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L'étau se resserre autour de Boko Haram

Samedi 21 Février 2015 - 11:45

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Il est de notorieté publique que le chef des islamistes de Boko Haram, Abubakar Shekau, a l'habitude de défier ses ennemis. Les principaux, ce sont les chefs d'État des pays de son périmètre d'exactions devenu de plus en plus large : Nigeria, Cameroun, Niger, Tchad, territoires dans lesquels le groupe multiplie les incursions. Très médiatique, il ne manque pas l'occasion de s'exhiber armes à la main devant les caméras, passant en quelque sorte pour l'intraitable soldat des temps modernes. Disons, des temps à jamais révolus.

Il est tout aussi notable de souligner qu’en termes de projet de société, Shekau et ses hommes n’en n’ont pas un seul, sauf celui de l’aveuglement, qui consiste à banaliser la vie humaine. En s’attaquant sans discernement aux hommes, aux femmes et aux enfants qu’elles croisent sur leur chemin, en incendiant villes, villages, écoles, églises et mosquées, ces milices rappellent à la face du monde, que créer le chaos est leur seul objectif. D’où la mobilisation de la communauté internationale contre l’obscurantisme qu’elles véhiculent à coup de propagande.

Peut-être concernant leur traque, le doute viendrait-il de la réponse à la question que se posent bon nombre de gens, sur l’origine des moyens dont dispose Boko Haram. Des chars de combat aux pièces d’artillerie portées sur véhicules, des lance-roquettes aux indispensables Kalachnikov, ce mouvement a quasiment l’autonomie de son action, y compris sur le plan des approvisionnements en carburants. Il y a sans doute des complicités dans les appareils administratif, politique, sécuritaire et militaire du pays d’origine de la secte et aux frontières. Ce qui renseigne à peu près sur le temps, long, qu’il faudrait se donner pour démanteler cette milice sanguinaire.

Mais Boko Haram a beau disposer de moyens et de réseaux, ses combattants ont beau démontrer qu’ils ne reculent devant rien, le fait est que beaucoup de facteurs jouent  désormais contre eux. Nigério-nigérian à son éclatement, après la création du mouvement en 2002, le conflit qu’il a engagé depuis contre le gouvernement central d’Abuja est devenu une affaire mondiale. À cause des connexions du groupe avec les autres mouvements terroristes répertoriés en Libye, au Nord Mali, en Irak et en Syrie, l’étau se resserre lentement mais sûrement autour de la branche nigériane de la nébuleuse terroriste.

Pour montrer que la secte s’expose désormais aux pressions et offensives des armées de plusieurs pays, il faut estimer la résolution prise par l’Union africaine, lors de son dernier sommet (fin janvier) à Addis-Abeba. Avec l’appui de l’Onu, de l’Union européenne et de bien d’autres partenaires, 8700 hommes constitueront la force dressée contre Boko Haram. Plus récemment, le 16 février, à Yaoundé, au Cameroun, en raison de l’expansion du conflit en Afrique centrale, les chefs d’État des dix pays de la sous-région ont mis en commun une stratégie de lutte contre cette organisation terroriste.  

Même si la bataille pour vaincre le groupe s'annonce laborieuse, au bout du compte, la victoire reviendra aux forces qui combattent la vision moyenâgeuse du monde pronée par Boko Haram. Pourvu que la solidarité qu'exprime le concert des nations à travers faits et gestes remarquables decrits plus haut ne faiblisse pas.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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