Léopards de la RDC : Florent Ibenge critiqué à tort ou à raison ?

Mercredi 18 Novembre 2015 - 17:00

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Le sélectionneur des Léopards de la RDC, Florent Ibenge, fait de plus en plus l'objet des critiques par rapport à la prestation des Léopards depuis la médaille de bronze obtenue à la Coupe d’Afrique des nations, Guinée Équatoriale 2015.

Les critiques ont encore plus fusé à lors du dernier match nul de la sélection RD-congolaise le  15 novembre au stade des Martyrs (ouvert spécialement pour cette rencontre). Les Léopards ont été tenus en échec par les Hirondelles du Burundi en match retour du deuxième tour des éliminatoires de la Coupe du monde Russie 2018, par deux buts partout. La sélection dirigée par Florent Ibenge a mené à deux reprises au tableau d’affichage pour se faire rejoindre à chaque fois. Et au cours de cette rencontre, les Léopards ont été privés du ballon pendant de longues minutes, laissant pratiquement la direction du jeu aux Burundais visiblement très à l’aise comme s’ils jouaient à domicile. Et pourtant, trois jours avant, ils avaient perdu à domicile par deux buts à trois. En fin de compte, la RDC s’est qualifiée pour le dernier tour des éliminatoires.

Victime de ses choix et cumul des fonctions…

Visiblement, le patron du staff technique national est la cible des opinions hostiles, d’abord pour ses choix tactiques, et ensuite pour le cumul de ses fonctions. Florent Ibenge, indiquent les critiqueurs, n’utiliserait pas à bon escient les joueurs pourtant très talentueux qu’il a sous la main. C’est le cas du défenseur Chancel Mbemba de Newcastle en Angleterre. Ce dernier joue dans la charnière centrale chez les Magpies, tantôt sur le côté gauche. Mais en sélection, Mbemba joue le rôle de récupérateur et même de relayeur. Pour eux, l’ancien joueur d’Anderlecht et du FC MK de Kinshasa devrait revenir dans la défense centrale, position à laquelle il excelle. Et toujours par rapport aux joueurs, ces critiques fustigent le petit nombre des joueurs évoluant au pays communément appelés les « Locaux» dans la sélection A, et particulièrement dans le rang des titulaires. En ce qui concerne la deuxième remontrance de ces frondeurs, Florent Ibenge n’assume plus son rôle de sélectionneur des Léopards A’ à cause du cumul de trois fonctions, avec en sus de la première, celles d’entraîneur principal de l’AS V.Club et récemment de sélectionneur des Léopards locaux qui s’apprêtent à prendre part à la phase finale de la quatrième édition du Championnat d’Afrique des nations (Chan) prévue pour janvier et février 2016 au Rwanda. Pour ces opinions farouches à l’encontre du sélectionneur des Léopards, cette multiplicité des charges influe négativement sur le rendement d’Ibenge. Les plus farouches réclament même son départ de la tête des Léopards en faveur d’un sélectionneur « blanc». Comme le dit un analyste sportif, Ibenge semble être victime du « syndrome Raymond Domenech », sélectionneur français, critiqué sévèrement dans la presse pour ses choix ; cependant, il a amené la France en finale d’une Coupe du monde (Allemagne 2006).

Ibenge, « homme de la situation »

L’on se doit ici de rappeler les critères de sélection des joueurs que le sélectionneur des Léopards avait évoqués une fois devant la presse. Il s’agit entre autres de la forme et compétitivité du joueur, du championnat dans lequel évolue, de son état d’esprit et sa vie de groupe, etc. Ces critiques citent certains joueurs qu’Ibenge aurait dû convoquer, comme Trésor Mputu, Alain Kaluyitukadioko, Matumona Zola, et même certains joueurs évoluant dans des clubs de l’Entente provinciale de football de Kinshasa (Epfkin) ! Le sélectionneur avait mentionné qu’il a beaucoup de respect pour les joueurs cités qui ont servi de manière exemplaire le pays par leur talent. Et pour cela, il ne peut pas les convoquer pour qu’ils cirent le banc des remplaçants. Cela nuirait même à leur image. Par ailleurs, arguait-il une fois, on ne peut pas, alors pas du tout, comparer un joueur qui évolue à l’Epfkin avec un jeune formé au Paris Saint Germain en France par exemple, ou un jeune qui joue au championnat belge et qui a joué la totalité des matchs d’une saison régulière. Il n’y a donc pas photo, d’autant plus qu’avec la sélection, on est appelé à s’opposer avec les meilleurs de chaque nation africaine dans les éliminatoires.

