Opinion

  • Humeur

"Les dons reçus seront utilisés à bon escient". Qu'en est-il en réalité ?

Samedi 23 Août 2014 - 19:12

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Cette phrase revient chaque fois lors des remises de divers dons aux innombrables structures sociales. Question : cette phrase est-elle respectée à la lettre lorsqu’on sait que certains dons reçus sont souvent classés dans la propriété privée des responsables des structures bénéficiaires ? C'est ainsi que des véhicules sont envoyés dans les courses privées de certains gestionnaires des structures, ou ds ordinateurs meubler les salons privés alors qu'ils devaient être placés dans des salles d'apprentissage ou de formation, etc. Encore que lorsqu’il s’agit des véhicules, les responsables intermédiaires les prennent comme leur patrimoine, sans gène aucune. Et il faut les voir les utiliser, sur les routes nationales, pour des excursions ou des activités qui n’ont rien à voir avec le boulot.

En passant, saluons cet éveil citoyen et cet élan de solidarité humaniste qui se constatent à travers le pays. Car il est rare de passer deux ou trois semaines sans voir à la télévision ou écouter à la radio que telle personnalité ou telle organisation non gouvernementale ou association ou tel responsable politique s’est rendu dans tel district ou tel village où il a fait des dons. Ces dons sont faits soit aux orphelinats, soit aux centres médico-sociaux, soit aux groupements agricoles, aux organisations des pêcheurs, aux personnes vulnérables et aux personnes de 3ème âge. Ces dons sont pour la plupart, des médicaments pharmaceutiques, du matériel hospitalier ambulatoire, des objets et fournitures agricoles, des quantités énormes d’aliments, d’habits et autres provisions, des enveloppes d’argent pour appuyer une quelconque initiative, des fournitures scolaires, des moyens roulants, des machines, etc. 

Après réception de ces dons,  une chose est certaine, certains sont vendus à des tierces personnes et n'arrivent jamais aux mains des vrais destinataires. Le vrai problème reste donc le suivi de la trajectoire que peuvent prendre ces dons, car comment comprendre que quelques mois après qu’une structure sociale donnée a reçu des dons, ses membres restent toujours plaintifs ? Pire encore, s’il s’agit soit du matériel de pêche ou d’agriculture ou des vivres, les critères mis en exergue sont fantaisistes avec la célèbre phrase : « il faut attendre un autre tour, car ceux-ci ne peuvent pas satisfaire tout le monde. »

Cet appel, nous le lançons aux mécènes et aux organismes internationaux à savoir le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Unicef, Médecins sans frontières, FAO et autres afin qu’ils ne s’arrêtent pas seulement au niveau de la remise des dons mais qu’ils aillent au-delà, sur le terrain, pour se rendre compte si ces aliments, médicaments ou moyens roulants sont bien arrivés aux vulnérables qui en ont exprimé le besoin. Et dire que parmi les structurtes bénéficiaires ou qui reçoivent, on peut citer des ministères, des directions générales, les administrations publiques ou privées, etc. Fait curieux, quand les dons ne sont pas vite détournés, ils restent des mois entiers dans les bureaux, dit-on, faute de moyens financiers pour les acheminer vers les villages concernés. Un mécanisme mis en place pour détourner les dons.

Quant aux fournitures de bureaux, à dire vrai de nombreuses structures sont restées à moitié équipées alors qu'elles reçoivent des dons dans de nombreuses occasions, à cause de la cupidité notoire de ceux qui sont à la tête de celles-ci. Sans honte aucune, ces gens-là gèrent même des petites structures de fortunes parallèles, lieu où facilement peuvent être désorientés les ordinateurs, tables, imprimantes, documentations, rames de papiers et autres accessoires composant le don reçu.

Ces efforts, bien louables, car ils appuient ceux de l’État dans le souci d’aller au développement tous azimuts, sont quelque part annihilés par ceux qui détournent des dons reçus à des fins personnelles. Le don fait à une structure n’est pas une affaire du chef de la structure ; il est l’affaire de toute la structure ou de tous ceux qui la composent.

 

 

 

                                             

                                                      

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Humeur : les derniers articles