Le pape étoffe le cercle de ses plus proches électeurs

Samedi 21 Septembre 2013 - 18:15

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Le pape François a procédé samedi à d’importantes nominations au sein de la curie romaine : un ancien nonce à Brazzaville y devient un personnage-clé

C’est donc au bout de six mois que le pape François donne enfin à voir la vision de son pontificat. Le 31 août, il avait remercié le cardinal-secrétaire d’État, Premier ministre du Vatican, l’Italien Tarcisio Bertone. Samedi 21 septembre, il a amplifié le mouvement, en procédant à un vaste remaniement du gouvernement de l’Église. La curie romaine voit ainsi arriver des personnalités d’expérience, mais dont le trait marquant semble être l’esprit d’ouverture. Ces proches collaborateurs, le pape est allé les « puiser » dans les différents dicastères du Vatican, où ils œuvraient déjà. Ils viennent appuyer ceux laissés par son prédécesseur et pour lesquels on ne savait pas encore la semaine dernière s’ils seront ou non maintenus à leurs postes.

Pour les nominations opérées samedi, on ne pourra pas ne pas noter la « promotion » de Mgr Beniamino Stella, qui devient préfet de la Congrégation pour le clergé. Cet Italien de 72 ans poursuit un parcours ascendant, marqué par la grande confiance que lui ont fait les trois papes de ces vingt dernières années : Jean-Paul II, Benoît XVI et, donc le pape François. Mgr Beniamino Stella était jusqu’ici le directeur de l’Académie pontificale, l’école de diplomatie qui forme les ambassadeurs du Vatican, les nonces apostoliques. Au cœur de Rome, non loin du Panthéon, cet établissement réputé a vu passer sur ses bancs nombre d’ecclésiastes, dont certains sont d’ailleurs devenus des papes…

Mgr Stella, ancien nonce apostolique à Brazzaville

Mais le nom de Mgr Beniamino Stella parle aussi plus particulièrement aux oreilles des Congolais de Brazzaville. Car, comme nonce apostolique, son premier poste fut précisément Brazzaville. Il mena plusieurs missions au nom de l’Église dans les pays de la sous-région : Centrafrique, Gabon, Tchad principalement, au moment où la juridiction de l’ambassade du Vatican au Congo s’étendait jusque-là. Il est aussi celui qui conduisit plusieurs fois des délégations de fidèles ou d’évêques du Congo dans des missions de fraternité en République démocratique du Congo, notamment lors des obsèques du cardinal Albert Malula, archevêque de Kinshasa, en juin 1989.

Au Congo, Mgr Beniamino Stella est aussi « l’homme du Vatican », qui accompagna la naissance de la démocratie pluripartite, autorisa Mgr Ernest Kombo a assumé les responsabilités politiques de transition que l’on sait, et vit l’éclatement des premières violences politiques… Élevé au poste de préfet de la congrégation du clergé, c'est-à-dire le ministère du Vatican en charge des plus de 450.000 prêtres catholiques disséminés à travers le monde, il va jouer un rôle d’importance capitale aux côtés du pape François!

Avec Mgr Stella, le pape a nommé samedi un secrétaire du Synode des évêques, Mgr Lorenzo Baldisseri ; un grand pénitencier (chargé des actes juridiques) en la personne de Mgr Mauro Piacenza. Et il a confirmé aux postes stratégiques de préfets de congrégations le cardinal Filoni (Évangélisation des peuples) et Mgr Ludwig Müller (Doctrine de la foi, le poste occupé par Benoît XVI avant d’être élu pape en 2005).

Acceptant la démission du cardinal Tarcisio Bertone le 31 août, le pape avait annoncé avoir appelé comme nouveau secrétaire d’État, numéro 2 du Vatican, Mgr Pietro Parolin jusque-là nonce apostolique au Vénézuela. Dans ses premières déclarations, celui-ci a affirmé que le célibat des prêtres n’était ni un dogme ni un thème fermé à la discussion au sein de l’Église. Ces propos, qui ont eu un grand retentissement au sein et en dehors de l’Église catholique, viennent renforcer l’image d’un pontificat de réformes qui s’annonce avec ce pape d’origine argentine. Celui-ci a indiqué à plusieurs reprises, en effet, sa volonté de faire bouger les lignes. L’Église, a-t-il récemment soutenu, doit réfléchir plus « sérieusement » au rôle de la femme en son sein : engager « une théologie de la femme ».

Lucien Mpama