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Le vrai visage des autosuffisants intellectuels

Lundi 17 Février 2014 - 0:44

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Ils sont dans tous les domaines de la vie : la littérature, la presse, l’administration, l’enseignement, la police, la médecine, le sport, les finances, la politique, et bien d’autres. Ces gens-là croient tout connaître et tout savoir et ont du mal à constituer une sphère compacte avec les autres dans les administrations, car ils rejettent toutes propositions, les bonnes idées ne pouvant venir que d’eux. Ils alimentent ainsi leur sentiment de supériorité et ne s’embarrassent pas d’apprendre des autres.

Faisant fi des débats d’école et dans les termes les plus simples, on peut appeler intellectuel une personne qui exerce sa pensée et la partage en étant ouverte aux critiques d’autrui pour s’amender. Mais si ces autosuffisants intellectuels ne veulent pas que leurs connaissances soient revues par les autres, en revanche ils sont des spécialistes du rejet de ce que fait autrui. Une chose est vraie : le côté négatif de l’autosuffisance intellectuelle est l’autodestruction intellectuelle qui n’est autre que le superlatif du refus des connaissances d’autrui.

« Même monter un procès verbal, tu n’y arrives pas. Alors qu’est-ce que tu as appris là-bas avant de venir ici ? » « Ah, ça, je connais déjà ! » Ces propos sont ceux de deux autosuffisants intellectuels que l’on a pu entendre dans une administration. Ce genre de propos finit toujours par faire fuir, car leurs auteurs se disent omniscients et ne peuvent apprendre des autres. Dans notre cas, il s’agit de deux stagiaires qui avaient quitté une entité à cause de ces propos « venimeux ». Erreur et illusion, les autosuffisants intellectuels croient maîtriser le savoir du domaine dans lequel ils exercent. Si cela était, la connaissance serait complète, et on ne parlerait plus de séminaires de formation et/ou de recyclage dans les différentes couches du savoir. Que ce soit en médecine ou en agronomie, en journalisme ou en syndicalisme, on a toujours soif de se perfectionner même si l’on est déjà à un grade supérieur. Alors ceux qui ont ce genre de comportements feraient bien d’en changer.

Il faut voir comment ils se comportent dans les réunions, assemblées et séminaires. Ces autosuffisants intellectuels frôlent la honte. Ils sont loquaces, bavards, opiniâtres même si leur argumentaire est solidement réfuté. Et si la parole leur est accordée pour dire un mot sur le contenu des propositions des autres, ils trouvent là l’occasion de tout rejeter, même s’il y a de la substance dans ce qui a été développé par autrui. Les autosuffisants intellectuels sont de vrais nihilistes et de vrais boudeurs. Ils sont vite détectés par les autres lors des rencontres et causeries en raison de leurs agissements stériles. Et le plus souvent, ces autosuffisants intellectuels, insatisfaits parce que réduits en minorité, trouvent d’autres occasions pour développer leur point de vue, pourtant au contenu non essentiel, tel que reconnu par les autres. Ils ont toujours des grincements de dents et une attitude bizarre lorsque ce sont les autres qui ont réussi à donner de bons détails sur une quelconque analyse.

Une chose est claire, il est difficile pour l’humain de maîtriser le savoir même dans son propre domaine, car on peut toujours se tromper. L’enseignant se trompe, le médecin se trompe, l’avocat se trompe, le rédacteur se trompe, l’économiste se trompe, le philosophe se trompe, l’administrateur se trompe, le savant se trompe, l’écrivain se trompe, et pourtant tous ont appris. La nature de l’homme est ainsi faite. Donc les autosuffisants intellectuels ne devraient pas se moquer de ceux qui laissent passer des erreurs dans tel ou tel domaine d’activité, mais plutôt les amener sans bruit à corriger ces erreurs, l’essentiel étant qu’ils acceptent de se remettre en cause. C’est de cette façon que l’autosuffisant intellectuel peut se débarrasser de ses attitudes hautaines.

Étant donné que chaque domaine d’activité comporte un certain nombre de connaissances et savoirs illimités, il est difficile d’arriver à ce genre de personnage « idéal type » qui maîtriserait tout dans son domaine d’activité. Cessons donc l’autosuffisance intellectuelle, car elle est un mal qui ronge, et son excès est de l’auto-destruction intellectuelle.

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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