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Le pari républicain

Samedi 22 Août 2015 - 13:30

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Au fil du débat engagé depuis plusieurs mois, au Congo, sur la réforme des institutions de la République, deux positions fortes ont été enregistrées au sein de la classe politique. La première, tenue par les partisans du « oui », a construit sa notoriété à Sibiti, dans la Lékoumou, lors du dialogue national inclusif, réuni du 13 au 17 juillet. La seconde, opposée à la réforme a forgé son argumentaire à l’issue du dialogue alternatif qui a eu lieu du 26 au 29 juillet à Brazzaville.

Notons tout de même une différence d’approche entre les deux assises. Celles de Sibiti ont vu s’affronter des forces qui avaient des profils différents. Du fait, en effet, de la présence de formations politiques, associations et individualités venues d’horizons divers, ce dialogue-là peut être considéré comme s’étant déroulé de façon contradictoire. Qu’importe, si au finish, une majorité s’est prononcée en faveur de la réforme, le fondamental est que les points de vue contraires n’ont pas été occultés.

À Brazzaville, par contre, la réunion a tourné autour de partenaires « unifiés », chez qui l’on ne pouvait attendre une quelconque contradiction sur le cours des discussions. Les partisans du dialogue alternatif défendaient à peu près, et même mordicus, un modus operandi concocté de longue date. Sa finalité : ne permettre aucun regard différent de leur position qui est de rejeter en bloc l’idée d’une quelconque évolution des institutions, tant que la présidentielle de 2016 n’a pas eu lieu.

Puis est arrivé, le 12 août, l’événement tant attendu, vous l’aurez deviné : le message du président de la République sur l’état de la nation devant le Parlement réuni en congrès. Prononcé à la veille de la fête de l’indépendance, ce rapport-bilan portant sur les quinze dernières années a été largement commenté par la classe politique. Il est vrai aussi qu’il en a laissé beaucoup à quia du fait du renvoi à un peu plus tard, par le chef de l’État, de sa décision sur les conclusions du dialogue de Sibiti convoqué à son initiative. N’ayant pas non plus fait allusion aux « alter-conclusions » de Brazzaville, Denis Sassou N’Guesso s’ouvrira donc de ces questions le moment venu.

Observons cependant comment sur l'échiquier politique congolais, les alliances se font, se défont, les formations politiques naissent, disparaissent, les querelles de positionnement plus que d'idées rythment la vie de tous les jours dans les états-majors des familles politiques. On pourrait à travers ce remue-ménage incessant faire allusion à la vivacité de la démocratie congolaise. Mais si l’on devait esquisser un petit bilan du comportement des opérateurs politiques congolais ces vingt dernières années, il pourrait se résumer à ceci : le secteur est riche en rebondissements mais pas en innovations.

Au bout du compte, il faut bien évidemment le leur concéder, les politiques congolais nourrissent pour leur pays de nobles ambitions. Dans le cas d’espèce, c’est bien quand ce pays qu’ils aiment tant et le proclament haut et fort traverse une période délicate qu’ils se doivent de le préserver de toute rupture d’équilibre. Dans le moment présent, leurs faits et gestes comptent, leurs discours comptent, leur courage à se surpasser est le plus attendu, afin qu’ils optent pour quelque chose comme un pacte républicain contre le retour aux démons de la violence. Tout un pari ! Ont-ils d’autres choix que de le tenir ? C’est leur responsabilité.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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