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Le vote

Samedi 20 Septembre 2014 - 8:16

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Voter est un acte citoyen. De nombreux peuples se sont battus pour pouvoir exercer ce droit. « Un homme,  une voix » est, depuis des années, le leitmotiv démocratique, pour bien marquer l’importance de l’acte de voter qui, en plus d’être un droit, est aussi un devoir. C’est l’accomplissement de ce devoir qui permet de participer à la vie de la nation.

Dans une République où « l’autorité souveraine appartient au Peuple », chacun a le devoir de participer, par son vote, à l’élection de ceux qui gouvernent le pays et perfectionnent les lois. S’abstenir de voter par indifférence ou paresse, c’est renoncer à sa qualité de citoyen. Celui qui ne vote pas se retranche lui-même de la communauté nationale ; il perd moralement le droit de se déclarer Congolais. S’abstenir de voter par système est encore bien pire, car c’est nier l’ensemble des institutions ; c’est combattre sa propre patrie, c’est en quelque sorte trahir. Une jeune démocratie a besoin, plus qu’une autre, du soutien de tous ses enfants.

La répétition est la mère des sciences, nous allons donc répéter ce que nous avons déjà dit au sujet du vote dans un Brin d’Histoire précédent. C’est en 1945, donc assez récent comme repère, que les Congolais eurent le droit de voter pour la première fois au moyen-Congo, en octobre, à l’occasion des premières élections pour la désignation d’un député devant siéger à Paris, avec d’autres constituants, à la première assemblée constituante française. Deux collèges distincts devaient élire chacun son représentant. Le premier collège pour les citoyens français, et le deuxième, pour les autochtones, de statut local. Les Congolais Félix Tchicaya, Emmanuel Dadet, Hubert Lounda, Jacques Opangault, René Nzonza et Pierre de Boampire furent candidats à cette élection. Les territoires du Gabon et du Moyen-Congo ne constituant, pour la circonstance, qu’une seule circonscription électorale, ces candidats s’opposèrent donc aux Gabonais. Au premier tour du scrutin, aucun candidat n’ayant pu obtenir la majorité, un deuxième tour s’imposait. Tchicaya fut retenu comme unique candidat contre les Gabonais qui s’étripaient (Jean-Hilaire Aubame, Émile Issembe et Louis Bignam). Pour la circonstance, Hubert Lounda, Emmanuel Dadet, Prosper Décorads, Jacques Malonga, Dominique Sombo-Dibélé et d’autres jeunes de l’époque firent front. Belle leçon d’humilité qui contraste avec l’arrogance de la classe politique actuelle. Jean-Félix Tchicaya devint, après le second tour du scrutin, le premier député du Gabon-Congo. Pour mémoire, il faut rappeler que c’est aussi le 21 octobre 1945 que les femmes eurent désormais le droit de voter.

Mais le vote, symbole de la démocratie, depuis quelques années, est boudé par les électeurs et peu de pays y échappent. « Un symptôme éclairant en est la poussée de l’abstention qui atteint des seuils spectaculaires, au point qu’il n’est pas rare que près de la moitié des électeurs boudent les urnes ». On est en présence de ce que l’on appelle « l’impuissance politique »,  incapable de combattre le  désenchantement du public. Certains acteurs politiques, peu crédibles, surfent sur la vague de la défiance des électeurs, pour se donner des airs de leaders d’opinion et s’inventer un charisme qui leur fait défaut, en réalité.

Au-delà de leurs simagrées, les élections continuent d’être boudées, vraisemblablement par lassitude et un désintérêt croissant du public pour la politique politicienne et les frasques de ses acteurs. D’où, la nécessité de revenir aux fondamentaux de l’instruction civique pour contrer cette inclination des électeurs à rester à la maison au lieu d’aller voter. La démocratie en pâtit inévitablement.

Visiblement, les partis de l’échiquier ont abdiqué leur rôle de formation à la citoyenneté. Mais en ont-ils les moyens aujourd’hui ? Assurément, non. Les militants, désormais transformés en  clients, vont au plus offrant enchérisseur. Soumis aux mêmes contraintes mercantilistes, les partis, quant à eux, deviennent indiscernables. C’est la vie démocratique qui est ainsi tragiquement phagocytée. La refondation de l’espace public et des mœurs politiques devient une urgence pour un nouvel ordre politique.

MFUMU

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