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Libye, la vérité, enfin !

Samedi 1 Octobre 2016 - 13:22

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Lentement mais sûrement la vérité sur la chute, puis l'assassinat de Mouammar Kadhafi il y a cinq ans se fait jour à la faveur de la campagne pour les "primaires" de l'élection présidentielle qui se déroule en France. Et le moins que l'on puisse dire, au vu des révélations dont se régale jour après jour la presse de l'Hexagone, est que cette vérité ne projette pas une image très positive des puissances qui organisèrent ces évènements.

Exactement comme cela se passa en Irak lorsque le président des Etats-Unis, George W. Bush planifia l'exécution de Saddam Hussein, le départ forcé du "Guide libyen" était devenu une nécessité pour les puissances qui l'avaient soutenu des décennies durant. Pour deux raisons que l'Histoire se chargera de préciser, mais qui peuvent être résumées dès à présent, et grossièrement bien sûr, de la façon suivante :

° D’abord, parce que les Occidentaux, qui avaient longtemps fermé les yeux sur les errements du régime libyen pour des raisons stratégiques, en étaient venus à craindre que cet allié, menacé au sein de sa propre nation par la montée en puissance du "printemps arabe", noue avec d'autres des relations dangereuses pour leurs intérêts propres.

° Ensuite, parce que certains dirigeants de ces mêmes pays occidentaux, ayant bénéficié des largesses du "Guide" pour financer les coûteuses campagnes électorales qui les avaient portés au pouvoir, en étaient venus à craindre que des fuites soigneusement calculées par ce "donateur" peu respectable se retournent contre eux et aboutissent à leur propre chute.

Au train où vont les choses dans la campagne pour le moins musclée qui se déroule en France, l’on peut d'ores et déjà tenir pour certain que les nuages qui s'accumulent sur la tête de l'ancien président et nouveau candidat à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy, se transformeront en typhon dans les semaines à venir. Nombreux sont, en effet, les hommes et les femmes qui ont vécu ces évènements et qui, pour une raison ou pour une autre, sont aujourd'hui décidés à raconter, preuves à l'appui, ce qu'ils ont vécu. A commencer par le propre fils de Mouammar Kadhafi, Seïf al Islam, qui est toujours retenu dans son pays et qui détient les clés d'un dossier aussi lourd qu'explosif.

Au train où vont les choses on peut être certain que la longue marche vers la vérité qui vient de débuter ne s'arrêtera plus. Et qu'au-delà du sort politique de Nicolas Sarkozy, qui finalement ne pèse guère dans la balance de l'Histoire, elle aura des effets dévastateurs sur les relations que l'Occident entretient avec l'Afrique. Car, de la même façon que la chute de Saddam Hussein se trouve à l'origine du chaos qui s'est installé au Proche et au Moyen-Orient avec la naissance de l'Etat islamique, de la même façon l'assassinat de Mouammar Kadhafi a engendré la crise qui dévaste le Sahel et qui, de proche en proche, gagnera dans les années à venir l'Afrique de l'ouest comme l'Afrique centrale.

 

Il ne revient peut-être pas aux simples citoyens de donner des conseils aux Etats, mais dans un semblable contexte les pays occidentaux feraient bien de reconnaître sans plus tarder leurs torts et de s'employer à réparer les terribles conséquences de leurs erreurs. Les peuples qui paient aujourd'hui au prix fort le prix de ces mêmes erreurs risquent fort, en effet, de leur en tenir longtemps rigueur. Et dans le monde très ouvert où nous vivons, cela ne peut avoir comme conséquence que de distendre encore un peu plus les liens qui unissaient jusqu’à présent le Sud et le Nord.

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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