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Les leçons – provisoires – d’une crise

Lundi 23 Juin 2014 - 0:55

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Les troubles de toute nature qui agitent la France ne sont pas prêts de s’arrêter. À bien des égards même, étant donné l’incapacité que manifestent les pouvoirs publics à gérer correctement cette crise, l’on peut s’attendre à ce qu’ils s’aggravent dans les mois à venir. Une perspective qui conduit nombre d’observateurs de la scène française à pronostiquer sinon une révolution, du moins des troubles sociaux pouvant conduire à des soubresauts politiques de grande ampleur tels que des élections législatives anticipées ou même la démission du président François Hollande avant la fin de son mandat.

Gardons-nous de gloser sur les événements à venir, mais tirons sans plus tarder les leçons universelles que la déstabilisation interne de la France comporte. Celle-ci révèle, en effet, cinq grands enseignements qui valent pour tous les peuples de la Terre.

1. Les difficultés économiques engendrent tôt ou tard des tensions sociales qui finissent elles-mêmes par n’être plus gouvernables. Si elles ne sont pas gérées correctement dans un temps relativement court, elles deviennent vite des obstacles insurmontables sur lesquels vient se briser la volonté politique, et cela quelle que soit l’inclination des plus hauts responsables.

2. Si le pouvoir, qu’il soit de gauche, de droite ou du centre, s’affaiblit du fait de la crise économique et sociale, il s’avère tôt ou tard incapable de s’opposer aux groupes de pression plus ou moins organisés qui le défient : administrations, syndicats, lobbies industriels et financiers, organisations de la société civile, partis politiques. Il finit par ne plus détenir aucun pouvoir.

3. L’incapacité qui en découle génère deux phénomènes qui se conjuguent pour aggraver la crise : d’une part elle contraint les responsables politiques à discourir au lieu d’agir, d’autre part elle accélère le dérapage des dépenses publiques qui est à l’origine de la crise. À terme plus ou moins rapproché, elle accule le pays dans une impasse dont rien ne pourra plus le tirer.

4. Au plan international, cette incapacité a des effets désastreux dans la mesure où elle conduit le pays concerné à ne pas tenir ses engagements. Incapable de réduire ses dépenses intérieures tant sont puissantes les forces de toute nature qui s’y opposent, l’État se voit contraint de porter atteinte aux instruments qui lui permettaient jusqu’alors d’exister au plan international.

5. Seule la restauration d’un pouvoir fort peut permettre au pays de sortir de l’ornière dans laquelle l’incurie de ses dirigeants, de droite comme de gauche, l’a plongé. Mais cela n’est possible que lorsque le peuple lui-même, prenant conscience du danger extrême que ses dirigeants lui font courir, en vient à réclamer dans la rue cette restauration.

Les mois et les années à venir se chargeront de dire comment la France s’y prendra pour sortir du mauvais pas où elle se trouve aujourd’hui, mauvais pas qui n’est ni le premier ni le dernier de sa longue histoire. Mais en attendant, ses alliés et partenaires seraient sages de tenir compte dans leurs calculs des difficultés extrêmes auxquelles ses dirigeants se trouvent concentrés. À terme plus ou moins rapproché, ils pourraient, en effet, se trouver contraints de trouver des solutions différentes aux crises qu’ils affrontent eux-mêmes et pour lesquelles ils recevaient jusqu’à présent un appui concret des autorités françaises.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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