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Les vérités de la grande Histoire

Samedi 3 Février 2018 - 17:19

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Dans le temps très particulier que vit la France avec l'arrivée au pouvoir d'une génération décomplexée qui s'emploie, sous la présidence d'Emmanuel Macron, à moderniser ses institutions afin de les adapter aux réalités du temps présent et à restaurer simultanément une image que les errements de ses prédécesseurs ont quelque peu dégradée au plan international, il n'est pas inutile de rappeler les deux ou trois vérités suivantes tirées de la grande Histoire.

° Si la France est devenue une puissance mondiale, c'est essentiellement à l'Afrique qu'elle le doit. L'Afrique dont elle a colonisé une grande partie du territoire et exploité les ressources naturelles pendant plus d'un siècle afin d'asseoir son développement économique, et donc sa richesse, sur des bases matérielles solides. Tout comme l'Angleterre, l'Espagne, le Portugal, la France doit sa prospérité présente à l'asservissement des peuples du Sud envers qui elle a donc un devoir de mémoire et de réparation.

° Plus près dans le temps, elle a été sauvée par deux fois grâce à l'Afrique du désastre programmé par sa plus proche voisine, l'Allemagne, qui avait entrepris de placer sous son joug l'ensemble de l'Europe. Si, en effet, la France n'avait pas enrôlé les tirailleurs africains lors de la première guerre mondiale, elle n'aurait jamais pu battre les troupes du Kaiser et si le général de Gaulle n'avait pas entrepris de reconquérir le territoire français à partir de l'Afrique Equatoriale, elle serait peut-être aujourd'hui une province de l'Allemagne.

° Au sortir de ce nouveau conflit, alors qu'elle perdait le contrôle de ses colonies qui accédaient les unes après les autres à l'indépendance, si les Etats d'Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale ne lui avaient pas témoigné leur fidélité en constituant des communautés régionales qui entretiennent avec elle des relations économiques et monétaires étroites dont le franc CFA est en quelque sorte le symbole, elle n'aurait plus eu aucune  influence sur la scène internationale. Et ce n'est pas le fait de s'être dotée de l'arme nucléaire qui y aurait changé quelque chose.

° Dans le moment présent, enfin, où l'Afrique s'impose comme le continent de l'avenir en raison de sa croissance humaine, de son dynamisme économique, de l'ampleur de ses richesses naturelles, du rôle qu'elle joue dans la protection de la nature, la France n'a pas d'autre voie à suivre que d'accompagner le continent dans sa marche vers l'émergnce. Si elle ne le fait pas, elle sera inexorablement reléguée à l'arrière-plan de la communauté mondiale, loin derrière la Chine, les Etats-Unis, l'Inde, la Russie qui ont très bien compris le sens de l'évolution présente. Et cela, son nouveau président le sait parfaitement.

Qu'il nous soit permis de conclure provisoirement sur le sujet en disant qu'Emmanuel Macron, dans le même temps où il recentre sur l'Afrique la diplomatie française, ferait bien de ne pas laisser de côté le Bassin du Congo comme il semble malheureusement le faire. S'il a eu raison d'aller à Alger, à Tunis, à Abidjan, à Dakar, à Ouagadougou afin d'y prononcer  des discours qui confirment sa  juste approche du nouveau monde, il a tort d'ignorer comme il le fait l'Afrique centrale.

C'est là, en effet, que se joue la partie la plus décisive de l'émergence du continent. Et c'est là, également, que la France à laquelle il veut rendre sa grandeur peut être aujourd'hui la mieux entendue. De là à conclure que Brazzaville, qui fut la "capitale de la France libre", est un lieu idéal pour renouer des liens étroits avec le Bassin du Congo, il n'y a qu'un pas que nous franchissons allègrement.

 

 

             

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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