L’on doit le souligner, une très importante frange des joueurs binationaux talentueux a rejoint la sélection après l’arrivée d’Ibenge à la tête du staff technique des Léopards. C’est le cas de Rémy Mulumba, Cédric Bakambu, Joël Kiassumbua, Fabrice Nsakala, Chris Mavinga, Paul-José Mpoku, Abel Tamata, Jordan Botaka, Jordan Nkololo, etc. Rappelons-le par ailleurs, Florent Ibenge était là, à côté d’Otis N’Goma, à l’arrivée de la génération Marbella en 2008. Il connait donc ces joueurs qu’il suit depuis des années. Lorsqu’il fait des choix, l’on peut croire qu’ils sont judicieux par rapport à ce qu’il a en mains, encore qu’en tant qu’humain, il peut faire des erreurs, et que le droit à l’erreur peut aussi être de mise.

Quant à ses choix tactiques, Ibenge a opté pour le 4-3-3. Il lui arrive d’essayer le 4-4-2. Mais ces dispositifs tactiques sont tributaires des joueurs dont on dispose ; tout technicien de football le sait. Doit-on essuyé des critiques par rapport à ses choix ou par rapport aux résultats dont on réalise ? Et s’il choisit de mettre Chancel Mbemba au milieu de terrain, c’est certainement parce que ce joueur a d’énormes qualités et surtout qu’il est polyvalent, capable de jouer au milieu de terrain, lui qui a même été à ses débuts un joueur offensif.

En tout cas, l’imaginaire sportif congolais a souvenance qu’Ibenge et Zahera ont amené les Léopards à la première marche du podium de la Coupe d’Afrique des nations 2015, après des éliminatoires très relevées dans un groupe où l’on retrouvait la Côte d’Ivoire, future championne d’Afrique, et le Cameroun, grosse nation du football africain. Et encore que ces deux pays devraient livrer une mi-temps de complaisance pour assurer leur qualification. On lui reproche d’avoir accaparé le poste du sélectionneur des Léopards locaux, alors qu’il est déjà avec la sélection A. Mais est-ce qu’il a demandé d’être responsabilisé par la Fédération congolaise de football association (Fecofa) qui nomme les sélectionneurs ? Peut-être devrait-il refuser. Mais sait-on qu’il s’agit ici d’une mission lui confier par l’Etat congolais ? Et comment refuser cela ? Si la Fecofa trouvait qu’il est si surchargé, elle allait lui retirer cette responsabilité.

Mais l’on doit dire qu’après la victoire de 2009 en Côte d’Ivoire, les Léopards locaux font grise mine dans les phases compétitions du Chan. Si l’on doit s’interdire d’avoir la mémoire courte, on dirait qu’en trois ans de présence dans le football congolais, Florent Ibenge a disputé une finale de Ligue des champions d’Afrique avec V.Club (perdue en 2014 face à Entente Sétif d’Algérie), 33 ans après la finale perdue contre l’ex-Jeunesse électronique de Tizi-Ouzou d’Algérie (actuel Jeunesse sportive de Kabylie) ; Ibenge, c’est aussi une troisième place, synonyme de médaille de bronze, avec les Léopards de la RDC à la CAN 2015. La dernière fois que la RDC a été sur le podium de la CAN, c’était en 1998, donc il y a 17 ans. «C’est l’homme de la situation», clament avec argumentaire ceux qui soutiennent le seul sélectionneur de ces dernières lustres à avoir déclaré haut et fort son ambition d’amener les Léopards à la phase finale de la prochaine Coupe du monde de football en 2018 en Russie.

Martin Enyimo

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