Libye : la crise dans ce pays interpelle l’Italie

Mardi 3 Mars 2015 - 19:30

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Le Premier ministre italien se rend à Moscou pour tenter de faire bouger les lignes sur la Libye dont l’effondrement ne ferait l’affaire de personne dans la région.

À Rome, on est convaincu que plus tôt on éteindra le foyer incandescent de la crise en Libye, et mieux l’ensemble de la région du Maghreb se portera. La contagion ne profitera à personne. Elle risque même de s’aggraver et d’élargir à tout le pourtour méditerranéen la menace que représente la métastase de l’intégrisme islamique violent. Un moment tentée par la constitution d’une coalition pour aller bombarder les fiefs intégristes libyens, Rome est revenue à des sentiments moins belliqueux.

Le premier ministre italien, un peu en désaccord au début avec son ministre des Affaires étrangères Paulo Gentiloni, a toujours estimé qu’il ne fallait plus faire un remake « de l’erreur Sarkozy ». En 2011, les avions bombardiers s’en étaient pris au colonel Kadhafi, avaient fini par obtenir sa tête, puis s’étaient retirés estimant le problème résolu. Or, aujourd’hui, l’instabilité gagne toute la Libye et le pays, qui pourrait engager des pourparlers entre milices antagonistes ce jeudi au Maroc, peine à maintenir son unité et sa cohésion.

C’est dans ce contexte que, toujours jeudi, le premier ministre italien Matteo Renzi arrive à Moscou, en Russie. Il va y rencontrer le président russe Vladimir Poutine aujourd’hui au ban de la communauté occidentale, mais dont l’influence est intacte chez ses anciens alliés. « L'objectif de la visite est essentiellement politique, une tentative italienne d'impliquer la Russie dans l'affaire libyenne », a expliqué  Ettore Greco, directeur de l'Institut pour les affaires internationales (IAI) à Rome.

« C'est une tentative, l'important est de faire passer le message que dans la partie qui se joue avec la Libye, l'ONU doit jouer un rôle et comme la Russie est membre permanent (du Conseil de sécurité)... », avait déclaré M. Renzi le 22 février, en annonçant ce déplacement. « Je veux aussi faire passer un message: si la Russie retourne à la table de la communauté internationale, nous serons tous plus tranquilles ».

États-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Espagne et Italie ont récemment souligné dans une déclaration commune devant le Conseil de sécurité de l’ONU, à New York, la nécessité de travailler à une « solution politique du conflit » en Libye, écartant l’hypothèse d’une intervention militaire dans l'immédiat. A la même réunion, le pape François avait adressé un message dans lequel il exhortait la communauté internationale à se mobiliser pour « trouver des solutions pacifiques à la situation difficile en Libye ».

L'Italie, en première ligne face à l'afflux de dizaines de milliers de réfugiés arrivant des côtes libyennes, pousse pour une intervention politique de la communauté internationale en vue de trouver une solution passant à travers le dialogue entre les principales factions du pays. Il y a quelques jours, le mouvement extrémiste de l’Etat islamique qui a pris le contrôle d’importantes villes libyennes comme Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi, a menacé de mettre des bateaux chargés d’immigrés pour aller attaquer l’Italie.

Lucien Mpama