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Les "grands" se parlent à nouveau

Samedi 21 Novembre 2015 - 14:46

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Les attentats de Paris revendiqués par l’Organisation Etat islamique ont eu pour effet de briser la glace qui gelait les relations entre la France, les Etats-Unis et la Russie. Au pas de charge, presque, les dirigeants de ces trois pays qui sont parmi les plus puissants du monde, concoctent ensemble un plan de riposte contre le mouvement djihadiste implanté entre la Syrie et l’Irak, dont l’activisme déborde les frontières de son enracinement territorial.

Mieux vaut tard que jamais : François Hollande, Barack Obama et Vladimir Poutine appellent désormais à la mise en place d’une grande coalition internationale contre le terrorisme. Cette semaine, le président français se rendra aux Etats-Unis pour des entretiens avec son homologue américain, puis à Moscou où l’attend le chef de l’Etat russe. Il y a quelques semaines encore, devant le chaos qui s’amplifie en territoires syrien et irakien, Paris, Washington et Moscou jouaient sur les principes immuables de leurs intérêts géostratégiques hérités de la guerre froide pour ne pas voir venir le mal.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est bien cette mésentente trop longue entre les « grands » qui a donné le temps aux mouvements incontrôlés de se constituer une base étatique à partir de laquelle ils planifient des attaques dans des pays ou des objectifs cibles. Et, si l’Elysée, la maison Blanche et le Kremlin se parlent à nouveau c’est qu’ils réalisent  que leurs options du départ contre la menace terroriste n’ont pas été déterminantes, que fonctionner comme ils l’avaient fait jusque-là, de façon dispersée, ne pouvait que prolonger une guerre d’usure qui affecte désormais plusieurs régions du monde.

Depuis des mois, en effet, les Etats-Unis et la France frappent les positions de l’organisation terrorisme incriminée, la Russie s’est engouffrée à son tour dans la brèche, sans que les bombes larguées depuis le ciel ne parviennent à réduire, de façon décisive, la capacité de nuisance de l’EI. Bien au contraire, ce mouvement  qui contrôle un immense territoire réputé riche en ressources pétrolières recrute ses partisans à tour de bras qu’il utilise ensuite pour des opérations kamikazes diversifiées.

Les attaques du 13 novembre à Paris, et bien avant elles, de nombreuses tentatives avortées ou encore la destruction en vol de l’avion de ligne russe, le 31 octobre, à Charm El-Sheikh, en Egypte, participent de cette volonté pour l’organisation terroriste de montrer que son champ d’action est vaste. Dès lors, pour les pays visés, ratisser large dans la mobilisation des contributeurs à l’effort de guerre et mutualiser les forces deviennent un impératif. Sur le principe de venir à bout des djihadistes de l’EI, un accord se profile donc entre les puissances occidentales et la Russie. Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, en revanche, est l’après-guerre.

Il semble que tout en décidant de combattre les terroristes, les stratèges des trois pays cités ne se privent pas de s’interroger sur l’avenir de la Syrie. Principale pomme de discorde, le rôle que devra jouer le président syrien, Bachar –Al Assad présenté par Paris et Washington comme la source du problème, alors que pour Moscou, il peut aider à sortir de l’impasse. C’est le côté fragilisant de la « grande coalition » envisagée contre l’EI mais sans doute aussi contre d’autres mouvements armés qui opèrent en Irak et en Syrie. Attention à ne pas ouvrir la voie à l’enlisement !

Gankama N'Siah

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