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Le réveil du panafricanisme

Samedi 5 Septembre 2015 - 15:11

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Évoquant pour les lecteurs des Dépêches de Brazzaville l’enjeu majeur que représentent les Onzièmes Jeux Africains, Denis Sassou N’Guesso soulignait, il y a quelques jours, dans nos colonnes donc, que cette compétition « perpétue le message du panafricanisme ». 

« Les Jeux Africains, rappelait-il, sont d’abord un message de lutte de libération de l’Afrique… Aujourd’hui, lorsque nous offrons ces installations à la jeunesse congolaise et africaine, c’est toujours le message du panafricanisme qui se perpétue, notre volonté de bâtir l’Afrique, d’unir la jeunesse africaine. Mais c’est aussi un message d’espoir » (1).

Ces paroles n’ont évidemment pas été prononcées par hasard à la veille d’un cinquantenaire qui braque sur Brazzaville les yeux de la planète entière. L’histoire, la grande Histoire, les retiendra car elles traduisent de façon claire la volonté  du président du Congo d’être demain, plus encore qu’hier, l’un des grands acteurs de l’émergence du continent.

Engagé depuis le début de sa carrière dans ce vaste mouvement, s’étant battu pour donner à son pays les moyens de se faire entendre sur la scène internationale malgré les faibles moyens dont celui-ci dispose, ayant à maintes reprises joué un rôle clé dans la gestion ou la prévention des conflits qui ensanglantent le continent, arrivant au terme d’un programme de reconstruction qui a refait du Congo l’un des pivots de l’Afrique centrale, Denis Sassou N’Guesso dit de façon claire que la grande aventure à laquelle il a voué sa vie se poursuivra dans les années à venir.

Les évènements qui marqueront la fin de l’année 2015 et le début de l’année 2016 permettront d’y voir plus clair dans la stratégie d’un homme d’État qui a toujours considéré que le développement de son pays ne serait possible que si celui-ci s’inscrit dans un cadre régional. Mais le discours qu’il tient publiquement, l’ampleur des manifestations qu’il organise autour des Jeux Africains, l’environnement médiatique qui l’accompagne ne laissent planer aucun doute sur le parcours qu’il entend suivre dans les années à venir. Avec, sans doute, quelques surprises de taille qui pourraient bien désarmer à bref délai ses détracteurs.

De la même façon que Nelson Mandela fit de la lutte contre l’apartheid l’un des symboles de la libération de l’Afrique et de la fin de l’ère coloniale, Denis Sassou N’Guesso entend aujourd’hui pousser le continent à se tailler dans le concert des nations une place à sa mesure présente et à venir. Alors que les lignes de force bougent rapidement au sein  de la communauté internationale il considère, à juste titre, que le moment est venu pour les Africains d’exprimer avec plus de force leurs espoirs et leurs ambitions, de gagner en influence dans les instances de la gouvernance mondiale, de prendre mieux en main la gestion des immenses ressources dont la nature les a comblés.

Au-delà donc du sport et des multiples compétitions qui se déroulent ces jours-ci dans les stades de Brazzaville, il convient de redoubler d’attention sur ce qui se dit et ce qui se fait dans le domaine de la diplomatie et de la communication. Une preuve, parmi bien d’autres, nous en a été fournie en fin de semaine dernière lorsque le premier quotidien français, Le Figaro, a publié sous le titre « La République du Congo dans les starting blocks » un numéro spécial de huit pages  diffusé à des centaines de milliers d’exemplaires et consacré au rôle que le Congo entend jouer dans l’émergence de l’Afrique centrale grâce à sa propre industrialisation.

Le panafricanisme est bien de retour, mais il vise cette fois à faire de l’Afrique le moteur d’un rééquilibrage des relations internationales qui, jusqu’à présent, ne profitaient qu’aux très grandes puissances.

Affaire à suivre de près !

 

  1.  Interview recueillie par Gankama N’Siah et publiée dans le numéro des Dépêches de Brazzaville daté du 3 septembre
Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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