Libye : des trafiquants d'êtres humains se font passer pour du personnel onusien

Lundi 10 Septembre 2018 - 14:27

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Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a appelé les autorités libyennes à agir contre les passeurs qui se prennent pour des agents de l’ONU afin de cibler des migrants.

« Des rapports fiables de nos sources et des réfugiés suggèrent que les trafiquants et les passeurs se font passer pour du personnel des Nations unies, y compris du HCR, à différents endroits en Libye », a déploré dans un communiqué l’agence humanitaire onusienne consternée par ces informations.

Selon le Haut-Commissariat, « ces criminels » ont été repérés dans des points de débarquement et des plaques tournantes de trafics d'êtres humains où ils utilisent des gilets et d’autres articles affichant des logos similaires à ceux du HCR.

Les informations reçues par l’institution proviennent de réfugiés qui ont déclaré avoir été vendus à des trafiquants en Libye et soumis à des abus et à la torture, notamment après avoir été interceptés en mer. L'agence onusienne recueille actuellement plus d'informations et enquête sur ces allégations.

En Libye, le HCR et ses partenaires sont présents aux points de débarquement officiels pour fournir une assistance humanitaire et médicale vitale aux réfugiés et aux migrants, précisément de la nourriture, de l'eau et des vêtements. Les équipes du Haut-Commissariat sont également présentes sur ces points de débarquement pour suivre la situation, aider et identifier les personnes plus vulnérables afin d'essayer de trouver des solutions, en particulier dans les pays tiers.

Une fois que ces réfugiés et migrants sont rentrés à terre, les autorités libyennes les transportent vers des centres de détention gérés par la direction de la lutte contre les migrations illégales qui relève du ministère de l’Intérieur libyen. Toutefois, « le HCR n'est pas engagé dans le transfert de réfugiés des points de débarquement vers les centres de détention», a tenu à préciser l’agence onusienne.

Le HCR a, cependant, reçu des informations faisant état d’atrocités indicibles commises contre des réfugiés et des demandeurs d’asile dans les rues de Tripoli, notamment des viols, des enlèvements et des actes de torture. « Une femme a déclaré au HCR que des criminels inconnus avaient kidnappé son mari et l'avaient ensuite violée et torturé son bébé de un an. Elle a dit que l'enfant avait été déshabillé et sexuellement harcelé par les criminels », a rapporté l’agence onusienne.

De nombreux réfugiés ont été détenus en Libye dans des zones proches des affrontements et risquaient de devenir des dommages collatéraux si des roquettes frappaient les centres. Des milliers de personnes ont fui ces centres de détention pour tenter de sauver leur vie. Bien qu’opposé à la détention de réfugiés et de demandeurs d'asile, le Haut-Commissariat a instamment demandé que des alternatives à la détention soient mises en place, y compris l'utilisation immédiate du Centre des rassemblements et des départs à Tripoli. Cet établissement doit servir de plate-forme pour que les réfugiés et demandeurs d'asile puissent trouver sécurité dans des pays tiers et sera géré par le ministère libyen de l'Intérieur et par le HCR. « Le centre peut accueillir mille réfugiés et demandeurs d'asile vulnérables et est prêt à être utilisé », a souligné l’agence onusienne.

À Tripoli, la situation des réfugiés et des migrants vivant dans les zones urbaines ou en détention s'est considérablement détériorée ces dernières semaines, en raison des affrontements violents. La Mission d'appui des Nations unies en Libye a pu obtenir un cessez-le-feu entre les parties en conflit dans la capitale libyenne.

Josiane Mambou Loukoula

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