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Le mot de l'ambassadeur de France le 14 juillet

Samedi 22 Juillet 2017 - 16:51

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Bertrand Cochery sait donner du croustillant à ses prises de parole publiques. L’autre fois, c’était lors de l’hommage que la communauté scientifique du Congo, associée aux universitaires venus de plusieurs pays dont la France rendait à Georges Balandier, les 17-18 mars, à l’Institut français du Congo. On en avait alors beaucoup appris sur le parcours de l’auteur des « Brazzavilles noires » (1), mais aussi sur l’ambassadeur de France au Congo lui-même, en particulier sur ses liens et sa connaissance de l’Afrique.

L'ambassadeur de France a donc, le 14 juillet, eu une nouvelle occasion solennelle de prendre la parole pour s’adresser cette fois au public invité à la fête nationale française à Case De Gaulle, sa résidence officielle. Il était bien évidemment question de cette fête-là, célébrée à l’unisson au Congo jusque dans le milieu des années 1980, comme la fête de la métropole et de ses ex-colonies. Mais il était aussi question tout naturellement de la relation entre la France et le Congo.

L’axe Paris-Brazzaville est-il toujours au beau fixe ? Le cours de l’histoire, pas toujours linéaire, n’en a-t-il pas lézardé les fondements ? Y a-t-il moyen, si tel est le cas, et comme c’est sans doute bien le cas, de réparer les torts, de se pardonner mutuellement, de se relancer sur des nouvelles bases chaque partie préservant ses acquis, sa dignité et ses intérêts ? On pourrait en effet résumer le mot de l’ambassadeur de France à ces interrogations, mais il serait prétentieux de vouloir y répondre avec l’exactitude qu’il faut tant les voix de la diplomatie, comme celles de Dieu, peuvent être impénétrables.

Essayons tout de même de nous aventurer sur le terrain glissant de l’analyse au regard du propos entendu à la date évoquée plus haut, sous les lumières tamisées de l’historique bâtisse élevée à Brazzaville-la verte, dans les années 1940, sur les berges du majestueux fleuve Congo, à quelques jets de regard de l’orgueilleuse Kin-la-belle. En reprenant les extraits les plus évocateurs d’une adresse suivie presque religieusement par les nombreux convives venus ce soir-là de divers horizons.

« Parce que le Congo est confronté à l’une des crises financières les plus aigües de son histoire, nous avons toujours dit, dès la première heure, que le Congo pouvait compter sur l’appui de la France pour conclure un accord avec le FMI…, accord qui devra respecter le caractère prioritaire des dépenses sociales ». Pour avoir, en effet, dans les années 1980-90 subi de plein fouet les effets des programmes d’ajustement structurels du prêteur alors sans pitié que fut le FMI, le Congo hésitait sans doute à signer. Mais il y a un impératif : « Il n’est plus temps de différer la conclusion d’un tel accord », insistait Bertrand Cochery, garantissant par ailleurs que la contrainte financière de l’incontournable bailleur sera à visage humain. Engagement public du partenaire qu’est la France !

« Le moment me parait également venu d’envisager des coopérations innovantes avec d’autres grands partenaires, notamment la Chine, dans le secteur de la santé ou de l’ingénierie des grands travaux », renchérissait le diplomate français pour qui son pays, « solidaire du Congo et de son peuple n’entend pas agir seul mais avec l’Union européenne et les Nations unies ». Propos rassurant à l’international pourrait-on dire quand on sait que bien souvent, l’Afrique est prise dans l’étau des luttes d’influence que les grandes puissances se livrent pour l’accès aux ressources diverses et aux zones d’influence stratégiques.

Au fond, Paris qui revendique à juste titre la place qui lui revient aux côtés de son partenaire historique qu’est le Congo a conscience qu’il est des secteurs d’intervention où malgré la finesse de son expertise, sa disponibilité a pu être devancée par d’autres partenaires. Une approche responsable, pour ne pas dire honnête de la diplomatie à l’heure de la mondialisation de l’économie.

Un autre rappel du diplomate français qui mérite d’être mentionné : le poids des entreprises françaises exerçant au Congo, le savoir-faire et la langue que les deux pays ont en partage, et qui sont pour lui « des atouts uniques ». On pourrait conclure le tout par un « j’y suis, j’y reste ! » assumé. Et si tout devait rentrer dans l’ordre entre Paris et Brazzaville d’ici la tenue, le 12 décembre prochain, dans la capitale française, du sommet sur l’environnement ? Il suffit d’un peu d’audace...

 (1). Georges Balandier, Sociologie des Brazzavilles noires, Presse de science Po, Paris 1985.

Gankama N'Siah

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