Libye : l’accord d’entente sur l’immigration en question

Lundi 27 Mars 2017 - 12:45

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La justice libyenne siégeant à Tripoli a décidé de la suspension de l’accord d’entente signé à Rome en février.

Dès le mois de février dernier, les premiers signes annonçaient que l’enthousiasme suscité par l’accord d’entente entre le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA) et le gouvernement italien ne tiendrait pas longtemps. Pourtant le Premier ministre, Fayez Al Faraj, avait fait exprès le déplacement de Rome où il avait signé avec son homologue Paolo Gentiloni, le 2 février, l’accord censé mettre un terme aux flux des migrants illégaux débarquant chaque semaine en Italie à partir des côtes libyennes.

Le 8 février, en effet, l’autre gouvernement libyen siégeant à Tobrouk, à l’est du pays, avait déclaré cette entente « nulle et non avenue », parce que n’impliquant pas les autorités « légales » libyennes (non reconnues par la communauté internationale, c’est-à-dire essentiellement les nations occidentales). Le GNA et son chef, le Premier ministre Fayez al-Sarraj, « n'ont aucun statut juridique dans l'Etat libyen », avait-on souligné à Tobrouk.

La décision de la Cour d’appel de Tripoli, le 22 mars, de suspendre carrément cet accord, vient donner le coup de grâce à une initiative qui avait suscité l’espérance d’un endiguement des flux et un meilleur traitement des migrants en Libye avant de tenter la périlleuse traversée de la Méditerranée. Plus de 230 migrants sont morts noyés entre les côtes libyennes et les côtes  italiennes depuis le début de cette année. Les humanitaires critiquent le plan européen, car donnant la latitude à ce qui reste d’autorité digne en Libye pour maltraiter les migrants en rétention.

Les Européens recherchent des mesures pour bloquer l'arrivée de milliers de migrants depuis la Libye mais leurs plans sont critiqués par des organisations internationales et ONG qui redoutent de mauvais traitements à l'encontre des migrants bloqués en Libye faute de pouvoir traverser la Méditerranée. L’ONG espagnole Pro-Activa Open Arms a indiqué, la semaine dernière, avoir dénombré 250 migrants morts dans le naufrage de deux canots gonflables au large de la Libye cette fois.

Les enfants migrants, une préoccupation

Un rapport du Conseil de l’Europe a tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière : « la moitié des personnes déplacées dans le monde actuellement sont des enfants de moins de 18 ans » et neuf enfants sur dix arrivés en Europe par la route de la Méditerranée centrale en 2016 étaient non accompagnés ou séparés de leurs proches. Beaucoup de ces enfants proviennent de situations de guerre et vivent dans une Europe peu préparée à les accueillir.

Il faut des mesures d’urgence, a souligné le rapport. Mélangés aux adultes dans des camps de transit, ils y « vivent dans des conditions effroyables », subissant même des violences, y compris sexuelles. Le Conseil de l’Europe préconise qu’un niveau minimal de confort soit garanti dans ces camps souvent au centre de scandales, avec des sanitaires hommes-femmes séparés, un meilleur éclairage et des espace adaptés pour les enfants afin de diminuer les risques d’abus sexuels.

Le rapport déplore « l'absence d'alternatives à la rétention (qui) constitue l'un des problèmes structurels les plus néfastes qui affectent les enfants, et il convient d'y remédier de toute urgence ». Il préconise aussi une « transition plus souple » pour éviter qu' « un enfant non accompagné qui atteint l'âge de 18 ans (puisse) soudainement être transféré vers des installations pour adultes et perdre presque toutes les aides dont il bénéficiait, voire même se retrouver à la rue sans aucune assistance ».

 

Lucien Mpama

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