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Les enjeux stratégiques du Bassin du Congo

Samedi 11 Juin 2016 - 14:04

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Les anciennes puissances coloniales, la France en particulier, qui croient pouvoir influer sur le destin de l'Afrique centrale comme elles le firent à l'époque coloniale feraient bien de mesurer l'enjeu de la partie stratégique qui se joue actuellement dans cette partie du continent. Puis, ce travail étant fait, elles seraient sages de tout mettre en œuvre afin d'aider les gouvernements de la région à mettre un terme aux tentatives de déstabilisation qui se multiplient ici comme ailleurs sur le continent.

Si elles ne le font pas et laissent des aventuriers tenter de semer le désordre là où règne la paix, la communauté internationale dans son ensemble se trouvera très vite confrontée à des désordres infiniment plus graves que ceux qu’elles ont provoqués hier en favorisant l’implosion de la Libye. En n'aidant pas les gouvernements africains à combattre les agressions directes ou indirectes qui menacent leur stabilité intérieure elles se préparent des lendemains douloureux avec, d'une part, l'accélération de l'immigration sauvage vers leurs territoires à travers la Méditerranée et, d'autre part, la transformation des banlieues de leurs grandes cités en sites de non droit où se forme le terrorisme.

Les crises qui dévastent le Mali et la Centrafrique, qui menacent le Tchad, le Niger et le Cameroun, qui déstabilisent la République démocratique du Congo sont là pour démontrer que l'ignorance, la méconnaissance, mais aussi le laxisme dont fait preuve l’Union Européenne face aux dangers qui menacent le continent sont proprement suicidaires. Elles portent en elles un avertissement que les autorités européennes se doivent de prendre en compte si elles veulent épargner de grands troubles à leurs propres populations dans le proche avenir.

Que convient-il de faire dans un tel contexte, dira-t-on ?

Ceci énoncé en termes non diplomatiques mais que les spécialistes pourraient aisément traduire en actes concrets s’ils prennent enfin la mesure du risque que fait courir à l’Europe sa méconnaissance des réalités africaines.

1) Cesser une fois pour toutes de donner des leçons de bonne gouvernance à des pays qui avancent pas à pas sur la voie de la démocratie, mais qui le font de façon infiniment plus rapide que ne le firent les nations européennes tout au long des siècles précédents.

2)  Bloquer par les voies légales mais avec la plus grande fermeté les actions de déstabilisation que mènent à partir de leur propre sol les organisations non gouvernementales quelques peu sulfureuses et les petits groupes d'aventuriers qui s'emploient à semer le désordre en Afrique.

3)  Aider les pays africains à se faire au sein des institutions internationales une place qui corresponde à leur poids humain, économique, écologique et soutenir leur démarche visant à s’installer au cœur même de la gouvernance mondiale, à savoir le Conseil de sécurité des Nations unies.

4) Accompagner autrement qu'en paroles les pays du Sud dans l'édification de communautés régionales viables qui leur permettront de mutualiser leurs moyens et de se défendre contre les tentatives de déstabilisation qui les ciblent en se dotant des institutions nécessaires.

5) Soutenir financièrement et techniquement la lutte pour la protection de la nature et la défense de l’environnement que mènent les pays comme le Congo et dont dépend à très court terme la survie de l’humanité comme le démontrent les experts de l’écologie.

Voyons si la vieille Europe va enfin comprendre qu’il est temps pour elle de s’informer à bonne source et de prendre les mesures qui s’imposent si elle veut continuer à dialoguer avec l’Afrique en général, le Bassin du Congo en particulier.

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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