est organisée avec succès, à l’initiative de l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, sur le thème de la renaissance. À quand la prochaine ?

Avec ses dix éditions, et en dépit de ses résultats en demi-teinte, le Fespam, prévu cette année, du 18 au 25 juillet, fait figure d’exception par sa régularité.

MFUMU

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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