Les immortelles chansons d’Afrique : « Constatation » de Djeinga-k

Vendredi 11 Décembre 2020 - 10:48

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Espérant Kisangani, communément appelé Djeinga-k, est un auteur-compositeur fécond et chanteur de la rive gauche du fleuve Congo dont les chansons aux accents rumba se distinguent par leurs contenus moralisateurs. Il sort, en juin 1985, un maxi 45 tours, référencé NM1, dans lequel figure un morceau fracassant : « Constatation ».

Enregistré en Belgique au studio DES, ce disque est réalisé avec la participation de l’artiste Lita Bembo comme conseiller artistique. Ce maxi 45 tours sera autoproduit par Espérant sous le label « YE-MEI ». Pour la petite histoire, lorsque Djeinga- k eut fini avec le mixage de ce disque, il n’avait pas encore trouvé la dénomination de son label. C’est Lita Bembo qui lui suggéra le nom de « YE-MEI ». En effet, en Lingala, « YE-MEI » se traduit par « lui-même ». Ainsi, « YE-MEI Production » fait allusion à « lui-même à la production ».

« Constatation » est l’autopsie de la société zaïroise des années 80. L’observation faite par l’auteur reste toujours d’actualité. Dans cette mélopée, le chanteur s’intéresse à tous les aspects du monde où nous vivons. Il le contemple les yeux ouverts, et nous dit ce qu’il croit, ce qu’il voit et ce qu’il a vécu. « Passé ya moto ezali nostalgique, ezali histoire ekotikala, kasi l’avenir eyebana te. Liwa ya moto ezali surprise se lokola lisano bato babandi kolela. Réussite ya moto ezali surprise se lokola lisano bato babandi kokamua o mama. Pasi ya mokili eponi moto te, pasi ya mokili ezali ya moto nyonso. Na constaté lisusu boye, na moni lisusu boye, bato ya mokili maloba se koloba ozanga mbongo bato bakoseka, ozala na nzibu bato ba kokumisa ». « Le passé d’une personne est nostalgique, c’est une histoire qui reste, mais son avenir ne peut être connu. La mort de quelqu’un est une surprise, comme la blague, les gens se mettent à pleurer. La réussite d’une personne est une surprise, comme la blague, les gens commencent à s’étonner. La souffrance de ce monde ne choisit personne, la souffrance ici-bas appartient à tout le monde. J’ai encore constaté ceci, j’ai encore vu ceci, les gens de ce monde parlent n’importe comment. Quand tu n’as pas de sous ils se moquent de toi, quand tu as l’argent ils te louent ».

Avec cette chanson, l’artiste fut au cœur d’un buzz retentissant dans la moitié de la décennie 80. Aujourd’hui encore, on écoute ce tube dans les veillées mortuaires. Il faut, cependant, signaler que l’artiste avait puisé son inspiration dans la bible, précisément dans le livre d’Ecclésiaste.

Né le 15 janvier 1953, à Aketi, en R.D.C, Djeinga Kisangani, prendra pour blaze Espérant et Djeinga-k, « k » comme Kisangani. Mais lui-même écrivait Djeinga-Ka. Son nom commence à se faire entendre dans le groupe Map’s et sa renommée va poindre dans Tabu National en 1969 et Afrizam en 1974. Sa notoriété va exploser dans Viva la Musica, en 1977. Il est, en 1981, cofondateur de Langa Langa Stars. En 1983, il se rendra en Europe où il s’installera et signera quelques maxi 45 tours et albums, notamment son dernier, « Que viva la fiesta », sorti en 1993. Il mourra le 13 février 1995.  

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

pochette de l'album

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