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Les pérégrinations de la diplomatie internationale

Lundi 28 Juillet 2014 - 11:23

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En ce milieu de l’an 2014, une évidence saute aux yeux : le monde est chaque jour plus chaotique et la violence en devient la dominante. Elle sévit au Nigeria où la secte Boko Haram, si elle ne les a pas déjà vendues comme elle s’en ventait, continue d’empoisonner la vie des deux-cents lycéennes qu’elle avait kidnappées au mois d’avril dernier. Ses adeptes n’ont pas pour autant fini de semer la désolation puisqu’ils revendiquent régulièrement les attaques meurtrières perpétrées dans le pays contre les populations civiles et les symboles de l’Etat. Sur ce dossier au moins, les condamnations étaient venues du monde entier sans dissonance. Elles le sont de moins en moins sur les derniers développements de l’actualité en Libye, pays voué aux milices de tous bords que les instances du système des Nations unies commencent à déserter.

Dans le même temps aussi, après avoir tout tenté sans succès, les chancelleries internationales, occidentales notamment, deviennent attentistes sur les conflits en Irak et en Syrie. Il semble, en tout cas, au regard de l’enlisement sur les deux fronts, qu’à Paris, Londres, Berlin et Washington, on a envie de dire: « Que le meilleur gagne !». Ce qu’il faudrait redouter c’est l’état dans lequel ces pays se retrouveront dans quelques années si aucune issue pacifique n’est trouvée à toutes ces tourmentes. Les velléités de partition  sont en effet réelles parmi les djihadistes, et l’on sait que la bande de terre qu’ils veulent ériger en « État islamique » est taillée à la frontière séparant l’Irak de la Syrie. Le fait accompli n’est-il pas proche ?

Ceci dit, s’il est un conflit devant lequel la communauté internationale se dépouille de l’essentiel de ses vertus discursives et coercitives, c’est bien celui du Proche-Orient, qui oppose depuis plus de soixante-ans l’État d’Israël aux territoires palestiniens. Se comportant comme un volcan, avec des périodes de latence et d’éruption, ce conflit modèle les discours, épointe l’ardeur des décisions onusiennes, arrondit les soutiens et les condamnations de l’un et l’autre belligérants, renseigne jusqu’à preuve du contraire que le cœur du monde bat dans cette région grande de seulement 27 003 km2 en considérant Israël (21 000 km2), la Cisjordanie (5640 km2) et la bande de Gaza (363 km2). La bataille de fond est peut-être celle de l’espace vital.

 Observons, donc, avec attention les réactions des grandes puissances lorsqu’ éclate une crise quelque part dans un coin de notre planète. En présence d’une catastrophe naturelle de grande ampleur, elles sont le plus unanimement fédératrices et montrent combien le monde dans lequel nous vivons est un bien commun ; qu’il est si petit et si fragile qu’il nous faut tous œuvrer à son immortalité, à ce qu’il reste plus beau, bien clément et préserve l’homme ainsi que la nature qui l’entoure.  Ces réactions deviennent tranchantes dès qu’il s’agit d’un conflit opposant les États entre eux ou les citoyens d’un même pays.

Pour prendre la mesure de ces variations diplomatiques, il faut regarder du côté de l’Ukraine. La crise en cours dans ce pays est devenue, au fil des jours, la pierre d’achoppement des relations entre l’Occident et la Russie. Plus nombreux, Washington et les capitales européennes déploient depuis plusieurs mois une stratégie de l’étouffement destinée à contraindre Moscou à avouer sa culpabilité dans la guerre qui oppose Pro-russes et Ukrainiens. Comme si les nombreuses pertes en vies humaines alimentées par ce conflit interne ne suffisaient pas, la destruction en vol, le 18 juillet, de l’avion de la Malaysia Airlines en terre ukrainienne ajoute à la méfiance au demeurant déjà forte entre les deux camps.

Comparez le ton des déclarations sur la crise israélo-palestinienne à celles liées au conflit en Ukraine. À quelques exceptions près, vous réaliserez que très souvent, les victimes dont on plaint tant le sort ne sont pas l’élément déterminant dans les prises de position. Ce qui l’est le plus, ce sont les intérêts en jeu entre les parties en présence.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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