Le pape : moi, démissionner ? Pourquoi pas !

Mercredi 20 Août 2014 - 17:52

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Le pape assure que son prédécesseur Benoît XVI en démissionnant a créé une jurisprudence. Il n’écarte pas d’en faire autant si cela devenait nécessaire

Après un voyage de cinq jours intenses en Corée du sud, le pape François est rentré au Vatican lundi soir. Il y a retrouvé ses dossiers les plus brûlants du moment : le sort des chrétiens d’Irak, la guerre en Palestine et, toujours, la poursuite de la grande réforme de l’Église catholique. Il y consacre désormais le plus clair de son temps, au milieu de ses activités nombreuses de chef de l’État de la Cité du Vatican et de chef des catholiques du monde. Actuellement, il met la dernière main sur une encyclique qui parlera d’écologie.

C’est dans l’avion qui le ramenait de ce 3è voyage international que le Souverain pontife a répondu à un certain nombre de questions des journalistes qui l’ont accompagné. Les confrères et consœurs se sont beaucoup focalisés sur la Corée du sud, vue presque comme poste avancé du christianisme dans un sud-est asiatique où ils constituent une minorité.

D’ailleurs beaucoup de pays de la sous-région n’entretiennent même pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Il ne les a pas cités dans ses propos, mais dans la tête de tous les observateurs il n’a fait aucun doute que lorsque le Saint-Père a invité à la paix et à la réconciliation, c’était en pensant aussi à la Chine voisine, à la Corée du Nord dont le sud est séparé ; au Vietnam, au Bhoutan, à la Birmanie, à Brunei et au Laos où les catholiques éprouvent des difficultés à exercer leur apostolat. Des pays qui n’ont pas d’ambassadeurs au Vatican.

Puis, au détour de l’entretien, une question a été posée au pape sur ses rapports avec son prédécesseur, l’Allemand Benoît XVI qui vit dans un monastère non loin de lui, à l’intérieur même du Vatican. Comme à son habitude, sa réponse a été directe et sans périphrase ni détours : « Nous nous voyons. Je suis allé le voir juste avant de partir en Corée. Il m’avait envoyé deux semaines avant un texte intéressant, il me demandait mon opinion. Notre rapport est de frères, vraiment. C’est un homme avec une sagesse, des nuances. Ca me fait du bien de l’écouter. Il m’encourage aussi.»

Ferait-il lui aussi le même geste, unique dans l’histoire récente de la papauté, de démissionner de ses charges volontairement ? Là aussi, la réponse du pape argentin a été sinon sincère du moins directe : « Je ferais la même chose. Il a ouvert une porte qui est institutionnelle, qui n’est pas exceptionnelle. » Le Souverain pontife a même avancé être habité de la conviction que son propre pontificat sera bref et que donc il pourra être vite amené à se poser la question. « Je sais que je ne fais pas bien de dire ça », a-t-il regretté, tout en précisant qu’il n’était atteint par aucune maladie qui l’obligeait à raisonner ainsi.

En tout cas, a-t-il commenté, le pape Benoît XVI a posé un acte que plus personne dans la papauté ne pourra ignorer à l’avenir. « Peut-être que ça ne plaît pas à certains théologiens, mais je ne pense pas que le pape émérite soit une exception. Il y a 70 ans, les évêques émérites (retraités – Ndlr) n’existaient pas. Aujourd’hui, ils sont une institution ; je pense que le pape émérite est déjà une institution », a souligné, réaliste le chef de l’Église catholique.

Lucien Mpama