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Le renforcement des capacités institutionnelles est la clé du succès en Afrique

Lundi 9 Mai 2016 - 13:08

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L’Afrique a été confrontée l’année dernière à des défis importants aux niveaux économique, social et politique. La baisse des prix des matières premières, le ralentissement de la croissance sur plusieurs grands marchés, les crises politiques ainsi que  le léger fléchissement de la confiance des investisseurs ont incité les experts à remettre en question l’idée d’une Afrique en plein essor.

Toutefois, quelques événements ont suscité un regain d’optimisme, comme par exemple les élections démocratiques au Nigeria. Par ailleurs, l’Afrique a été la deuxième région du monde ayant reçu l’an dernier le plus d’investissements étrangers directs, entraînant la création d’un nombre significatif d’emplois sur le continent.

Ce tableau mitigé illustre bien  la diversité du continent et c’est dans ce contexte que nous continuons d’espérer voir émerger l’Afrique de demain que nous nous efforçons de bâtir. La Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) lutte pour que l’Afrique soit reconnue pour ses compétences économiques et socio-politiques, et pour que le continent soit doté d’institutions et de politiques efficaces grâce à des investissements soutenus. Mais l’Afrique y parviendra uniquement si les gouvernements et les institutions ont les moyens de tenir leurs promesses. 

L’ACBF a été créée pour répondre au cruel besoin de renforcer les capacités en Afrique, et pour investir dans le capital humain tant au niveau local qu'institutionnel sur le continent. Depuis 25 ans, l’ACBF travaille avec les gouvernements et d’autres acteurs dans 45 pays d’Afrique pour  formuler des politiques visant à mettre en œuvre des stratégies efficaces de renforcement des capacités sur le continent.

Une croissance inclusive et durable est possible mais elle nécessite une participation active de nombreux acteurs. Tout comme les peuples du continent veulent « Une Afrique pour les Africains », l’ACBF souhaite voir émerger une Afrique capable de réaliser son propre développement. Nous sommes convaincus, en tant qu’organisation panafricaine située en Afrique et dirigée par des experts africains, que les peuples d’Afrique possèdent un avantage inhérent car ils comprennent mieux d’où viennent les lacunes en termes de capacités et sont plus à même d’y remédier. 

Les pays africains savent qu’ils ne peuvent continuer à compter éternellement sur une assistance extérieure. Ils s’intéressent donc davantage aux solutions africaines, tout en exploitant l’expérience des  autres et en mobilisant les ressources locales. Dans ce but, les États membres de l’ACBF ont augmenté leur soutien financier à l’organisation, atteignant ainsi en 2015 le niveau de contribution le plus élevé dans l’histoire de la Fondation. Ils espèrent que leurs partenaires tiendront également leurs promesses.

Pour que le continent prospère, les pays doivent avoir la volonté de changer et de s’impliquer davantage. On constate aujourd’hui un changement d’attitude. L’Agenda 2063 de l’Union africaine exhorte les Africains à « tirer des leçons du passé, poursuivre les progrès réalisés et exploiter toutes les opportunités qui se présentent à moyen et long terme, afin de réaliser une transformation socio-économique positive d’ici les 50 prochaines années ». Cette stratégie globale vise à exploiter les ressources africaines au profit des peuples du continent. Elle insiste sur la nécessité de réveiller la passion pour le panafricanisme, et le sentiment d’unité, d’indépendance, et de solidarité qui ont permis les victoires du XXe siècle.

Il est essentiel de trouver des financements pour les programmes de renforcement des capacités. Les pays africains devraient allouer des fonds aux initiatives dans ce domaine, en fonction de leurs plans de développement. En tant que partenaire, nous souhaitons aider les gouvernements à définir et à  mettre en œuvre des politiques efficaces qui garantissent des résultats satisfaisants. Nous insistons aussi à faire collaborer ensemble les secteurs public et privé, les institutions du développement et les acteurs de la société civile.      

En plus d’œuvrer en faveur de l’autonomie des femmes et des jeunes, nous pensons que le suivi des politiques et des résultats joue un rôle clé dans l’amélioration de la vie des gens. Trop souvent, l’évaluation est considérée à part quand, en réalité, elle est essentielle à la mesure du succès d’un projet. Elle est cruciale pour fixer des objectifs réalistes et  rester souple quand les conditions extérieures changent. Au fil des ans, l’ACBF a appris que le renforcement des capacités nécessitait une approche différente d’un pays à l’autre pour être efficace. La capacité d’effectuer un suivi, d’obtenir des résultats et de mesurer les effets permet d’apprendre, d’innover et de juger les expériences.

Enfin, il faut savoir que le changement se fait progressivement. Malgré les obstacles que nous rencontrons, nous avons l’opportunité unique de faire une différence. Nous croyons dans l’avenir de l’Afrique – il suffit de travailler ensemble pour réussir.  

L’ACBF qui a fêté son 25e anniversaire à Harare du 3 au 5 mai 2016, aide à renforcer les capacités des gouvernements, des Parlements, de la société civile, du secteur privé et des institutions d'enseignement supérieur dans 45 pays et 6 communautés économiques régionales, en Afrique.

                                                              

 

Pr. Emmanuel Nnadozie,

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Édition Quotidienne (DB)

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