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Les enseignements de la visite du Cardinal Pietro Parolin à Brazzaville

Samedi 4 Février 2017 - 16:26

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Le fait que le Cardinal Pietro Parolin ait passé quatre jours à Brazzaville la semaine dernière envoie un signal fort à la communauté chrétienne dans son ensemble. Très proche collaborateur du Pape François à Rome, ayant une longue pratique des plus hautes institutions de l'Eglise, rompu de surcroit aux subtilités de la diplomatie à l'échelle planétaire, le secrétaire d'Etat du Saint-Siège a marqué, en effet, de façon claire que le Congo est perçu aujourd’hui par le Vatican comme un acteur essentiel de l’émergence des peuples dans cette partie du monde.

Tous ceux qui ont suivi sur le terrain, jour après jour, les gestes ayant marqué la visite du Cardinal à Brazzaville ont été frappés tout à la fois par la simplicité de l’homme et par l'attention qu’il porte aux réalités du terrain. Même si, bien évidemment, les journalistes que nous sommes n’ont pas assisté aux entretiens officiels ou officieux ayant jalonné son séjour dans la capitale congolaise, ils ont noté tout à la fois sa capacité d'écoute en qualité de ministre des Affaires étrangères du Vatican et sa parfaite connaissance des dossiers qui lui étaient soumis.

Alors que Pietro Parolin vient de regagner Rome, quels enseignements peut-on tirer à chaud de l'évènement que nous venons de vivre ? Ceux-ci qui ne reposent ni sur des indiscrétions, ni sur des confidences mais sur la simple observation des gestes accomplis par le prélat romain durant son séjour à Brazzaville et qui ne sont probablement pas très éloignés de la réalité.

° Le premier de ces enseignements est que l'Eglise catholique a pleinement conscience, aujourd'hui, des dangers qui menacent la paix et la stabilité de la région au cœur de laquelle se trouve le Congo. Parfaitement renseignées sur les risques que portent en elles les haines ethniques et religieuses qui sévissent toujours dans cette partie du monde, ses plus hautes autorités savent que tout doit être mis en œuvre afin de préserver la paix et de prévenir la réédition de génocides semblables à celui qui dévasta le Rwanda il y a vingt ans.

° Le deuxième enseignement résulte de ce que le Congo a su combattre sur son propre sol les mauvais démons qui l’entrainaient vers le chaos dans les dernières années du siècle précédent. Fort de cette expérience tragique, sa plus haute autorité, le président Denis Sassou N'Guesso est perçu à Rome comme un homme d’Etat qui s'emploie à ramener ou à maintenir la paix partout où elle se trouve menacée en Afrique centrale, avec un succès certain comme on l'a vu en Centrafrique et en République démocratique du Congo. Il convient donc de l'assister dans cette longue et difficile démarche en faveur de la paix.

° Le troisième enseignement tient au fait que l'immense Bassin du Congo, où vit l'une des plus grandes communautés chrétiennes de la planète, doit à tout prix être accompagné lui aussi dans sa longue marche vers le développement. Une assistance matérielle, bien sûr, qui doit être marquée sur le plan social par des initiatives multiples, mais également et plus encore même sur le plan spirituel étant donné l'importance que continuent d'avoir dans cette partie du monde les croyances, les rites, les traditions des différents peuples qui le composent.

De ces différents enseignements ressort, pour nous en tout cas, l'idée selon laquelle la visite du Cardinal Pietro Parolin sera sans doute suivie rapidement par des gestes forts du Pape François lui-même qui, bien sûr, se tient informé de ce qui se passe en Afrique centrale et qui, par conséquent, mesure pleinement l'enjeu que celle-ci représente pour l'Eglise catholique. Pour dire les choses clairement mais sans en avoir encore la moindre preuve, elle nous semble préfigurer la venue prochaine du Souverain Pontife sur les deux rives du fleuve Congo.

Les mois à venir diront si ce pronostic est juste, mais il est évident que la visite de quatre jours effectuée la semaine dernière à Brazzaville par le secrétaire d'Etat du Saint-Siège témoigne de l'attention croissante que suscite à Rome l'Afrique centrale. Et aussi, bien sûr, de la volonté des plus hautes autorités de l’Eglise catholique de resserrer leurs liens avec l’Afrique centrale en général, avec le Congo en particulier.

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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