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Les Jeux africains

Jeudi 26 Février 2015 - 14:22

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Brazzaville abritera, dans quelques mois, les Jeux du cinquantenaire. Il m’a paru opportun de faire un flash-back sur l’origine de cet événement sportif majeur en Afrique.

C’est en novembre 1959 qu’une commission interministérielle, réunie au Haut-commissariat à la Jeunesse et aux Sports français à Paris, décidait de créer des « Jeux Africains » qui deviendraient l’équivalent de grands jeux internationaux. Ils reçurent le nom de « Jeux de la Communauté ».

Les premiers jeux du nom eurent lieu à Tananarive (Madagascar) du 13 au 19 avril 1960. Du 24 au 31 décembre 1961, ce fut au tour d’Abidjan, sous la dénomination « Jeux de l’Amitié », puis Dakar (11 au 21 avril 1963). 800 athlètes en 1960 ; 1070 en 1961, 1617 en 1963, une évolution exponentielle. À Abidjan, l’équipe de volley-ball du Congo se classa 3ème dans cette discipline. La capitale sénégalaise, quant à elle, ouvrit, pour la première fois, les portes de la compétition  aux dames dans les disciplines suivantes : 100 m, relais 4 x 100, saut en hauteur et Basket-ball. À Dakar, Henri Elendé remporta la seule médaille d’or  au saut en hauteur et l’unique du Congo.

En février 1964, de nombreux délégués africains et français prirent part, dans la capitale congolaise, à la conférence préparatoire aux « Premiers Jeux Africains », nouveau nom désormais attribué aux compétitions prévues en juillet 1965 à Brazzaville. À l’occasion de cette réunion, André Hombessa, alors Haut-commissaire à la Jeunesse et aux Sports, déclarait : «  Parce ce que nous sommes conscients […]que les futurs Jeux Africains et plus particulièrement de 1965 contribueront à l’édification de l’Afrique unie dans la mesure où ils favoriseront le rapprochement des peuples en donnant l’occasion aux jeunes des différents pays engagés sous le signe de la loyauté, de la compréhension réciproque et de l’amitié dans les mêmes disciplines sportives, de mieux se connaître et de mieux se comprendre ».

La réunion de Brazzaville scinda l’Afrique en huit poules géographiques devant disputer les éliminatoires en sports collectifs : football, volley-ball, hand-ball, Basket-ball. Ce fut une innovation majeure dans l’organisation des jeux.

Depuis toujours, on le sait, sport et politique ont des liens étranges… Le congrès du Mnr (Mouvement national de la révolution) eut lieu. Le Congo prit l’option du socialisme scientifique. Des incertitudes surgirent de ce choix idéologique,  en porte-à-faux avec les orientations de la diplomatie française en cette période de guerre froide. On sait qu’entretemps la politique avait fait irruption à la réunion de 1964 dans la capitale congolaise au sujet de la participation ou non des athlètes sud-africains aux « Premiers Jeux Africains » de Brazzaville. Ce sujet, conjugué à l’option du Congo pour le socialisme, menaça les compétitions de juillet 1965. On envisagea de les renommer « Jeux de Brazzaville ». Grâce à l’opiniâtreté de Jean-Claude Ganga, secrétaire général des « Premiers Jeux Africains », au prix d’âpres négociations, Brazzaville put conserver cette dénomination. La France décida, quelques temps après ces péripéties, de surseoir sa participation au financement des infrastructures prévues pour accueillir les jeux à Brazzaville. Y a-t-il un lien de causalité ? Indubitablement. Sans se démonter, le pouvoir de l’époque au Congo mit en place la Tit (taxe intérieure sur les transactions), à l’initiative, semble-t-il, d’Édouard Ebouka Babackas, ministre des Finances de l’époque. C’est cet impôt qui permit au Congo, sur fonds propres, de financer la construction du stade Omnisport (aujourd’hui stade Alphonse Massamba-Débat). Néanmoins, la France prit en charge l’édification de la piscine olympique. Ce n’est donc pas sans satisfaction qu’André Hombessa déclarait : « Ainsi, Brazzaville, qui fut la capitale provisoire d’une partie du monde, à un moment où les canons grondaient aux confins de notre continent, Brazzaville, ville « éternelle », redevient une capitale à la fois africaine et olympique. Elle rappelle et rassemble. Ce tam-tam qui crépite au cœur de l’Afrique centrale convie les meilleurs athlètes des quatre points du continent à une lutte saine ; tous accourent comme un seul homme ».

« Les Premiers Jeux Africains » eurent lieu du 18 au 25 juillet. Au programme, 10 sports : athlétisme, natation, boxe, cyclisme, judo, football, basket-ball, hand-ball, volley-ball et tennis. Après un coup d’essai, véritable coup de maître, Brazzaville pouvait légitimement s’enorgueillir d’avoir réussi « ses » Premiers Jeux Africains. Aujourd’hui, dans d’autres conditions, la capitale congolaise s’est engagée dans un nouveau défi, l’organisation des Jeux Africains, nés il y a cinquante ans, ici même, sur la rive droite du fleuve Congo. Tout semble indiquer qu’elle réussira à relever ce nouveau challenge. Croisons les doigts, comme on dit.

Mfumu

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Édition Quotidienne (DB)

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