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Les premières élections à l’Assemblée territoriale du Moyen-Congo

Vendredi 26 Septembre 2014 - 9:59

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Promulgation de la loi n° 47-1629 du 29 août 1947 fixant le régime électoral, le fonctionnement et la composition des assemblées territoriales de groupe en AOF et AEF désignées  Grands conseils. Au cours de la même année, les premières élections à l’Assemblée territoriale du Moyen-Congo ont lieu. Elles mettent aux prises le PPC de Félix Tchicaya face à la section locale de la Sfio (Section française de l’Internationale socialiste) de Jacques Opangault.Tchicaya remporte ces élections ; de même qu’il gagne toutes les autres, jusqu’en 1956.

Le PPC est le premier parti du Moyen-Congo. Il est créé en 1946 par Félix-Tchicaya. Ce parti recrute ses militants au Kouilou, au Niari limitrophe et dans le Pool. Son leader, Jean Félix-Tchicaya est né le 9 novembre 1903 à Libreville. Admis à l’Ecole normale supérieur de Dakar, il en sort instituteur. Citoyen français de droit commun, il est mobilisé pendant la guerre et participe aux opérations en France avec le grade de sergent. En 1946, il participe à Bamako au congrès constitutif du parti interafricain : le Rassemblement démocratique africain (RDA) dont il est l’un des fondateurs avec Houphouët Boigny et d’Arboussier. Il est élu vice-président du RDA. Ce parti est alors apparenté au Parti communiste français dont il épouse les positions.

Membre de la Sfio (Section française de l’Internationale socialiste) depuis 1936, Opangault est l’opposant à Tchicaya. Greffier de son état, Jacques Opangault crée le Mouvement socialiste africain (MSA), son parti. Comme le PPC, il est régionalement typé. Le MSA tient son congrès constitutif les 31 août et 1er septembre 1957. Une période qui coïncide avec la perte d’influence du PPC, sous l’effet conjugué de la création de l’UDDIA et de la désertion de ses figures de proue.

Les statuts de l’UDDIA sont déposés  17 mai 1956. Le PPC perd son investiture au Rassemblement démocratique africain au profit de l’UDDIA. Stéphane Tchitchelle et Pierre Goura rejoignent le parti de Fulbert Youlou. Kikhounga Ngot, après avoir créé son parti le GPES (Groupement pour le progrès économique et social du Moyen-Congo), fond son parti au sein du MSA, qui s’implante ainsi dans le Niari. Avec la quasi disparition du PPC, l’échiquier politique retrouve son bipolarisation originelle. Le MSA, d’un côté, d’obédience socialiste, l’UDDIA, de l’autre, qui prône le libéralisme et l’anticommunisme, deux grands partis qui se partagent l’espace politique, par le jeu des coalitions. L’assise politique de l’UDDIA repose sur le pool, le Niari et la Bouenza, Tchitchelle lui apportant le soutien des voix du Kouilou.

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, dit le proverbe, non sans raison. Dès leur création, les partis au Congo ont une coloration régionale. Le tournant de la révolution des 13, 14 et 15 août, en donnant naissance au Mouvement national de la Révolution, parti de masse, met un terme à la partition du pays en partis du nord  (MSA) et  du sud (UDDIA). La création en 1969 du Parti congolais du travail consacre la nature nationale du parti de Marien Ngouabi. Hélas, cette architecture nationale connait un séisme, la Conférence nationale souveraine de 1991 qui favorise la résurgence des partis ethniques ou régionalistes, vice rédhibitoire de la démocratie congolaise. « On ne saurait parler de parti politique véritable si son organisation ne lui permet pas d’atteindre, par un maillage national constitué, l’ensemble du territoire sur lequel s’opère son action ». C’est le cas de plus d’une centaine de partis qui, à la faveur de la Conférence nationale, ont investi l’espace public, le rendant illisible. Depuis, dans cet univers bigarré, se détachent trois partis : le PCT, dont le caractère national, hérité du monopartisme est incontestable ; l’Upads, parti de pouvoir et le MCDDI. Pour le reste, il s’agit davantage de factions, de structures de circonstance créées autour d’un homme sans qu’elles soient sous-tendues par une vision cohérente de la société et des problèmes qui s’y posent. Ces formations politiques résiduelles tentent d’affirmer, tant bien que mal, leur présence par de vaines gesticulations. L’émiettement de l’espace politique se vérifie en ce  moment où les électeurs s’apprêtent à voter pour les élections locales. À la kyrielle de partis en lice, s’ajoute un maelström de candidatures dites indépendantes qui complique davantage le déchiffrement de l’espace politique congolais. Faut-il s’étonner dans ces conditions que les électeurs traînent les pieds pour aller voter ?

MFUMU

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Édition Quotidienne (DB)

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