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Le stade Félix-Éboué

Vendredi 3 Janvier 2014 - 4:47

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Jouxtant la basilique Sainte-Anne, autre propriété de l’Église catholique, le stade Éboué est situé à Poto-Poto, centre névralgique de la capitale congolaise. S’y concentrent deux grands marchés qui forment un supermarché en plein air, à l’animation incessante.

Le stade Félix-Éboué est un lieu incontournable du tourisme sportif et culturel de Brazzaville. Les habitants de cette ville se souviennent encore des joutes sportives héroïques et angoissantes qui eurent lieu dans cette arène qui connut des personnages aussi célèbres que : Roi de la Plaine (Mambéké-Boucher), Professeur (Massengo), Doktor Fu Manchu (Clément Massengo) Mobutu (Ambara Bérulle), Mulélé (Bernard Foundoux), Soumialot (Miéré Chine), (Seigneur) Kibongé, Maréchal (Jadot), (Technicien) Matoko, Sorcier (Malouema et Mbono Jean-Michel), Géomètre (Ndomba). Décidément, cette arène aime les sobriquets ou noms de guerre, comme les appelait feu Clément Massengo, journaliste émérite.

À l’évocation de ces noms, revient en mémoire la célèbre chanson de Franco La mode ya pius, connue des Brazzavillois sous le titre Tembé na tembé ekutani, qui ouvrait les joutes et ponctuait les pauses. Depuis quelques années, le stade Éboué abrite les manifestations du Fespam. Des personnages hauts en couleur, tels que Missile, Arafat, Chairman s’y produisent, avec d’autres, à cette occasion. Le stade Félix-Éboué, construit par l’architecte Roger Errel en 1944, est l’un des symboles architecturaux de Brazzaville. Les gargouilles sont l’œuvre du sculpteur congolais Benoît Konongo. La monumentale statue de Félix Éboué, posée en 1957, a été réalisée par le sculpteur français Jonchère.

Ce site tient son nom du gouverneur général de l’AEF, Adolphe-Sylvestre-Félix Éboué, né à Cayenne le 26 décembre 1889. Il est le premier homme de couleur à accéder à la fonction de gouverneur à l’époque coloniale. Il est décédé le 17 mai 1944 au Caire. Il était décrit par De Gaulle comme « un de ces Noirs ardemment français ». Le 20 mai, Félix Éboué devenait le premier Noir inhumé au Panthéon, en compagnie de Victor Schœlcher, à l’origine de l’abolition de l’esclavage.

Pour l’histoire, signalons que d’autres grands hommes français sont inhumés dans ce haut lieu parisien de la mémoire. Sous la Révolution : Voltaire, écrivain et philosophe (1791) ; Jean-Jacques Rousseau, écrivain et philosophe (1794).

Sous l’Empire : Tronchet, politique (1806) ; Petiet, militaire (1806) ; Bevière, politique (1807) ; Portalis, juriste et politique (1807) ; Resnier, écrivain et politique (1807) ; Choiseul-Praslin, homme politique (1808) ; Perregaux, banquier (1808) ; Malher, militaire (1808) ; Cabanis, médecin et philosophe (1808) ; Beguinot, militaire (1808) ; Caulaincourt, militaire (1808) ; Durrazo, militaire (1809) ; Papin, juriste et politique (1809) ; Vien, peintre (1809) ; Laboissière, militaire (1809) ; Morard de Galles, militaire (1809) ; Sers, politique (1809) ; Crétet, politique (1809) ; Le Blond de Saint-Hilaire, militaire (1810) ; Lannes, militaire (1810) ; Caprara, religieux (1810) ; Fleurieu de la Tourette, explorateur et politique (1810) ; Trielhard, juriste et politique (1810) ; Songis des Courbons, militaire (1811) ; Carlo Erskine, religieux (1811) ; Sénarmont, militaire (1811) ; Ordener, militaire (1811) ; Bougainville, explorateur (1811) ; Vincenti-Mareri, religieux (1811) ; Winter, militaire (1812) ; Dorsenne, militaire (1812) ; Lagrange, militaire (1813) ; Jacqueminot, politique (1813) ; Cossé-Brissac, militaire (1813) ; Justin de Viry, politique (1813) ; J. Rousseau, politique (1813) ; Walther, militaire (1813) ; Démeunier, politique (1814) ; Reynier, militaire (1814) ; Régnier, politique (1814) ; Legrand, militaire (1815) ; Thévenard, militaire (1815).

Sous la Restauration : Soufflot, architecte (1829).

Sous la IIIe République : Victor Hugo, écrivain et politique (1885) ; La Tour d’Auvergne-Corret, militaire (1889) ; L. Carnot, scientifique (1889) ; Baudin, médecin et politique (1889) ; Marceau, militaire (1889) ; S. Carnot, politique (1894) ; Marcellin, scientifique, enterré avec son épouse, Sophie Berthelot (1907) ; Zola, écrivain (1908) ; Gambetta, politique (1920) ; Jaurès, politique (1924) ; Painlevé, scientifique et politique (1933).

Sous la IVe République : Langevin, politique (1948) ; Perrin, scientifique (1948) ; Éboué, politique et résistant (1949) ; Schœlcher, politique, inhumé avec son père, Marc (1949) ; Braille, scientifique (1952). Sous la Ve République : Moulin, politique (1964) ; Cassin, politique (1987) ; Jean Monnet, politique (1988) ; Grégoire, religieux et politique (1989) ; Monge, scientifique (1989) ; Condorcet, philosophe et politique (1989) ; Marie et Pierre Curie, scientifiques 1995) ; Malraux, écrivain et politique (1996) ; Dumas, écrivain (2002).

Sur le fronton du Panthéon, on peut lire : Aux grands hommes, la nation reconnaissante. Sur celui du stade Éboué, on pourrait écrire : Que cet endroit continue de nous procurer beaucoup de joie et de plaisir.

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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